Il n’est un secret pour personne qu’en presque 50 ans de pouvoir, le Togo est dans une situation critique. Un confrère journaliste disait déjà en 2006 en conseil de rédaction, que « si le Togo était un organisme vivant il devait mourir depuis et ses obsèques faites ». En réalité ils sont nombreux à se demander comment le Togo arrive à tenir malgré cette gestion calamiteuse qui ne répond à aucune rigueur ni vision ? la santé dans tous les pays au monde reste un secteur, clé, primordial et vital sauf au Togo où le secteur est dans un état de délabrement indescriptible laissé aux soins d’un chef de gouvernement qui a mille choses à faire pour gérer en plus un portefeuille qui représente l’âme de tout programme politique sérieux. Décryptage d’un système de santé en totale agonie.
Le système de la santé au Togo est quasi inexistant avec de graves manquements dans la prestation, dans les prises de décision surtout que la santé n’a plus son ministre depuis plusieurs mois déjà. Les ressources financières sont insuffisantes avec un budget annuel qui reste des plus dérisoires chaque année, il varie entre 5 et 6%. Il a chuté cette année et couvre seulement le 1/3 des dépenses prévisionnelles.
Au centre hospitalier universitaire de Lomé par exemple, le bloc opératoire est dans un piteux état avec des sanitaires semblables à ceux des pays en ruine ou post guerre. Les lits des patients datent de l’époque coloniale. Il faut aussi souligner l’inexistence d’eau courante. Les matériels d’opération financés à près de dix milliards par la BIDC sont non opérationnels et pourtant c’est le conseiller personnel de Faure Gnassingbé sur les questions de santé qui a piloté un tel projet. Un véritable scandale financier et sanitaire qui n’émeut guère les tenants du pouvoir au Togo. Si le plus grand centre hospitalier du pays avec pour mission de sauver les togolais est plus qu’un mouroir qu’en est-il des centre hospitaliers régionaux ?
L’insuffisance du financement du secteur de la santé a des répercussions immédiates sur les ménages qui supportent tout quand un membre de la famille venait à tomber malade. Les dépenses directes, les analyses mêmes les plus simples, la goute épaisse, le groupage, l’achat de gants, de compresses et autres sans oublier les ordonnances kilométriques, sont à la charge des ménages. Une triste réalité qui déteint négativement sur l’ensemble du système.
De l’avis d’un chirurgien togolais, « le secteur de l’hospitalisation reste une désolation avec des salles mal équipées. Le plan de sauvetage n’a jamais été financé depuis avril 2013 contrairement aux annonces pompeuses ».
S’il faut noter une légère hausse des primes de garde et des primes de risques après plusieurs grèves du personnel soignant, les spécialités restent orphelines avec une absence de diversification ce qui pose le problème des ressources humaines. L’OMS affirme d’ailleurs que « la ressource humaine dans le domaine de la santé est la plus précieuse ». Mais le régime en place n’a aucune considération pour les praticiens togolais dont plusieurs ont préféré vendre leur compétence en occident où ils sont classés parmi les meilleurs.
Au plan de l’assurance, l’UNAM qui officie depuis quelque temps ne tient compte que d’une proportion très faible de la population.
Les quelques médecins qui continuent de se battre, à travers les mouvements de revendications assorties de plateforme et doléances que le pouvoir de Faure Gnassingbé lui-même qualifie de légitimes sans pour autant bouger le petit doigt, malgré l’état désastreux et désespérant du système de la santé estiment qu’il ne faut pas « laisser le navire ». Leurs recommandations pour l’heure n’ont pas trouvé d’attentives oreilles.
Pour ces praticiens téméraires, Il faut que la santé devienne une priorité elle ne peut être une affaire dirigée à distance depuis une primature de façon hasardeuse, c’est tout à fait inadmissible. Il faut augmenter la part du budget, former le personnel de la santé sans oublier les fameuses grandes assises de la santé annoncées par Faure Gnassingbé et qui sont rangées aux placards.
Nous sommes bien en face d’un système de santé agonisant. Une situation qui mérite que des mesures urgentes et idoines soient prises dans un pays qui dispose pourtant de ressources financières qui sont détournées au profit de l’oligarchie régnante et à des fins de conservation du pouvoir plutôt que d’ offrir de façon digne des soins de santé appropriés aux togolais.
Dans un pays où le chef de l’état, Faure Gnassingbé circule en Maybach, une voiture qui coûte le milliard et dont la réparation et l’entretien se chiffrent à des centaines de millions il est inconcevable que le centre hospitalier de Lomé et tout le secteur de la santé soient dans cet état aussi critique.
A moins que cette situation désastreuse réponde à une stratégie de non-assistance à une population en nécessité d’être soignée. Surtout que les autorités togolaises et leurs proches même pour un mal de tête préfèrent courir dans des hôpitaux en Europe et ailleurs en occident pour s’offrir des soins haut de gamme dans des conditions impeccables.
Avec un tel scandale sanitaire voire humanitaire Faure Gnassingbé compte faire du Togo un pays émergent à l’horizon 2030. Comment un tel miracle est-il possible sans un secteur sanitaire performant ?
Pour finir, rappelons cette ancienne définition de Charles-Edward Winslow publiée dans la revue Science en 1920 : « La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé et l’efficacité physiques à travers les efforts coordonnés de la communauté pour l’assainissement de l’environnement, le contrôle des infections dans la population, l’éducation de l’individu aux principes de l’hygiène personnelle, l’organisation des services médicaux et infirmiers pour le diagnostic précoce et le traitement préventif des pathologies, le développement des dispositifs sociaux qui assureront à chacun un niveau de vie adéquat pour le maintien de la santé, l’objet final étant de permettre à chaque individu de jouir de son droit inné à la santé et à la longévité ».Nul besoin de rappeler que les autorités togolaises sont loin de cette assertion.