Convoqué pour être entendu, ce jeudi, par le juge d’instruction, Pascal Bodjona vient d’être déféré contre toute attente à la prison civile de Tsévié. Son cousin et cerveau présumé dans l’affaire d’escroquerie, Sow Agba Bertin, pourrait arriver à Lomé éminemment depuis Athènes. Le procès de l’Emiratigate pointe le nez.
Toutes les pièces de puzzle sont en train d’être réunies pour le procès, tant attendu, de l’affaire d’escroquerie internationale. Faure Gnassingbé pourra se débarrasser d’un potentiel et « sérieux » adversaire pour sa réélection à la présidentielle de 2015. Convoqué par le juge d’instruction ce jeudi, après que la Cour suprême ait rejeté son pourvoir en cassation, l’ancien ministre de l’administration territorial Pascal Bodjona vient d’être placé sous mandat de dépôt et aussitôt mis aux arrêts. Dans la foulée, il est déféré à la prison civile de Tsévié (au nord de Lomé) au moment où le dossier d’extradition de l’homme d’affaires et cerveau présumé de l’escroquerie Sow Agba Bertin de la Grèce vers Lomé est en bonne voie d’aboutir. Avec quelques collaborateurs Faure Gnassingbé suit de près depuis hier nuit cette affaire, entre deux champagnes. Des consignes serait données au garde des Sceaux et ministre de la Justice pour que le procès se déroule très rapidement.
Agba attendu à Lomé
Si dans les premières heures de son arrestation par la police grecque, l’Interpol s’est opposé à son extradition vers Lomé, qui en avait pourtant fait la demande, les lignes semblent avoir bougé ces derniers jours dans le cas de l’extradition de Sow Agba Bertin vers Lomé. De sources digne de foi, « l’extradition de monsieur Sow Agba Bertin n’est plus qu’une question d’heures ». Du coté de la Grèce, les jeux sont déjà faits et « il ne reste qu’aux autorités togolaises de prendre des engagements allant dans le sens de la protection des droits de l’homme » renseigne cette même source.
Chose qui ne saurait tarder et afriakexpress a aussi appris que les discussions seraient déjà en cours dans ce sens. En clair Agba est attendu à Lomé dans les prochains jours au plus si le Ghana ne fait rien pour empêcher son extradition. Parallèlement, Faure Gnassingbé met la pression sur son homologue ghanéen, en s’entretenant avec le président du pays voisin deux fois cette semaine. Alors que grâce à sa fortune, Agba a su jusque là tenir des dignitaires et autres autorités ghanéennes par des billets de banque, des discussions à un haut niveau entre les deux chefs d’Etat change la donne.
Pascal en prison a Tsévié
En attendant de croiser son cousin, sans doute au cours d’un procès qui ne saurait tarder, c’est à la prison civile de Tsévié que Pascal Bodjona devrait continuer la préparation de sa défense avec ses avocats. Il y est détenu depuis ce matin et pourra se voir « transférer vers celle d’Atakpamé s’il recevait trop de visites ».
Sans doute conscient de sa popularité naissante à Lomé, le juge a décidé de jouer le jeu de l’isolement total. Il n’y aura plus de bonne nouvelle pour Faure que la condamnation de son ancien Directeur de cabinet. Probable candidat à la présidentielle de 2015, il est à ce jour le plus sérieux adversaire du régime au pouvoir dans la partie septentrionale.
Alors, tous les systèmes sont mis en branle pour l’écarter. Le seul moyen pour y arriver reste sa condamnation dans un procès. Ce dernier ne saura tarder. Selon une source maison «Faure Gnassingbé a donné toutes les instructions à son ministre de la justice pour que le procès ait lieu le plus tôt possible». Avec un seul but, priver Bodjona de ses droits civiques et dont le rentre éligible.
Abbas Yusef, la «victime» se prononce
Contactée par Afrikaexpress, la victime ne veut pas se prononcer sur le fond. « J’ai déjà tout confié à la justice, j’ai eu des confrontations avec diverses personnes impliquées dans cette affaire », a-t-il insisté avant de concéder, « je ne veux pas me prononcer sur une affaire pendante devant la justice».
Il ne doute pas de la fiabilité de la justice togolaise qui fera tout pour l’honneur et l’image du Togo », a-t-il confié au téléphone depuis Dubaï.
Abbas Yusef dit faire toujours confiance au gouvernement pour bien gérer cette affaire comme une affaire criminelle, « pour qu’elle ne soit pas très vite politisée». Il se dit reconnaissant à l’égard du Togo qui a fait «tout son possible pour ramener Agba au pays» et espère que « tout se passe bien entre Interpol Athènes et Interpol Lomé». Il se dit prêt à rentrer à Lomé si la justice le sollicite pour un procès.