La présidente libérienne a limogé le mardi 26 août des ministres et de hauts responsables restés à l’étranger en dépit de son appel à revenir participer à la lutte contre l’épidémie d’Ebola, qui frappe de plein fouet les économies en Afrique de l’Ouest.
La présidente Ellen Johnson Sirleaf avait ordonné à ses ministres se trouvant hors du pays de rentrer au Liberia dans le cadre de l’état d’urgence décrété le 6 août. Pour elle, ces mesures exceptionnelles étaient nécessaires “pour la survie de l’Etat”, alors que le Liberia est le pays le plus touché par l’épidémie sans précédent qui frappe l’Afrique de l’Ouest. Le virus a fait au total 1.427 morts dont 624 au Liberia, 406 en Guinée, 392 en Sierra Leone et 5 au Nigeria, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) arrêté au 20 août.
“Tous les responsables occupant des fonctions de niveau ministériel” ou leur équivalent dans la haute administration “qui ont violé les ordres” sont “relevés de leurs fonctions”, a annoncé la présidence libérienne. Selon une source proche du gouvernement, des secrétaires d’Etat et de hauts fonctionnaires sont limogés, non des ministres de plein exercice. Les personnes “à la tête de services publics importants” verront aussi leurs salaires bloqués jusqu’à leur retour au pays. La crise sanitaire qui fait des ravages se double d’une crise économique, particulièrement au Liberia, a alerté mardi la Banque africaine de développement (BAD). La sécurité alimentaire au Liberia est mise “en péril”, la maladie menaçant la période des récoltes, a alerté Donald Kaberuka, le président de la BAD.
Dans ce pays, “si aujourd’hui les gens ne s’occupent pas de l’agriculture, il y aura une crise alimentaire. Voilà le premier impact direct sur les paysans dans cette région”, a-t-il affirmé. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a exprimé le même genre de craintes pour l’est de la Sierra Leone, visé par des mesures de quarantaine.
C’est en tout cas toute l’économie qui est frappée dans les pays concernés. Ebola va “probablement coûter 1, voire 1,5 point du PIB” au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée mais aussi en Côte d’Ivoire, a souligné le président de la BAD. Après de nombreuses mesures de précaution, la Côte d’Ivoire, voisine de la Guinée et du Liberia, est pour l’heure préservée. Une situation qui laisse perplexe la ministre de la Santé elle-même : “Cela, parfois même à mon niveau, relève du surnaturel”, a avoué Raymonde Goudou Coffie.