Togo - " Nous allons arriver à la candidature unique. Et je vous assure que ça va créer une dynamique...elle aura l’effet d’un véritable tsunami", Mme Adjamagbo de la CDPA.
Décidément, la Coalition Arc-en-ciel fait de cette question de la candidature unique le pilote de la dynamique populaire et d’ensemble. Oui pour les réformes, mais la candidature unique est indispensable pour battre Faure Gnassingbé ou le candidat du parti au pouvoir (UNIR) à la présidentielle de Janvier prochain (2015) soutient la seule femme ayant été une fois candidate à la présidentielle dans l’histoire politique du Togo, Mme Brigitte KAfui Adjamagbo Johnson.
Non seulement elle y croit, elle donne un avant-goût de l’effet que cette candidature unique de l’opposition va provoquer. Connaissez-vous les caractéristiques d’un tsunami ? C’est ainsi qu’elle voit de loin cet effet. Lire notre entretien.
Pa-lunion.com: Est-ce que vous êtes sûr de prendre un chemin de non retour dans les discussions que vous avez engagé du côté de l’opposition entre le Collectif Sauvons le Togo et la Coalition Arc-en-ciel ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Bien sûr que nous sommes dans la bonne voie, et nous faisons, ce qu’il aurait fallu faire depuis plusieurs années. A la CDPA, c’est depuis 92 que, ayant observé la résistance que le pouvoir avait commencé à opposer aux forces qui réclamaient le changement, nous nous sommes dit, faisons comme s’il n’y avait pas de pluralisme politique, et redonnons priorité à la démocratie. Cela permettra plus tard, de faire jouer le jeu politique normal en démocratie. L’analyse de la situation actuelle, montre que la CDPA avait eu raison dès le départ d’insister sur cet aspect là.
Pa-lunion.com: Vous voulez dire que le pluralisme politique empêchait l’alternance ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Oui ! Disons que le pouvoir s’est servi du pluralisme politique pour diviser l’opposition et empêcher que la démocratie véritable s’instaure. Nous sommes en démocratie de façade. Et il a été très intelligeant ce pouvoir, d’avoir su utiliser la division au sein de l’opposition. Et c’est cela qui a fait perduré la lutte, et nous nous réjouissons à la CDPA, de ce que, depuis un certain temps, de plus en plus d’acteurs de la classe politique aient compris ce message. C’est ce que nous faisons au niveau d’Arc-en-ciel, et c’est ce que nous commençons maintenant à faire entre les deux structures, Arc-en-ciel et CST.
Pa-lunion.com: Vous êtes différents regroupements, avec des stratégies d’action différentes, mais pour les mêmes objectifs. Est-ce que vous êtes sûr que vous arriverez à mettre en place, une stratégie unique, viable et gagnante ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Nous n’avons pas d’autres choix. Nous sommes condamnés à le faire. Et je peux vous dire que, selon la façon dont les discussions se déroulent en ce moment entre les deux structures, il y a beaucoup, beaucoup de raisons d’espérer. Parce que, on voit que chaque acteur comprend maintenant, après l’échec du dernier dialogue, le rejet du projet de reforme introduit au parlement par le gouvernement lui-même, par la majorité qui est censé soutenir l’action gouvernementale, que les signes sont, on ne peu plus claire. Nous n’avons pas d’autres voies, que de nous mettre ensemble. Nous mettre ensemble pour que ces réformes que nous attendons soient faites. Nous mettre ensemble pour que, au delà des réformes. Même si nous obtenons les deux tours de scrutin, que nous comprenions que cela, nous allons pouvoir le faire jouer lorsque nous aurons réussi l’alternance. Et pour l’alternance, malgré les deux tours de scrutin, tout indique aujourd’hui que, si nous ne nous mettons pas ensemble pour présenter au peuple qui réclame à corps et à crie, une seule candidature, nous n’avons aucune chance de réaliser un jour, l’alternance dans ce pays.
Pa-lunion.com: Mais, Madame, le dire comme ça, c’est nous faire croire que, sans les réformes, si vous avez un candidat unique de l’opposition aujourd’hui, vous gagnerez à coup sûr les élections. Est-ce que c’est ça vraiment votre mentalité ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Ce qui est indispensable aujourd’hui, c’est d’avoir les réformes. Nous en avons besoin, pour que notre constitution soit digne d’une constitution d’un pays démocratique.
Pa-lunion.com: Au cas où vous n’arriverez pas ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : En tout cas, nous ne voulons pas envisager cette hypothèse la. Mais nous sommes convaincus que, si nous nous mettons ensemble et que nous nous organisons, nous provoquerons les réformes. Même si elle n’intervenait pas, et que nous nous mettons ensemble pour aller aux élections, nous les gagnerons. Et pour nous, nous sommes condamnés à agir sur les deux questions. A la fois sur les réformes et à la fois l’alternance.
Pa-lunion.com: Statistiquement, CST - Arc-en-ciel, quand on prend les résultats des dernières élections législatives, vos scores ne permettent pas encore d’espérer que vous gagnerez les élections face au candidat d’UNIR par exemple. Est-ce que vous envisagez rallier les autres avec leurs petits scores à votre équipe ou non ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Mais, vous savez, pour gagner, ce qui est important, c’est montrer au peuple, que tous ceux qui veulent le changement dans ce pays sont ensemble. Et je vous assure que ça va créer une dynamique, telle que, elle aura l’effet d’un véritable tsunami. Je ne dis pas que, la question que vous posez n’est pas pertinente. Elle est pertinente. Aujourd’hui, les deux structures discutent. Mais c’est évident que, pour maximiser nos chances, nous devrons, on n’y perd rien, tendre la main à un moment donné ou à un autre, à toutes les forces qui veulent véritablement, le changement. On n’a pas commencé à échanger dans un esprit d’exclusion. Mais, ce qui est important, c’est que, un noyau de plus de dix partis s’entendent dès le départ, arrivent à concevoir une vision unique, à définir des stratégies, à s’organiser pour mener la lutte, à un moment donné ou à un autre. La dynamique sera telle que, je suis convaincu, que tous ceux qui veulent le changement, on n’aura pas du mal à les convaincre de se joindre à nous.
Pa-lunion.com: On a appris que vous étiez entrain de réfléchir à la possibilité de négocier l’alternance. Mais à vous entendre Madame, vous êtes plutôt dans une dynamique d’offensive.
Brigitte Adjamagbo Johnson : Mais écoutez, ça ne se négocie pas. Pour pouvoir négocier, par ailleurs, il faut avoir un rapport de force. Et ce rapport de force là, nous voulons le créer pour gagner maintenant. Si ayant gagné, le pouvoir veut des garanties pour partir, et bien, nous sommes en politique. Nous verrons ce que nous pouvons pour les tranquilliser, et qu’enfin, on puisse libérer l’avenir dans ce pays.
Pa-lunion.com: Pourquoi parlez-vous de garantis. Est-ce que vous voulez dire que Faure Gnassingbé ou UNIR a peur aujourd’hui, au cela où l’opposition gagne le pouvoir d’une chasse aux sorcières ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Ce n’est un secret pour personne que, en Afrique, quand on a gouverné comme ça a été fait dans notre pays, on peut comprendre qu’il y ait des craintes pour l’après pouvoir. Mais, le souci de l’opposition, ce n’est pas de gagner pour exercer une quelconque vengeance ou poursuivre qui que ce soit ! Nous voulons gagner pour construire. Et à Arc-en-ciel, nous disons que même que, les forces de l’opposition, lorsqu’elles gagneront le pouvoir, instaurerons une transition. Une transition inclusive, au cours de laquelle tout ce qu’il y a à reprendre dans ce pays, la classe politique les reprendra ensemble. Et nous ferons en sorte que, au terme de cette transition, le Togo puisse être véritablement sur les railles de la démocratie. Vous comprenez que quand on est dans cette logique, on veut construire et non détruire.
Pa-lunion.com: Madame Brigitte Adjamagbo Johnson, vous avez été une fois déjà candidat à une présidentielle au Togo, et vous êtes la seule femme, à avoir essayé de briguer ce poste, en tout cas dans l’histoire du Togo. Vous pensez que dans la logique d’une candidature unique de l’opposition, vous pourrez avoir encore cette chance de porter le message de l’opposition ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Il me semble que Kanal fm a déjà annoncé que, au sein d’arc-en-ciel, dans la perspective de la candidature unique de l’opposition, Arc-en-ciel a franchi une étape essentielle, qui est d’avoir son propre candidat à la candidature. Et j’étais parmi les candidats, mais cela a joué à très peu de chose près. Pour nous à la CDPA, ce qui importe, ce n’est pas la promotion de soit, c’est encore moins la promotion des intérêts partisans, c’est d’abord le Togo et nous voyons l’avenir, l’étape suivante. Pour aller vers cet avenir, c’est choisir maintenant, un candidat unique de l’opposition.
Pa-lunion.com: Et démocratiquement, vous le soutiendrez dans toujours l’intérêt du Togo n’est-ce pas ?
Brigitte Adjamagbo Johnson : Mais quelque soit la personne, naturellement, nous, nous allons présenter notre candidat, en espérant qu’il sera choisi. Mais si ce n’est pas le cas, la même façon que nous avons accepté le choix intermédiaire qui a été fait au niveau d’Arc-en-ciel, c’est avec bonheur que nous soutiendrons ce candidat qui aurait été choisi, étant donné que nous sommes cette fois-ci, entrain de faire les choses dans les normes. Et je peux vous dire que, voir la façon dont se déroule les discussions, il y a des raisons d’espérer.