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"La Plateforme constitue une réponse appropriée à l’allègement des corvées des femmes en milieu rural"
Publié le mercredi 10 septembre 2014  |  Horizon news




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Lancée en 2011 par le Chef de l’Etat Togolais à Gapé-Dzatikpo (Préfecture de Zio) pour combler le manque de la source d’énergie électrique dans les milieux ruraux, la plateforme multifonctionnelle tend à révolutionner essentiellement le processus de développement économique des villages.


Trois ans après sa phase pilote, la Plateforme constitue une réponse appropriée à l’allègement des corvées des femmes en milieu rural dans le cadre d’une approche sociale et économique intégrée.

Et justement, l’enjeu principal du programme national d’extension de la PTFM au Togo est de servir de levier d’accélération, à travers une dynamique de développement local, du rythme de l’atteinte des objectifs de la stratégie de réduction de la pauvreté et des OMD.
La Plateforme Multifonctionnelle touche les différentes couches sociales du village en fournissant une source d’énergie abordable et permet de donner une impulsion importante aux différents domaines économiques et sociaux du monde rural (transformation agroalimentaire, irrigation, santé, éducation, artisanat traditionnel et mécanique…).

L’équipe du journal « Economie et Développement » s’est entretenue avec AWILI Prénam, Coordonnatrice du Programme National de Développement de la Plateforme Multifonctionnelle au Togo sur les enjeux de ce nouvel outil de développement à la base.

Expliquez sommairement le concept de la plateforme multifonctionnelle

La Plateforme Multifonctionnelle (PTFM) est une force motrice constituée d’un moteur (diesel et/ou biocarburant), d’un alternateur de préférence triphasé auxquels sont raccordés divers équipements (modules et outils) destinés à assurer une multitude de fonctions comme : la transformation mécanique des produits agricoles et agro forestiers (égreneuses, décortiqueuses, moulins, presse à huile, etc.), la production d’électricité pour alimenter (les postes de soudure, d’aiguisage, de chargeur de batteries, de machines de menuiserie, etc.) et les micro ou mini-réseaux d’électricité et d’adduction d’eau potable (pompage) pour les localités rurales et périurbaines non électrifiées de faible taille démographique (500 à 2 000 habitants). Les principaux acteurs du programme national PTFM sont les populations rurales des zones enclavées, en particulier les femmes et les jeunes.
La plateforme est gérée par un comité de 06 membres mis en place au sein du groupement porteur de la PTFM et qui a obligation de résultats vis-à-vis de la communauté c’est à dire rendre compte de la gestion financière au Chef du Village, au Comité Villageois de Développement (CVD) à travers les outils de gestion mis à leur disposition.
Quels sont les types de plateformes qui existent sur le terrain

La configuration technique de la PTFM dans chacun des villages ciblés est fonction des caractéristiques agricoles, sociales et économiques. Le processus de configuration devra donc répondre aux besoins des populations par une analyse appropriée de la demande locale.

Il existe à cet effet 04 types de plateformes telles que la plateforme standard qui consiste à aligner les équipements dans un même local, la plateforme nouvelle configuration qui consiste à compartimenter le bâtiment et à distribuer des équipements qui puissent fonctionner au même moment, dans ce cas spécial, on peut faire fonctionner 04 équipements par exemple avec une même quantité de gasoil.
On distingue également la plateforme mini ou micro réseau électrique qui sert d’éclairage public, la plateforme mini adduction d’eau potable qui consiste à alimenter un forage à partir de l’énergie de la plateforme et à pomper de l’eau pour la distribution.
Dans le village Oligo où la plateforme a servi d’éclairage public. Comment la communauté est-elle arrivée à cette réalisation?

A la réalisation des études de faisabilités participatives pour l’installation de la plateforme standard dans le village d’Oligo, les membres des groupements et la communauté ont été sensibilisés sur la possibilité de disposer d’un éclairage public. La communauté ayant compris s’est appuyée sur la diaspora pour fournir du matériel (notamment deux touries de câble électrique). Ce geste louable a motivé Mme la Ministre du développement à la base à demander l’appui du ministère de l’Energie pour un accompagnement adéquat. Ce projet estimé à environ 5 millions FCFA a connu l’appui en matériels de la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) comme les câbles électriques, les poteaux électriques, les lampadaires et les accessoires (connecteurs…) et un autre partenaire qui s’est offert les services des installations électriques.

La plateforme d’Oligo est constituée d’un moteur 10 (chevaux), d’un alternateur triphasé 10 kva, d’un moulin à maïs, d’une décortiqueuse de riz , d’un aiguiseur de meule de moulin et d’outils agricoles et d’une table de chargeurs de portables. Par rapport au temps de fonctionnement journalier, la plateforme fournit de l’énergie électrique en quantité pour un grand éclairage dans le village.

Il faut noter que le village Oligo dispose d’une union de six groupements bien organisés, qui fait tourner la plateforme, en moyenne, pendant 8h par jour et au maximum 13h à 14h. Ceci sert à alimenter 18 lampadaires sur 18 poteaux électriques et qui desservent 700 m du village.

Cette énergie est en voie d’être commercialisée actuellement. Le comité électricité qui sera mis en place pour la gestion de l’électricité doit veiller à ce que chaque abonné puisse payer mensuellement sa consommation; ce qui permettra l’approvisionnement en gazoil en temps réel et la maintenance des installations. Un film documentaire est en tournage dans la localité afin de montrer cet exemple à plusieurs communautés bénéficiaires et même celles non bénéficiaires de la plateforme comme modèle de bonne gestion, de meilleure organisation et de réussite.
Combien de plateformes sont déjà installées depuis le début de ce programme ?

A ce jour, 74 plateformes ont été installées sur l’étendue du territoire : 13 dans la région maritime, 16 dans les plateaux, 13 dans la région centrale, 14 dans la région de la Kara et 18 dans les savanes. Le coût de chaque installation plateforme standard est estimé à 8 millions y compris les frais d’installation et de formation. On peut citer une 75ème PTFM qui est installée à Cacavéli (Blue Zone) avec l’appui du groupe BOLLORE et qui est une expérience pilote d’une plateforme solaire. L’utilisation de l’énergie solaire pourrait être conduite à l’échelle étant donné qu’elle permet, non seulement d’éviter l’utilisation du gasoil dont les exploitants PTFM se plaignent de la cherté, mais aussi, le souci est de protéger l’environnement contre la pollution et donc de lutter contre les changements climatiques.
Comment comptez-vous pérenniser ces entreprises et les principaux réseaux de services énergétiques

La stratégie repose avant tout sur l’assurance de la rentabilité des opérations de l’entreprise PTFM, gage de continuité des actions et de leur durabilité. Cela suppose un cadre institutionnel animé par des acteurs dont la capacité est avérée pour assurer à terme leur autonomisation organisationnelle, technique et financière. Cela suppose aussi un partenariat durable avec les structures d’appui à l’entreprenariat, capables d’accompagner les entreprises PTFM dans leur développement. Aussi, cette stratégie reposera-t-elle sur un système de suivi-évaluation efficace des entreprises PTFM, capable d’aider à la prise de décision sur les adaptations et ajustements nécessaires au renforcement des capacités, à la consolidation des partenariats et à l’ouverture de nouvelles perspectives de développement.

Les conditions suivantes seront nécessaires pour garantir la pérennité des interventions du programme : il s’agit de la mobilisation des ressources pour atteindre les objectifs fixés, la synergie d’actions avec les différents ministères sectoriels à travers le comité d’orientation stratégique mis en place, la viabilité commerciale en fonction de la capacité de la PTFM installée à fournir des services adaptés aux besoins des populations ; de l’émergence d’une culture entrepreneuriale basée sur la performance et la rentabilité; de la viabilité organisationnelle qui sera fonction de l’opérationnalité de la structure chargée de l’exécution du Programme, notamment, par sa dotation en ressources humaines de qualité et la flexibilité de son management et enfin la maximisation des effets et impacts attendus du programme et leur partage (communication) régulier avec toutes les parties prenantes.
Quels sont les partenaires de cet ambitieux programme?

Le PNUD est le premier partenaire du programme ensuite se sont ajoutés d’autres comme le Programme National Plateforme Multifonctionnelle pour la Lutte contre la Pauvreté du Burkina-Faso, le Programme Régional Energie pour la Lutte contre la Pauvreté (PREP), les institutions de micro finance et le secteur privé.

La BOAD a également contribué par le financement de 200 plateformes multifonctionnelles pour le compte du Programme d’Appui au Développement à la Base (PRADEB) qui seront inclues dans les 1000 que le Chef de l’Etat Togolais a exprimé dans la vision à atteindre dans les communautés d’ici 2018. Le coût global de ce programme est estimé à 9,6 milliards de FCFA.

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