C’est pénible, très pénible la misère qui est actuellement faite à Pascal Bodjona dans la prison civile de Tsévié.
En effet, depuis jeudi après-midi, le redoutable homme politique est débarqué dans une banale cellule à la prison civile de Tsévié.
Une étroite pièce très sale, vraiment sale dégageant constamment des odeurs nauséabondes des lamentables toilettes contiguës à cette cellule.
C’est donc dans cette misérable cellule qui venait à peine d’être vidée de son contenu, à savoir une vingtaine de prisonniers de toute nature, que l’ex-ministre de l’administration territoriale séjourne depuis jeudi.
Un matelas convoyé de son domicile, un ventilateur, deux chaises et le tour est joué. Pascal Bodjona y vivote dans des conditions aussi exécrables que pénibles.
Pour les moustiques, n’en parlons plus, ils sont là prêts à inoculer les germes du paludisme au fameux présumé complice de la fable d’escroquerie internationale qui défraie la chronique au Togo depuis bientôt trois ans.
Les visites lui sont strictement interdites, depuis vendredi après-midi.
Pour l’heure, seuls son épouse et ses enfants sont autorisés à lui rendre visite. Et pour le faire, c’est à travers le parloir, jamais à l’intérieur de la prison ou encore moins dans une salle qui serait aménagée pour la circonstance.
L’homme n’a pas droit à la presse écrite, tout comme au téléphone, seule une petite radio lui permet de suivre périodiquement des informations de la journée.
Le poste de télévision que Faure Gnassingbé et ses affidés ont promis de lui mettre à disposition pour lui permettre de suivre leur prochaine campagne électorale, n’est pas encore installé, sans doute parce que cette campagne électorale de 2015 qui constitue la vraie raison de la subite séquestration du ministre Grand Format, n’a pas encore montré ses couleurs….
Une promesse tout de même : Les membres de la famille directe qui souhaitent voir Pascal Bodjona pourront passer à compter de la semaine prochaine auprès du juge d’instruction qui devra leur délivrer un permis de communiqué avant toute visite à l’homme de Kouméa.
Pour les autres, amis, sympathisants, collaborateurs, serviteurs etc. du ministre, sans doute qu’ils devront attendre le jour où le Prince sera d’humeur pour donner son ok avant d’être autorisés à prendre ce sésame chez le juge d’instruction.
En réalité, les détenteurs de Pascal Bodjona sont en train de lui dire clairement qu’il est réduit au statut d’un citoyen ordinaire, banale et de ce fait il ne mérite guère un quelconque privilège dans cette prison. Là, l’on peut bien le leur concéder.
Mais là où vient le paradoxe, c’est qu’au même moment qu’ils semblent lui passer un tel message, ils donnent aussi les preuves évidentes qu’ils continuent de le redouter même cloué en prison. Incroyable !
D’où vient l’idée d’un permis de communiqué avant de voir un simple détenu comme Pascal Bodjona alors que ce document n’est guère exigé pour les autres détenus des prisons de Lomé à Dapaong ?
Pourquoi depuis jeudi où il a été admis à la prison de Tsévié, des dizaines d’éléments de la Force d’Intervention Rapide (FIR) ainsi que de la gendarmerie ont-ils été positionnés tout autour de cette prison si tant est que Pascal Bodjona est un citoyen ordinaire ?
Et, ce n’est pas tout. Hors de la prison, les amis de Pascal Bodjona sont systématiquement traqués. La preuve, le Fan Club et le Mouvement des Amis de Bodjona qui avaient souhaité installer leur premier bureau régional ce vendredi à Atakpamé, après l’obtention de leur numéro d’enregistrement délivré par le ministère de l’administration territoriale, ont sans raison valable, été empêchés de le faire.
Dans quel pays sommes-nous au juste ? Voilà donc un simple mouvement de jeunes qui se réclament de Pascal Bodjona et à qui l’on interdit des activités liées à ce mouvement alors même qu’ils ont rempli toutes les formalités administratives nécessaires. Mieux, ils ont retenu l’évêché d’Atakpama, un lieu privé dont l’usage ne demande guère de démarche administrative.
Nous sommes bien dans un régime déclaratif ou non ? De quelle autorisation Gilbert Bawara parle-t-il en instruisant le maire de la ville d’Atakpamé d’empêcher à ces jeunes, la mise en place de leur bureau régional dans cette localité ?
Pourquoi a-t-on senti le besoin de convoquer le CB, le Commissaire de police et les autres responsables administratifs de la ville d’Atakpamé jeudi à Lomé II pour les sermonner d’empêcher l’anodine manifestation de ces jeunes à Atakpamé ?
Au regard de tout ce qui précède, il clair que Faure Gnassingbé a peur de voir Pascal Bodjona lui ravir la vedette dans l’électorat togolais. La sortie médiatique de l’homme de Kouméa qui a clairement indiqué son intention de se maintenir sur le champ politique au Togo a donné de l’insomnie au Prince.
Cette insomnie s’est accentuée avec la sortie des jeunes Fan et amis de Bodjona qui ont affirmé avec force, leur intention d’agir sur le terrain pour défendre les droits et étoffer l’aura politique du désormais adversaire du Prince.
Voilà pourquoi le Prince-héritier a tout précipité pour cueillir à nouveau Pascal Bodjona afin d’étouffer au plus tôt toutes les velléités qui profilaient à l’horizon.
Mais en agissant ainsi, le pouvoir a fini de donner la preuve de sa lâcheté et de son incapacité à affronter un simple citoyen comme Pascal Bodjona sur le champ politique, notamment dans une campagne électorale.
Mais alors pendant combien de temps encore, ce pouvoir continuera-t-il à utiliser la force brute pour maintenir la terreur dans le pays ?
Une chose est certaine, embastiller un homme politique, par des artifices juridiques est la pire des bêtises qu’il ne faut jamais commettre. Le Prince et ses affidés le comprendront-ils à temps ???? Laissons le temps courir et nous aviserons.