« Chaque élection est une sorte de vente aux enchères par avance de biens à voler » (Henry Louis Mencken)
Depuis quelques semaines, la scène politique togolaise enregistre des agitations de toutes sortes dans la perspective de l’élection présidentielle prochaine. L’idée est de pouvoir bien se positionner d’ores et déjà dans l’arène. Et c’est de bon aloi au regard des enjeux de cette élection particulièrement attendue. Mais au rang des « agitateurs politiques » qui s’évertuent à rallier à leur cause la sympathie des électeurs, il y a des agitateurs malhabiles. C’est le cas de Me Apévon du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR). Disons-le tout haut.
Le premier responsable du CAR ne rate plus l’occasion de tirer à boulets rouges sur Jean-Pierre Fabre, le leader de l’ANC. D’un côté, Me Apévon trouve opportun d’avoir un discours au vitriol contre une telle figure importante de l’opposition, d’un autre il clame en parlant de l’opposition,: « Pour gagner la présidentielle de 2015, il faut absolument que nous définissions la règle du jeu, que nous arrivions à trouver le candidat qu’il nous faut ».
Me Apévon baigne entre deux eaux et l’on se demande bien en quoi évoquer des sujets qui font plaisir à UNIR, est une priorité aujourd’hui pour le président du CAR appelé plutôt à dynamiser ses propres stratégies et à trouver de réelles stratégies pour aller éventuellement à la prochaine présidentielle. Avec quelle chance de gagner, Me Apévon et un groupuscule de partis veulent affronter la machine à fraude électorale qu’est UNIR ? Est-ce le projet de se présenter à la présidentielle de 2015 qui dicte une telle volonté de noyer d’autres partis de l’opposition – au moins représentatifs de la volonté profonde du changement que désire le peuple – et contre lesquelles on voue une haine déplacée? Le président du CAR et les membres de la Coalition ont-ils sérieusement pris la mesure des mutations politiques que connaît actuellement notre pays?
Des questions comme celles-là, on peut en poser des dizaines au sujet de la dernière conférence de presse de la coalition, tout comme on peut s’interroger sur les calculs politiciens en filigrane… Disons que primo, il parait ubuesque et contradictoire de chanter l’union de l’opposition tout en critiquant certains opposants à la veille d’échéances électorales aussi importantes. Ce serait un amer rappel que d’égrener encore le chapelet de toutes ces unions de l’opposition ou tentatives qui n’ont existé souvent que pour le bien du RPT-UNIR. Rappelons à Me Apévon qu’il ne suffit pas de s’emmurer dans une salle de conférence pour prétendre trouver une réelle solution au mal de l’opposition.
Secundo, Si Me Apévon est animé par la volonté d’ouvrir un front de la bataille contre Jean-Pierre Fabre, l’entraînant sur le terrain idéologique à défaut de pouvoir l’affronter politiquement et électoralement, alors il est clair que c’est là un combat perdu d’avance. De même que c’est un combat perdu contre le RPT-UNIR.
Tertio, les anathèmes mensongers et maladroits lancés par l’UFC contre l’ANC ces derniers jours ne doivent guère être pris en exemple, car il s’agit de combats contre la raison démocratique. Ainsi donc, au moment où le parti de Gilchrist Olympio – parti qui a besoin de reconstruire en son sein son propre projet démocratique – se louvoie dans son labyrinthe politique, Me Apévon et la Coalition Arc-en-ciel, auraient tout à fait tort de jouer déjà la « symphonie de la discordance de l’opposition ».