Togo - En ce 21e siècle où le monde est devenu, grâce à l’évolution des Technologies de l’information et de la communication, un village planétaire, l'on remarque malheureusement qu'au Togo, l’administration se montre encore en marge de cette nouvelle donne.
Pour preuve, la demande de l’établissement du casier judiciaire, est un parcours de combattant.
"Je vous dis que c’est un parcours de combattant", a déclaré un requérant rencontré au Palais de justice ce matin.
L’administration judiciaire togolaise souffre énormément de son fonctionnement archaïque. Le projet de réforme de la Justice n’a servi qu’à badigeonner la clôture et l’enceinte du Palais de la Justice ponctués de séminaires de formations. En tout cas, c’est l’impression que l’on a aujourd’hui.
Pour avoir un casier judiciaire, il faut se rendre au lieu de sa naissance pour espérer se procurer le précieux sésame.
L’administration judiciaire ne dispose, en tout cas selon nos enquêtes, pas de base de données pour vérifier des informations sur tous les citoyens à Lomé.
"Je dois me rendre à Bassar pour me faire établir mon casier judiciaire. Il faut donc aussi que je cherche l’argent du voyage. Je n’y peux rien, je dois tout faire pour participer à ce concours", a révélé Tom, un jeune diplômé.
Comme Tom, les personnes dont les lieux de naissance sont éloignés de Lomé rencontrent beaucoup de difficultés pour se faire établir ce document.
La situation n’est pas rose à Lomé non plus. Il y a une certaine lourdeur constatée dans l’établissement du papier.
De plus, renvoyer les gens pour aller se faire établir un casier judiciaire sur leur lieu de résidence se révèle un peu dangereux, selon un juriste. "C’est un problème délicat auquel nous sommes confrontés", a-t-il reconnu.
Il a ajouté un peu désolé : "Nous demandons parfois à un individu le casier judiciaire qui ne révèle rien sur lui. S’il n’a pas été condamné dans sa ville natale, il l’a peut-être été dans sa ville de résidence". Il reconnaît ensuite la vétusté du système de fonctionnement de l’administration judiciaire.
"Normalement, nos systèmes de fonctionnement devront être informatisés. Que l’on soit à Lomé, Aného, Tsévié, Bassar, Kara, Kanté ou Dapaong, l’on devrait avoir accès sans difficultés aux informations concernant tout citoyen. L’Etat devrait penser à la décentralisation et l’informatisation de ses structures", a-t-il poursuivi.
Le casier judiciaire, il faut le reconnaître, n’est pas le seul document dont la délivrance constitue un souffre-douleur pour les populations. Le problème concerne aussi la carte d’identité, la nationalité, le passeport et même la naissance. Des documents nécessaires dans la vie d’un citoyen.