A quand la fumée blanche dans le processus de désignation du « candidat unique » de l’opposition ? S’interrogent bon nombre de togolais. En conclave depuis plusieurs semaines, le CST et la Coalition Arc-en-ciel peinent a accorder leur violon sur le choix dune personne sensée battre Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2015. Dans un document intitulé « L’APOSTROPHE », Nicodème Habia estime que le processus traine et risque « d’empiéter sur le temps de la mise en place d’une réelle stratégie commune sur le terrain ». Pour le président de l’association Action pour la Protection des Droits de l’Homme et le Développement Social (APDHDS), « ce n’est pas le moment de se tergiverser sur la question du leadership, il faut plutôt penser à intérêt supérieur du peuple ». M Habia invite par ailleurs l’opposition à « ne pas tomber dans les mêmes erreurs que les aînés ».
L’APOSTROPHE
Une grande partie de la classe politique de l’opposition Togolaise, en conclave. Elle se cherche toujours, un Candidat unique qui représentera l’opposition à la présidentielle de 2015. Mais la fumée blanche tarde toujours. Dans les coulisses comme sur les médias, des divergences apparaissent. On susurre et les commentaires vont bon train. Dans un camp, on impose et on s’improvise candidat unique. Et dans l’autre, on a déjà son choix et il faut l’imposer aux autres de gré ou de force et des informations font déjà état de querelles et de bagarres brutales. C’est l’image de l’opposition Togolaise.
Cette situation n’est pas une première du genre dans notre pays. Elle hérite des situations de même nature qui se sont produites au lendemain du déclenchement du processus démocratique. La veille des élections présidentielles de 1993, le lendemain des Législatives de 1994 aussi bien, le lendemain de la mort du Général Eyadéma en sont une parfaite illustration. La division de l’opposition Togolaise est vraiment manifeste et s’est véritablement accentuée au lendemain du 05 Octobre 1990.
L’intérêt personnel en a été la cause. L’intérêt supérieur du Peuple que nous avons juré défendre à cor et à cris a toujours été relégué au second plan et nous en payons toujours le prix. Chacun veut se faire un nom, chacun cherche sa popularité. L’égoïsme et l’égocentrisme se sont forgés une place pas des moindres au sein de notre rang. Et le Peuple et nous, en souffrons considérablement. Nous subissons et le Parti au Pouvoir se voit toujours renforcé.
A la veille des élections Présidentielles de 2015, allons-nous toujours perpétuer l’héritage que nous ont laissé nos ainés ? Même si nous sommes les héritiers de ceux qui sont morts, nous devons savoir aussi que nous sommes les collaborateurs de ceux qui vivent et par là, nous devons avoir l’esprit d’équipe et chercher l’intérêt du groupe afin de rendre la collaboration parfaite pour que la génération présente et celle à venir puisse véritablement en profiter.
Assez d’erreurs ont été commises ; nous avons facilité les choses au Pouvoir Gnassingbé. Ce sont des héritages qui nous ont détruits. Nous devons maintenant les réfuter et changer de cap. S’il est vrai que le but de tout parti politique est de conquérir et d’exercer le Pouvoir, force est de constater qu’au-delà de toutes définitions académiques, l’intérêt du Peuple et du Pays doit prévaloir. Et si cela nécessite des sacrifices énormes, de l’abnégation, nous devons les faire.
Est-ce le moment de se chamailler en se campant sur sa position ? Est-ce le moment de clamer haut et fort que son parti est le plus représentatif du moment, on se doit de le rappeler que des efforts et des sacrifices ont été consentis en faveur d’un parti populaire à la veille des élections de 2005, est- il possible de le rééditer en 2014 voire 2015 ? N’est-il pas intéressant d’oublier tous ces argumentaires pour pouvoir trouver un terrain d’entente ?
La candidature unique de l’opposition, n’est qu’un rêve pour certains parieurs. L’union de l’opposition, sa réalité n’est pas de ce monde pour ces mêmes observateurs.
Pendant ces 24 années, nous souffrons, nous subissons la loi du clan Gnassingbé, et nous y contribuons énergiquement. Notre union ferait amoindrir et fragiliserait énormément le camp d’en face et insufflera un nouveau élan de mobilisation populaire sur toute l’étendue du territoire. Nous avons raté la Conférence nationale et la Transition. Allons-nous encore rater cette échéance et celle à venir ?
Nous avons traversé des choses, nous avons été au cœur des difficultés, c’est le moment d’en tirer les leçons et poser des actes concrets pour l’avenir. Le monde bouge à une vitesse stupéfiante avec une crise d’une violence inouïe, alors nous ne devons plus perdre notre temps.
Ce temps si long consacré à la désignation du Candidat devrait être écourté. Le reste devrait couvrir la mise en place d’une stratégie commune de la campagne, la maitrise du terrain et l’élaboration d’une vaste politique de développement.
Mettons fin à nos divergences inutiles, soyons sérieux au Conclave, pensons à ce Peuple que nous aimons tant et qui a souffert pendant plus de 50 ans.
Gilchrist OLYMPIO, Yaovi AGBOYIBOR, Edem KODJO, Léopold GNININVI et bien d’autres ont peut-être commis des erreurs. Ne leur emboitons plus le pas. Si nous leur emboitons le pas, nos enfants nous jugeront et les générations futures nous condamneront.
Bonne chance au Conclave et que Dieu bénisse et illumine les Participants pour le bonheur du peuple togolais.
Fait à Lomé, le 1er Sept 2014
Pour le bureau de l’Association
Honorable Nicodème Ayao Habia