Par Dr Koffi SODOKIN , Professeur à l’Université de Lomé
Les enjeux
Le Togo a connu ces cinq dernières années, malgré les crises, une croissance économique moyenne de 5% et met tout en œuvre pour atteindre la quasi-totalité des cibles des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Malgré ces progrès, les indicateurs humains et les indicateurs de répartition des fruits de la croissance continuent de faire l’objet de préoccupations.
Le constat est le même pour les défis nouveaux générés par les préoccupations liées au développement durable et à la nécessité de mettre en place une économie qui tienne compte de l’épuisement inexorable des ressources non renouvelables et de la nécessité de promouvoir de nouveaux modes de consommation et de production.
Après 50 ans d’indépendance, le Togo reste toujours confronté, à l’instar des autres pays africains, à de nombreux défis : l’amélioration de la productivité, l’accélération des exportations, la diversification et la sophistication de l’offre des biens échangeables et non échangeables, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et son adéquation avec les besoins des secteurs productifs, le développement des services sociaux et la couverture des besoins de financement.
Parmi ces défis, l’un des plus critiques reste l’insuffisance de moyens de financement de l’économie en général. En effet, de nombreux secteurs productifs qui revêtent une importance particulière dans les stratégies de développement, comme le secteur agricole, les infrastructures, des petites et moyennes entreprises et celui des énergies nouvelles et renouvelables, ont ainsi du mal à mobiliser un financement suffisant et approprié. Cette préoccupation en rapport avec le déficit de financement est un souci majeur pour les besoins de financement pour les 50 prochaines années au regard des ambitions affichées à l’horizon 2030 et au-delà.
Les appuis financiers des partenaires institutionnels classiques (bilatéraux, multilatéraux et autres), bien que très utiles et importants, ont tout de même révélé leur limite pour les 50 années passées. En pratique, l’économie togolaise ne s’est pas développée et naturellement, tous les espoirs se sont portés sur les années à venir à l’instar de l’ensemble des pays africains.
Mais de grandes questions restent pendantes; parmi elles, se trouve la cruciale question de la mobilisation des ressources internes et externes en rapport avec le besoin de financement de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, des Petites et Moyennes Entreprises, les infrastructures, le développement social et autres. Le grand constat, cependant est que tous les efforts déployés sont contrebalancés par la lourde contrainte de la fuite des capitaux à laquelle fait face le Togo et dans une plus grande mesure l’ensemble des pays africains.
Les évolutions récentes
Les données factuelles restent très alarmantes et toute somme préoccupante comme le montrent les tableaux 1 et 2 ci-dessous. Le Togo a perdu entre 2005 et 2011 17,8 milliards de dollars US en termes de sorties illicites de capitaux, soit 48 fois le stock de la dette extérieure du Togo en 2011 et 88,4% du PIB nominal cumulé entre 2005 et 2011.