L’annonce de l’entrée de Qatar National Bank dans le capital d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI), n’a pas laissé indifférents les analystes et les investisseurs dans les marchés financiers où le groupe est coté. Sur le Ghana Stock Exchange, le titre ETI a occupé la deuxième place des transactions, avec 281 800 actions qui ont changé de main.
Sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l’UEMOA basée à Abidjan, le titre a terminé la journée du 4 septembre sur une progression de 2%. Son rendement depuis le début de l’année est ainsi ramené à 0%, il était de -5,7% il y a encore quelques semaines. Sur le Nigerian Stock Exchange (marché financier nigérian), le titre est sous les feux des projecteurs. Il a progressé de 2,3% et a atteint 17 nairas, soit le niveau le plus haut depuis les deux dernières semaines.
On possède aujourd’hui quelques détails sur la transaction. Au total QNB a acquis ses actions en rachetant près de deux milliards d’actions directement à un investisseur institutionnel (AMCON), a un cours d’action de 20,01 nairas, de 18% supérieur aux 17 nairas que vaut ce titre actuellement. Au total et sur cette base, la transaction brute aura coûté au groupe qatari 217,8 millions $.
L’arrivée de cet investisseur a relancé le débat sur les solutions possibles pour le groupe bancaire panafricain, face à la contrainte d’accroître ses réserves dans certains pays comme le Nigéria ou encore le Kenya, où les régulateurs ont fixé de nouvelles règles en la matière. Il faut relever avec certains observateurs, que la transaction s’étant effectuée hors marché, cette dernière n’aura pas un effet de dilution sur les titres et donc le problème d’injection de capitaux en vue de renforcer les fonds propres de certaines de ses filiales (Kenya et Nigéria), reste entier.
Lors de la conférence avec les investisseurs et les analystes sur les résultats du premier semestre 2014, le management d’ETI a fait savoir que le rapport d’adéquation de ses fonds propres (CAR) notamment dans sa filiale nigériane était de 16,1% à la fin juin 2014, avec un ratio du capital tier1 à 13%. Le Capital Tier 1 est le noyau dur des fonds propres d’une banque et au Nigéria, c’est l’indicateur le plus important pour la banque centrale dans le cadre de ce qu’on désigne comme étant des banques systémiques.
Au premier juillet 2014, la Société Financière Internationale (SFI) a fait jouer son droit d’option et a converti les créances qu’elle détenait sur ETI Nigeria (à travers deux de ses fonds) en actions, portant ainsi le ratio de capital tier 1 à 13,5%. Aussi la filiale nigériane d’ETI a levé 250 millions $ dans le cadre d’un emprunt international, afin de renforcer son capital tier 2, portant l’adéquation globale de ses fonds propres à 17,5% soit seulement 1,5% au-dessus de la norme de 16% fixée par la Centrale Bank of Nigeria.
L’exercice par Nedbank de son option de conversion de créance en action et d’une augmentation parallèle de cash additionnel, reste une solution confortable pour le groupe Ecobank. Deux scénarios sont envisagés par les analystes. Le groupe sud-africain converti simplement sa créance, et dans ce cas, le Tier 1 progresse à 15,3% et le CAR global reste à 17,5%. Ou alors, Nedbank converti sa créance et y ajoute des fonds additionnel, ce qui le fait grimper à hauteur de 20% du capital d’ETI, mais surtout propulse le capital Tier 1 à 16,5% et le CAR global à 18,3% (un niveau beaucoup plus confortable).
En attendant les analystes nigérians gardent confiance dans le titre du groupe sur le Nigerian Stock Exchange, et le recommandent à l’achat, avec un objectif de cours ciblé à 24,5 nairas.