Entamée le 21 août dernier, le symposium de Jackson Hole ou la rencontre annuelle des banquiers centraux du monde entier s’achève ce samedi. Pendant trois jours les argentiers de la planète ont évoqué les enjeux des politiques monétaires dans le monde. Très attendu, le discours de celle qui est sans doute la femme la plus puissante du monde, Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale américaine, s’est voulu très rassurante.
Les investisseurs et les marchés avaient les yeux braqués, depuis jeudi, vers la traditionnelle grande réunion annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole, dans l’Etat américain du Wyoming. Pour ces derniers, il n’y pas de meilleur occasion d’obtenir des informations sur les orientations des politiques monétaire des grandes banques centrales. Le thème de cette année sera « La réévaluation des dynamiques du marché du travail », un sujet cher à Janet Yellen, la nouvelle présidente de la Fed.
Les attentes de cette rencontre sont diverses et diversifiées : Certains espèrent que cette rencontre ouvrira la porte à davantage d’assouplissement monétaire de la part de la Banque centrale européenne pour dynamiser la croissance et lutter contre les risques déflationnistes, et d’autres attendent qu’elle laisse échapper des indications sur un possible programme de rachat massif d’actifs de dette publique ou privée, à l’instar de ce qu’a fait la Fed. En 2012, Ben Bernanke, le prédécesseur de Janet Yellen avait annoncé un train de mesures accommodantes pour soutenir la reprise.
Une approche pragmatique
Dans un discours prononcé au symposium de la Fed de Jackson Hole, dans l’Etat du Wyoming, Janet Yellen a prôné une approche « pragmatique » du marché du travail permettant aux responsables de la politique monétaire d’évaluer l’évolution des différents indicateurs sans être contraints par un calendrier prédéfini.
Elle a reconnu que le chômage avait baissé plus vite que prévu mais elle a souligné que ces cinq dernières années avaient laissé des millions de travailleurs en marge du marché, qu’ils soient découragés de chercher un emploi ou contraints de se contenter d’un travail à temps partiel, autant de facteurs qui font que le taux de chômage ne suffit pas à lui seul à évaluer la vigueur de l’emploi. Dans un tel environnement, « il n’y a pas de recette simple en matière de politique monétaire« , a ajouté Janet Yellen, ajoutant que resserrer trop tôt la politique monétaire pourrait empêcher une reprise complète du marché du travail.
Conséquences de ce discours, la valeur du dollar a augmenteé. Le billet vert a progressé de 0,3 % contre les grandes devises. L’euro glissait ainsi à 1,3230 dollar, un plus bas depuis presque un an.
La patronne de la Fed a souligné que « l’économie s’est considérablement améliorée après le trou d’air en matière d’emplois le plus fort et le plus long depuis la Grande Dépression ». Janet Yellen a aussitôt rappelé que les emplois créés durant la reprise dépassaient ceux perdus pendant la crise.
Pas d’indice très significatif.
Même si le discours de la présidente de la Fed a permis aux marchés de retrouver des indices sur le rythme de la hausse des taux d’intérêt américains, il ne rassure pas tout le monde. « C’est un discours de facture classique, qui ne livre pas d’indice très significatif », analyse Rob Carnell chez ING. « Mais nous continuons de penser que le ton de la Fed lors de sa réunion de septembre sera un peu moins accommodant» ajoute t-il. L’équipe d’ING estime qu’une remontée des taux directeurs est dès lors envisageable en avril 2015.
Janet Yellen a confirmé que le soutien exceptionnel de la Fed à l’économie américaine, le programme de « quantitative easing », ou assouplissement quantitatif, prendra fin en octobre. La présidente de la Fed a prévenu qu’il n’y a pas de « recette simple » en matière de politique monétaire au regard de la situation actuelle du marché du travail américain. Celui-ci n’est pas encore tout à fait remis de la crise, juge-t-elle. Resserrer trop tôt la politique monétaire risquerait ainsi d’entraver sa reprise, a-t-elle indiqué. Mais elle a aussi fait savoir que la banque centrale américaine se réservait la possibilité d’augmenter les taux d’intérêt plus tôt que prévu si l’emploi progressait plus vite.
Un nombre croissant de voix, au sein même de la Fed, plaident pour un prochain resserrement monétaire, qui marquerait la fin des années de politique de crise.