Comparée à ses biens lorsqu’il était petit fonctionnaire de la Banque Togolaise de développement BTD, la fortune actuelle de Nisao Gnofam, Ministre des transports et des travaux publics est colossale, enviable.
Plusieurs villas et voitures dont un impressionnant patrimoine dédié aux
maîtresses, des biens immobiliers, de l’argent liquide conservé à
plusieurs endroits, Nisao Gnofam est vachement riche. Origine de la
fortune, les pots de vin versés par plusieurs prestataires et
entreprises relevant de son département, des commissions mais aussi des
cadeaux dépassant le seuil de la normale. Preuve, l’argent engrangé par
le ministre au costume et à la 4X4 bleus dans le cheminement de la
construction de Lomé Conteneur Terminal (LCT) lancé hier, de la
construction de la nouvelle aérogare de Lomé et dans la réalisation de
plusieurs infrastructures routières donne de la chaire de poule.
Nous avons enquêté pour classer les 5 ministères togolais où il est
facile de se faire une bonne fortune et les cinq qui sont les vaches
maigres du gouvernement. Voici les résultats du classement : TOP 10.
1- Ministère de l’Economie et des Finances : détenant le monopole de
l’ordonnancement des dépenses, le ministère de l’économie et des
finances est logiquement le plus fortuné du gouvernement. Son titulaire
Adji Otheth Ayassor est tout sauf un sain. Il a une rigueur juive et une
détermination arabe qui adulent le Chef de l’Etat, mais un côté
présenté par ses détracteurs comme très corrompu. Les différents
contrats signés avec des investisseurs et entreprises dans les travaux
publics surtout avec des entreprises chinoises font foi. Il contrôle
toutes les sociétés d’Etat dont la douane et les impôts, coiffe les
banques et les assurances et signe les conventions de financement. On
lui reproche beaucoup d’habilité dans le management de ce ministère
qu’il a plombé avec des membres sa famille. Mais il existe là dans ce
ministère des commissions légales qui font de ce ministère le premier du
classement.
2- Ministère du transport et des travaux publics : Etre à la tête de
ce ministère est une chance, mieux une bénédiction. C’est celui qui
contrôle le Port et ses différentes sociétés de manutention, l’aéroport,
le trafic routier et ferroviaire. Doublé des travaux publics, ce
ministère a de quoi faire de son titulaire un sultan de Brunei. Exigence
des pourcentages sous plusieurs formes avant signature des contrats,
magouilles dans l’exécution des travaux publics, grands et petits
cadeaux permettent au ministre de rendre grâce au Chef de l’Etat. Nisao
Gnofam ne cherche pas mieux.
3- Mines et Energie : Le phosphate de Kpémé, le marbre de Pagala, les prospections du pétrole en pleine mer, l’électricité, le fer de Bandjéli, le clinker de Tabligbo, les transactions de métaux précieux etc. sont sous la responsabilité de ce ministère très stratégique qui vient en troisième position du classement. C’est le protégé du ministre Conseiller, Barry Moussa Barqué, le sieur Noupokou Damipi, très écouté par le Chef de l’Etat qui tient depuis plus de cinq ans déjà les commandes de ce ministère. Difficile, voire impossible de rester à la tête de ce département sans devenir un petit milliardaire sous les tropiques ; tant les avantages sont larges…et les marges de manœuvres suffisantes. La condition : avoir les reflexes de la corruption…
4- Ministre de la planification, du développement et de l’aménagement du territoire. Ce ministère est couramment appelé le ministère du plan. Quand on s’y prend bien avec tous les avantages, il est facile de garantir une retraite paradisiaque et « Investir dans son Humain » en se tapant un château à l’allure des royautés orientales. Mawussi Djossou Sémodji règne à la tête de ce ministère mais ne gouverne pas. Il a une carence en charisme qui l’oblige à se faire orienter constamment par des acteurs étrangers, très corrompus qui se taillent la part de lion. Mais le rougeaud du Moyen-Mono n’est pas sur le carreau. Il tire son épingle du jeu dans un réseau non moins puissant.
5- Ministère de l’équipement rural : Il semble petit et modeste. C’est l’un des ministères le plus fournis et aussi les plus corrompus avec l’engagement des projets de pistes et d’infrastructures rurales. Le ministre, autant que les prestataires de service opèrent dans la magouille totale en toute impunité, tout simplement parce que l’exécution des projets est à l’intérieur, loin des regards officiels. Tout est permis. Des surfacturations, des travaux mal exécutés dans le meilleur des cas, dans le pire, les responsable du ministère et les entreprises se partagent systématiquement les fonds alloués et laissent le projet dans l’imagination. Plusieurs prestataires véreux plombent ce petit ministère et donnent dans la totale médiocrité sur le terrain. Un an à dans ce département suffit pour se taper une bonne santé financière. A la tête, Bissoune Nabagou qui s’en sort plutôt, pas mal avec ses réseaux sulfureux.
A la suite de ce classement, viennent les ministères de l’agriculture, de la sécurité et du commerce qui sont aussi des pots pourris de la corruption et où il est facile de se faire beaucoup d’argent sur le dos du contribuable.
Le top 5 des ministères les plus minables, parents pauvres du gouvernement avec des dénominations par défaut viendra compléter le classement : Ce sont les ministères de la réforme administrative, celui chargé des affaires présidentielles, de l’enseignement technique et de la recherche, de la communication et des droits de l’homme. Ils ne sont pas exempts des influences de la corruption.
Le Chef de l’Etat le reconnaissait, il existe au Togo, une minorité des pilleurs des ressources de l’Etat face à une majorité qui croupi dans la misère. L’opération coup de poing engagé par les autorités permettra sans doute d’équilibrer les équations ? À suivre…
Alfredo Philoména