En Afrique de l'Ouest, l'épidémie d'Ebola peine à être contenue, même si les autorités se veulent rassurantes. À l'image du ministre guinéen des Affaires étrangères venu faire le point à Paris ce vendredi 29 août. Mais sur le terrain, les restrictions de circulation freinent de plus en plus l'approvisonnement en nourriture des populations.
Le ministre guinéen des Affaires étrangères Louncény Fall était à Paris ce vendredi 29 août, pour faire le point sur la propagation d'Ebola dans son pays. Le ministre s'est voulu rassurant même si la flambée n'est toujours pas totalement contenue. Le virus a fait 430 morts en Guinée depuis le début de l'épidémie, selon le dernier bilan de l'OMS. Devant un parterre de journalistes, Louncény Fall a tenu à vanter l'action de son gouvernement face à Ebola. Selon lui, l'épidémie semble se stabiliser. Toutefois, il reste plusieurs défis à relever notamment grâce à la sensibilisation des populations touchées.
«Quand ces médecins apparaissent avec cet accoutrement de cosmonaute, les populations ont tendance à fuir, explique Louncény Fall. Ils ne connaissent pas le danger, c’est pour ça que nous tenons absolument à sensibiliser ces populations. Pour leur dire que ces personnes sont obligées de porter cet accoutrement, afin de se prémunir contre la contagion. Leur rappeler également que ces personnes viennent pour leur bien et que s’ils n’acceptaient pas que ces personnes les touchent, alors ce serait la catastrophe. »
La lutte contre Ebola s'annonce encore très longue
Pour Sylvain Blaize, chercheur en fièvre hémorragique virale à l'Institut Pasteur, les autorités guinéennes ne doivent surtout pas relâcher leurs efforts. La lutte contre Ebola s'annonce encore très longue. « Pour endiguer l’épidémie, il faut arrêter la transmission interhumaine de tous les patients, affirme le chercheur, c’est-à-dire réussir à les contrôler tous. Et ça, c’est un travail titanesque. Il faut d’abord contrôler tous les foyers et puis après il y aura des cas sporadiques à traiter comme ça dans le long terme, jusqu’à ce qu’on ait éliminé la dernière transmission interhumaine, c’est très long. Il suffit d’une personne infectée pour faire repartir toute l’épidémie, c’est là toute la difficulté du contrôle des épidémies d’Ebola. »
« Plonger au milieu d'un tsunami »
La Guinée a été le premier pays touché par le virus, qui sévit depuis mars dernier en Afrique de l'Ouest. Pour Fabienne Pompey porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) pour cette région, les efforts mis en place pour arrêter le virus Ebola reviennent à « plonger au milieu d'un tsunami ». Sur demande de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le PAM est appelé à acheminer du matériel, renforcer les équipes sur place et approvisionner les populations dans les trois principaux pays touchés : la Sierra Leone, la Guinée et le Libéria. Objectif : approvisionner 1,3 million de personnes pendant trois mois.
En plus des difficultés réelles sur le terrain, s'ajoutent celles du déplacement, en raison des nombreuses compagnies aériennes qui décident de suspendre les vols vers ces destinations à risque. « Le fait que ces pays soient complètement enclavés maintenant, parce qu’il y a très peu de compagnies aériennes qui les desservent, qu’on ne peut plus atterrir au Sénégal, tout cela nous pose des contraintes logistiques extrêmement sérieuses, et c’est vrai que ça réduit le mouvement du personnel humanitaire, confirme Fabienne Pompey. Jusqu’à présent, nous avons un avion qui fait la liaison entre les trois capitales affectées. Et pour entrer et sortir de la zone, nous utilisons les quelques compagnies aériennes privées qui opèrent encore. On espère qu’elles continueront à opérer, que ces pays seront toujours ouverts. »
La directrice du PAM espère qu’avec des négociations à haut niveau, d’autres solutions pourront être trouvées, pour que les avions humanitaires puissent aller et venir en dehors de la zone Ebola. À noter à ce sujet que les autorités du Liberia, pays le plus touché par l'épidémie d'Ebola, ont annoncé la levée ce samedi 30 août, de la quarantaine imposée au quartier de West Point, dans la capitale Monrovia. Une quarantaine instaurée le 20 août dernier.