Comme nous l’écrivions en début de semaine, le président du bureau provisoire de UNIR, Faure Essozimna Gnassingbé est conscient, du moins partiellement, des graves et difficiles problèmes qui minent son camp, depuis le choix arbitraire des candidats qui vont porter les couleurs de ce parti en gestation lors des prochaines élections législatives.
Après avoir rencontré mercredi à Lomé, ceux de la région maritime et des plateaux, Faure Gnassingbé sera vendredi à Kara, à partir de 10 heures, face aux députés sortants et les potentiels entrants des trois autres régions du Nord.
Là, tour à tour, il recevra les députés de la région centrale, puis ceux de la Kara et enfin ceux des savanes pour tenter d’aplanir les divergences, calmer les esprits et négocier la mobilisation de tous pour l’hypothétique victoire de UNIR aux législatives prochaines.
La quasi-totalité de ces élus ont rejoint Kara jeudi, pour attendre le prince et son message. Aigris et assez révoltés par la méthode Faure, beaucoup parmi ceux-ci s’interrogent sur l’issue d’une telle initiative.
« Nous avons été assez lâches depuis là, maintenant c’est fini, on ne peut plus nous mener en bateau comme si nous étions des moutons de panurge » s’est indigné jeudi, un parmi eux joint au téléphone par togoinfos.
Mais auront-ils le courage de verser leur bile sur Faure Gnassingbé à Kara ? Rien n’est moins sûr, car autant ils sont révoltés et indignés par l’humiliation que le chef de leur parti leur fait subir, autant très peu d’entre eux sont réellement courageux et déterminés à prendre leur destin en main.
Dans tous les cas, Faure Gnassingbé va essayer de les charmer pour leur faire croire que tous comptent pour lui, retenus ou non pour arborer les couleurs de UNIR aux législatives en perspective. Il va assurer leur déplacement, leur offrir un bon déjeuner pour dissiper tout le bouillonnement intérieur qui les anime actuellement.
Mais cette démarche du Chef de l’Etat suffira-t-elle pour ramener la quiétude sur le terrain ? Rien de garanti non plus. Car au-delà de leur amour propre qui a été agressé, les députés ont bien une autre paire de manches à affronter avec la base.
Les populations du nord comme du sud, critiquent ouvertement la méthode de gouvernance de Faure Gnassingbé, son manque de leadership, ses tâtonnements et les répétitifs coups-bas qui caractérisent son régime. C’est pourquoi l’on a noté, depuis quelques mois, des soulèvements contre les symboles de l’Etat, dans les fiefs mêmes du régime en place.
Des drapeaux ghanéens et béninois ont flotté dans plus d’une localité de notre pays ; des commissariats et mairies ainsi que des véhicules de service ont été brûlés, des agents de sécurité ont été agressés par des populations en courroux.
Le moins que l’on puisse dire, la sérénité est loin de régner dans le pays, la confiance non plus. En témoignent les récents sondages sur l’afrobaromètre au Togo où, plus de 80% des togolais n’ont pas confiance en leurs dirigeants.
Comment dans un tel climat délétère, le pouvoir de Faure Gnassingbé tient, à tout prix, à aller aux élections législatives sans un minimum de compromis politique et ce, malgré les incessantes interpellations de la Communauté Internationale et des leaders d’opinion dans notre pays sur les risques que comporte un tel projet ?
En réalité la démarche de Faure Gnassingbé est très simple et compréhensible pour ceux qui suivent de près la situation politique au Togo. Il faut tout brouiller pour pouvoir gagner.
Le pouvoir de Lomé a bonne conscience que dans des conditions normales, il ne peut pas remporter une élection crédible au Togo.
Que faire dans un tel contexte où les gens se savent indubitablement vomis par les populations à la base alors qu’ils ont envie de se maintenir, pour longtemps encore au pouvoir ?
Il faut dribbler les adversaires. Il faut duper les populations par des opérations de charme qui n’ont rien de réalistes.
Les conditions rigides dans lesquelles Faure Gnassingbé veut, coûte que coûte aller aux élections indiquent clairement qu’il veut forcer le passage pour se fonder une popularité artificielle.
L’une des preuves de ce forcing a été étalée à la face du monde mercredi par la Cour Constitutionnelle qui a invalidé, sur un coup de tête, des listes compétitives dans la Kozah, le Dankpen etc, alors qu’ailleurs, beaucoup de listes sont passées avec des jeunes de moins de 25 ans comme candidats.
Des exemples de ces incongruités sont multiples et ouvertement affichés sur les listes publiées sur le site de la Cour.
En l’espèce, Mme AMEVO Améyo Sitsopé est né le 06 Août à Agou 1988 et inscrite sur la liste FDL à Agou a été validée.
Il en est de même pour, le candidat AMAH KOFFI PASMA, sur la liste de la CPP dans la Binah, né le 31 décembre 1988 et donc n’aura 25 ans qu’en décembre prochain, dont la liste a été validée par la sacrée Cour de Aboudou Assouma, un inconditionnel du régime.
Et que dire de la liste de la NDP qui avait été validée dans le Wawa alors qu’elle est incomplète ou même de Dahuku Péré qui porte encore la couronne de l’Alliance mais se retrouve sur la liste de UNIR à Blitta comme suppléant à Koudjokoum, le puissantissime Dg de la LONATO ?
Ailleurs, des inspecteurs de trésors ont été rejetés au moment où la Cour valide royalement les listes qui comportent des noms des directeurs financiers ou même ceux du patron de l’autorité de régulation des marchés publics.
Quelle est la logique de cette Cour ? Elle n’est rien que celle tracée par le haut, par le pouvoir…gagner à tout prix par triche ou par ruse.