LOME – A l’occasion de la Journée de la femme africaine de ce 31 juillet, le thème national choisi est « Rôle des femmes et filles dans l’éducation, les sciences et technologies pour une renaissance africaine». Depuis plusieurs années, ces femmes s’y illustrent et y excellent. L’accélération de la promotion de ces talents gagnerait à impacter sur le développement économique et social du pays.
Au Togo, au moins une personne sur deux est une femme. Et parmi elles, de plus en plus se tournent vers les sciences et technologies. C’est le thème national choisi cette année pour célébrer la femme africaine. Or, dans ces secteurs dits d’hommes, beaucoup de femmes y excellent depuis plusieurs années, même si leur nombre est en-deçà du potentiel réel. Pourtant, le pays, secteur privé comme public confondus, gagneraient en compétitivité s’ils osaient davantage faire appel à ces femmes aussi compétentes que ces messieurs.
Et globalement, diplômes en poche, les femmes des sciences et des technologies peinent parfois à y poursuivre leur carrière. « C’est la détermination, la volonté et le travail qui doivent prédominer sur tout et doivent guider les jeunes filles. Puis, une fois en poste, personnellement, je me suis imposée par mes compétences», se rappelle Dr Kissem Tchangaï-Walla, première dermatologue du Togo. Ces femmes compétentes sont à encourager puisque leurs profils scientifiques sont très recherchés et donc gage d’un développement économique dynamique. Mais l’accompagnement financier pour créer leur propre société est aussi source de souci, une fois les études terminées : l’accès au crédit reste plus difficile pour une femme que pour un homme.
Femmes de sciences et de technologies togolaises
Ainsi, pour davantage encourager ces femmes malgré les difficultés, il conviendrait d’améliorer la synergie de tous les acteurs. Du côté de la société civile, l’association des Femmes togolaises pour la promotion de la science et de la technologie (FTPS & T) existe depuis 1998. Elle œuvre à renforcer les capacités intellectuelles et psychologiques des jeunes filles, organise des sensibilisations, des formations et des concours dans les collèges et lycées ou encore effectue des recherches de bourses, de stages et encadrent les étudiantes. « Celles qui sont encadrés suivent des cours de travaux dirigés en plus de ceux de l’université pour leur permettre de mieux maîtriser nos domaines difficiles. Elles réussissent davantage que celles qui ne suivent pas ces TD supplémentaires » affirme Mme Quarshie, l’une des femmes scientifiques très active au sein de l’association.
La structure est d’ailleurs composée de nombreuses femmes au parcours remarquables, qui forcent l’admiration: c’est le cas, pour ne citer qu’elles, du professeur Isabelle Glitho, lauréate du prix scientifique Kwame Nkrumah de l’Union Africaine pour la femme en 2013, de Mme Vovor, médecin, devenue tout récemment professeur titulaire, de ou encore de Mme Tété-Bénissan, enseignante chercheur en biologie cellulaire et biochimie clinique.
L’état s’implique pour la promotion des femmes et filles
Conscients de ces défis, tous les ministères liés à cette problématique s’impliquent pour des solutions durables afin d’une meilleure promotion des filles et femmes en sciences. C’est par exemple le cas du Ministre Broohm, en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui réaffirme haut et fort que « les préjugés envers les femmes sont à combattre afin qu’elles aient toutes leurs places dans ces domaines et contribuent pleinement à rendre le pays davantage compétitif ».
En vue d’une nouvelle dynamisation de l’éducation, le gouvernement a justement adopté, dès 2010, le plan sectoriel de l’éducation 2010-2020. Dans ce cadre, des bourses d’excellence sont attribuées aux jeunes filles des filières scientifiques et industrielles, issues des familles démunies, pour les inciter à s’orienter vers les séries scientifiques et technologiques et faire carrière dans ces domaines. De plus, l’accent est mis sur le renforcement des actions de sensibilisation et d’information à l’endroit des jeunes filles et des parents pour combattre les nombreux préjugés sur le genre qui freinent les filles désireuses de s’intéresser à ces domaines.
De plus, un renforcement de capacité des enseignants sur l’impact des stéréotypes du genre sur l’orientation scolaire et professionnelle influent déjà pour un changement des mentalités. Aussi, depuis 1998, le gouvernement togolais a institué une discrimination positive dans le paiement des frais de scolarité des filles, celles-ci payant environ 70% du montant payé par les garçons au secondaire. Ces efforts relayés par ceux de la société civile souhaitent répondre aux besoins de compétences non encore comblés dans les domaines des sciences et technologies au Togo.
Etre épouse, mère et scientifique
Soutenir l’éducation des filles pour les maintenir dans ces filières est aussi un défi soulevé par cette journée de la femme africaine. Celles qui choisissent ces domaines se découragent souvent en cours de route. Car, outre les bonnes notes, pour réussir dans ces domaines dit réservés aux hommes, les femmes doivent combattre les préjugés et ne pas se décourager. Elles doivent donc non seulement améliorer leurs notes pour se maintenir et passer en classe supérieur, mais aussi supporter les moqueries des garçons voire apprendre à ignorer ou déjouer les croque-en-jambes. Et une fois les études finies, elles doivent savoir jongler pour concilier vie de famille et vie professionnelle afin d’assurer la réussite de leur carrière.
Pour y parvenir, des solutions existent pourtant. Par exemple, la création de davantage crèches proches des lieux de travail, comme des universités d’ailleurs, serait un atout pour l’organisation de la vie de ces femmes. Pour les y aider, tous les acteurs doivent davantage s’associer et travailler ensemble, en synergie constante, afin de donner toutes leurs chances aux potentiels de ces filles et femmes désireuses d’épouser et d’exceller dans les domaines des sciences et des technologies. Afin que le Togo poursuive sur résolument le virage du développement économique.