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Le scandale de numérisation de la Tvt : Visite du chantier et les couleuvres du passé de Générale d’Afrique au Bénin et au Togo qui fait surface
Publié le vendredi 5 septembre 2014  |  Afrika Express


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17 juin sonnera la fin de l’analogie dans l’espace Uemoa. Si la plupart des pays sont prêts, le Togo ne s’en sort pas encore. La visite du chantier à Gta mardi dernier, au nord-est de Lomé fut une déception pour la délégation.

Après avoir livré des groupes électrogènes frelatés au Togo avant 2000 et réalisé pour l’armée béninoise une installation de sécurité-défense qui fut un scandale, Générale d’Afrique pourra-t-il s’en sortir? Comment le ministère des finances a pu ignorer le passé d‘une société chassée de trois pays déjà?

Le mardi dernier, une visite de chantier par une délégation d’ingénieurs du ministère des Travaux publics a tourné au vinaigre ou presque. Plan en 3D inexistant, le plan linéaire sans précision n’a pas convaincu les experts et la discussion fut vive entre la délégation et les responsables du chantier. Ceco Btp, une entreprise togolaise qui en est l’exécutant a aussitôt promis « de tout faire pour que les travaux se déroulent dans les prochains jours suivant les normes et dans les meilleures conditions » pendant que les premiers responsables de Générale d’Afrique Helios Rodriguez et Frédéric Adoum sont absents, en Guinée pour le premier, en France pour le second. Mais pour mieux connaître cette entreprise, un coup de projecteur sur son passé… un passé délibérément ignoré par le ministère des finances pendant la signature du contrat.

Faits. L’Union économique et monétaire ouest africaine, Uemoa, a donné un délai aux pays membres pour passer de l’analogie au numérique dans le domaine de la télévision. Le 17 juin 2015, date à laquelle les postes téléviseurs traditionnels ne seront plus que des reliques de la longue gloire de l’audiovisuel. Seuls les écrans plats Hdmi continueront à travailler normalement. Ainsi, a été lancé le projet de numérisation dans la plupart des pays de l’Union. Le Togo est l’un des premiers à ouvrir la vague, avec un pompeux lancement présidé par Ahoomey-Zunu, premier ministre.

«Il sera sans doute le dernier à être prêt » maugrée-t-on au ministère de tutelle. Générale d’Afrique, sulfureuse entreprise « capable de tout faire » a obtenu le marché, sans appel d’offre. « On aurait pu faire un appel d’offre restreint » commente M. Akakpo, chargé des marchés publics au sein du ministère de la communication et arrivé depuis novembre dernier, après la signature du contrat. 7 mois après le lancement, Générale d’Afrique prétend que le contrat n’a pas prévu de siège et obtient 5,6 milliards pour ce dernier.

Comment procéder à la numérisation sans prévoir un siège technique? Le 13 août 2013, la pause de la première pierre pour le siège qui abritera le nouveau siège, un an après, la fondation n’est pas finie. Entre temps, la société prestataire a encaissé 23 milliards sur 25, coût prévisionnel du projet, alors que le contrat prévoit un préfinancement, ce qui a pu justifier la dispense d’appel d’offre ouvert.

Rectificatif. Nous avons avancé la somme de 25 milliards au lieu de 23 milliards. En consultant la fiche d’échélonnage au ministère des finances et grâce à la précision apportée par une source au sein du ministère, nous nous en sommes rendus compte. C’est 23 milliards que Générale d’Afrique a encaissé. Un reliquat de 2 milliards existe encore sur la grille budgétaire de 2014.

Bénin et Togo : de petits va-et-vient pour escrocs?


Isaac Ayevodji, Conseiller municipal de la ville de Cotonou est la personne par qui Générale d’Afrique a débarqué au Bénin. Depuis, il n’arrive pas à cacher sa déception, estimant avoir commis une erreur en leur faisant confiance. Début des années 2000. A Cotonou, l’armée vient de faire savoir au gouvernement béninois qu’elle suspecte une complicité sur sa principale installation de communication élargie à tout le territoire. Générale d’Afrique qui avait le marché de télécommunication défense pour l’armée aurait, selon une expertise militaire interne, « utilisé du matériel frelaté et inadapté » pour les installations. Mais ce qui enflamme les autorités militaires, c’est une faille «volontaire» qui permet des fuites sur la communication. La grande muette interprète cela comme «une trahison grave et une atteinte à l’intégrité de l’Etat».


Le ministre Akplogan pique une colère et exige, non seulement le départ « immédiat et sans conditions de l’entreprise et de ses responsables » mais aussi « le remboursement intégral de la somme perçue« . Il aura gain de cause. Depuis, Adoum et ses acolytes évitent soigneusement ce pays voisin et préfèrent se consacrer sur le Togo, la vache à lait. Même au Togo aussi, le passé n’est pas luisant. Un pays que connait bien Adoum. Au milieu des années 1990, Adoum Frédéric Dennis débarque pour la première fois à Lomé, en tant qu’homme d’affaires.

Il n’était pas seul mais avec François Dennis, son frère aîné aujourd’hui installé au Burkina Faso depuis que le clash est intervenu entre les deux hommes. François Dennis qu’on dit plus honnête s’est estimé «malmené» par son jeune frère, dans deux affaires, au Bénin et au Togo toutes deux soldées par un fiasco.

Tout commence à Lomé quand, pour renforcer la capacité électrique du pays notamment de la zone de Lomé II et de la ville de Kara où des délestages persistants ont fait apparition, le chef de l’Etat de l’époque, Gnassingbé Eyadèma a personnellement décidé d’y trouver une solution définitive et a fait appel à des ingénieurs qui lui ont proposé l’achat de trois grands groupes électrogènes thermiques (deux pour Lomé et un pour Kara). Il confie, pour l’expertise, le marché à la Ceet, Compagnie de l’énergie électrique du Togo. Rapidement, Générale d’Afrique se trouve des complices de hauts niveaux et livrera des groupes bricolés.


Quelques mois après livraison, un des groupes tombe en panne puis un second. En faisant des vérifications, la Ceet s’est rendue compte que pour deux des trois groupes électrogènes neufs, plusieurs pièces maitresses étaient vieilles. En effet, les fournisseurs auraient remplacé des pièces originales par des frelatées pour les revendre à l’Etat, dans l’espoir d’une panne qui n’a pas tardé à venir. Deux autres scandales sur lesquels nous reviendrons suivront et le groupe a fermé le siège de Générale d’Afrique qui se trouvait à Todman, ex siège de Idh, Investir dans l’humain de l’ancien Premier ministre Kwasi Klutsè. Ce n’est qu’après ce scandale que Adoum et compagnie, pour échapper à la colère du gouvernement togolais, partiront pour le Bénin pour revenir dans la foulée de la mort de Gnassingbé Eyadèma.

Il est curieux que, sans rien vérifier de leur passé, le ministère des finances ait pu contracter avec eux un contrat aussi important alors qu’il était encore facile d’en savoir très rapidement sur ce groupe. Ayassor devrait rompre le silence pour justifier sa bonne foi présumé pendant que Générale d’Afrique ne se cache pas de faire savoir qu’il a été, dans le dossier de numérisation, «hautement corrompu». La Côte d’Ivoire, qui vient de céder à Générale d’Afrique la construction de la plus grande gare de l’Afrique occidentale à Abidjan devrait s’inspirer du passé de la société.

La visite de chantier et le dessous du plan

Mardi 2 septembre 2014, une délégation débarque sur le chantier qui hébergera le siège de la tvt. Elle est composée de quelques personnes du ministère de la communication mais aussi et surtout des experts ingénieurs du ministère des travaux publics. Le contrat n’ayant pas prévu de contre-expertise, pour garantir à l’Etat le droit de regard qui devrait être le sien, le ministère de la communication a fait appel à celui des travaux publics pour disposer d’experts. La visite a permis de relever quelques failles. Les ingénieurs se sont rendus compte que la fondation prévue peut tenir à difficilement les 4 niveaux d’étage. Ils ont insisté pour que la fondation soit renforcée pour, selon la ministre Anaté Kouméalo, « permettre d’ajouter des niveaux supplémentaires si le besoin se fait sentir» à la longue.

Excellente idée quand on sait que dans la zone, les bâtiments sont tous à 1+6 ou 1+8 pendant que la Tvt doit se contenter d’un bâtiment à 4 niveaux sans sous-sol adapté qui ne pourra pas être visible de la route principale. La délégation a relevé aussi des non respects des dimensions et un manque de matériels adaptés pour réaliser le projet. Ceco-Btp a promis faire tout le nécessaire, sans délai.

Cette société spécialisée dans les routes est l’une des plus outillées du pays et la ministre entend compter «sur son patriotisme pour suivre tout de près». Les techniciens chargés du chantier avaient du mal à faire une présentation cohérente, pour le simple fait que ne disposant pas de détails suffisant sur le marché qui n’a pas de cahier de charge, ils ont dû se faire une idée à partir de quelques précisions du contrat. Pire, plusieurs sociétés ont été recrutées pour faire le boulot sans jamais donner un coup de perle jusqu’à ce que Ceco-Btp ne le prenne en main. D’un sous-traitant à un autre, le chantier en prend naturellement de coups.

A son arrivée au ministère de la communication, il a fallu plusieurs mois au chargé des marchés publics, pour avoir accès à tous les contrats. Alors qu’Akakpo insistait pour en avoir copie, Générale d’Afrique n’avait qu’un seul refrain, «c’est dans un coffre».

L‘intéressé a dû menacer de boycotter le chantier pour enfin, recevoir le contrat supplémentaire des 5,6 milliards. Entre le contrat et le plan linéaire, le seul qui existe du futur siège de la télévision nationale, plusieurs mois. Il a donc fallu signer le premier contrat de 20 milliards sans cahier de charge, le second de 5,6 milliards aussi bien sans cahier de charge que sans plan et il a fallu attendre plusieurs mois pour qu’un plan linéaire ne sorte.


Le grand problème de Générale d’Afrique, c’est bien sûr la sous-traitance. Elle ne fait rien elle-même, ses dirigeants sont des plaisantins qui accumulent des marchés dans tous les domaines selon qu’ils aient des contacts ici et là ou qu’ils aient pu corrompre X ou Y. Imaginez-vous un instant qu’un vétérinaire installe une société qui fait dans plusieurs domaines : électricités, assainissement, la défense, la vente de tomates, l’exploitation de hangar au marché, allant du coq à l’âne, sans avoir aucune maîtrise précise. C’est cela Générale d’Afrique et la seule solution qui s’impose à elle, c’est la sous-traitance, ce qui augmente le coût des marchés et ouvre la voie à toutes les dérives et bricolages.

Le ministère de la Communication prend la situation en main

«Etat des lieux», c’est le groupe de mots qui revient sans cesse au ministère de la communication. Pour ne pas dire « un audit » sur le travail abattu jusque-là par Générale d’Afrique dans le cadre de la numérisation. « J’attends cet état des lieux avant de me prononcer » insiste Anaté Kouméalo à qui nous avons tenté vainement d’extorquer un avis. « Le contrat a été signé par mon prédécesseur, j’hérite donc du dossier et après l’état de lieux, je pourrai en dire plus, on ne peut pas juger ou apprécier sans sonder tous les aspects du dossier » se contente-t-elle de dire alors que l’inquiétude est visible dans son cabinet depuis qu’elle a visité elle-même le chantier.

Alors que les infrastructures d’accueil des 11 relais de l’intérieur du pays ne sont pas construits et que le siège à Lomé n’est qu’à l’étape de fondation, Générale d’Afrique insiste qu’il a dépassé « largement les 80% ». Comme si la facilité à décaisser l’argent public pouvait provoquer une myopie subite, disons une cécité. Le ministère essaie de trouver une solution médiane qui permette de respecter le délai et de faire un travail acceptable. Le ministère de tutelle de la télévision nationale est préoccupé par deux choses importantes pour Kouméalo,» la qualité du travail et le délai« . Si la date butoir est le 17 juin 2015, la ministre insiste pour que le 26 avril, à la veille de la fête nationale du Togo, la livraison du marché soit fait.

Promesse réitérée par Générale d’Afrique qui devrait compter sur Ceco Btp qui a décidé de consacrer au chantier tous ses grands moyens « pour aller rapidement» .

L’actuelle ministre de la communication, Germaine Anaté Kouméalo a hérité de la patate chaude qu’est Générale d’Afrique. Avec ses contorsions, ses illusions, ses calculs malins et ses aires de suffisance. Le contrat actuel de la numérisation a été signé par son prédécesseur, Oré Djimon qui a émis une réserve pour une multitude de raisons et qui, aujourd’hui encore, reste très amer à propos d’un contrat « tombé de nulle part et au contenu scandaleux».

Dès le début, l’ex ministre de la communication a émis trois doutes dans un courrier adressé à son homologue des finances et dont nous avons copie. Il a souhaité que le marché soit réalisé avec des partenaires togolais qui « ont fait par le passé une certaine preuve dans le domaine».

Il a ensuite souhaité qu’un cabinet de contre-expertise soit commis puisque ni le gouvernement, ni les techniciens de la télévision nationale, ni le cabinet du ministère de tutelle ne savait pas grand-chose de la numérisation qui est un phénomène nouveau. Enfin, il a souhaité que la télévision nationale soit d’avantage associée, puisqu’elle est la principale bénéficiaire du projet.

Par rapport aux trois inquiétudes, il a reçu une réponse orale de Othèth Ayasor qui ne voit pas « pourquoi il faut commettre un cabinet de contre-expertise alors que l’Etat n’a pas de l’argent». Le Togo peut débourser 25 milliards mais ne disposerait pas de dix à quinze millions pour disposer d’une structure de contre-expertise. Quel paradoxe ?

MAX-SAVI Carmel









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