Togo - « On ne prête qu’aux riches » ; voilà un adage qui semble correspondre à la réalité des banques au Togo, où on a l’impression que ces banques n’existent que pour servir ceux qui sont déjà riches.
Dans une récente enquête faite par notre rédaction sur les institutions de microfinance, nous avions relevé que la pauvreté ne cesse de gagner du terrain malgré leur foisonnement. Ce qui est normal à voir les taux d’intérêt qui parfois dépassent la capacité des demandeurs de crédits.
Dans un pays comme le Togo, où tout est urgence et où les gouvernants demandent aux citoyens, et surtout aux jeunes diplômés de se lancer dans des initiatives privées, les banques semblent fermer leurs portes à cette classe d’entrepreneurs perçue comme une clientèle à risque.
C’est normal, établissements commerciaux, essentiellement à la recherche de profit, il n’est pas du ressort des banques de résorber la pauvreté. Mais on a juste l’impression que ces banques évoluent dans un monde à part et ne prennent pas en compte les besoins des entrepreneurs locaux
A l’heure où l’on innove dans d’autres pays pour booster l’entrepreneuriat en inventant de nouveaux services et produits financiers, au Togo, l’on semble figé.
S’il en existe, ces produits et services financiers ne sont pas du tout adaptés aux besoins des entrepreneurs et surtout ceux qui démarrent leurs entreprises.
« Pour avoir du crédit chez les banques, on te demande des choses que tu n’as pas. Par exemple, moi, on m’a demandé d’amener le titre foncier de mon terrain, pour un prêt de 250 000 FCFA. C’est une surprotection totale. Comment peut-on prendre un terrain qui vaut des millions pour garantir un prêt de 250 000 FCFA ? », a indiqué Folly.
Kokou, lui, de son côté déclare : « J’ai fait un transfert pour payer un fournisseur à l’extérieur. Mais il n’a pas reçu l’argent à temps et moi je n’ai pas reçu à temps mon matériel pour le travail. Ceci a occasionné un conflit entre mon client et moi à qui j’ai payé des dommages et intérêts. Quand je suis allé me plaindre à ma banque, ils n’ont fait que du dilatoire. J’estime avoir droit à un bon service et malheureusement, c’est ma banque même qui sabote mes affaires ».
Les banques disent parfois pour se justifier que les demandeurs de prêts ne présentent pas d’historiques et de plans d’affaires crédibles. Mais on a fort l’impression qu’avoir un prêt est devenu une affaire de riche et de relations.
Les banques ne te proposent des prêts que quand tes affaires marchent et que tu n’en a pas vraiment besoin. Certains font l’erreur de prendre ces et tombent dans les dettes. Parfois, il faut connaître quelqu’un au sein de l’institution pour appuyer ton dossier de prêt. Dans d’autres cas, il faut disposer des maisons et des terrains à mettre en garanties.
Au bout de la ligne, ceux qui bénéficient finalement des prêts, ce sont déjà des commerçants établis, des personnalités politiques, ceux qui travaillent à la banque eux-mêmes.
La majorité se contentant de payer chaque mois des ajouts hors de prix pour des comptes et des chéquiers qu’on utilise rarement.
Il est parfois ridicule d’entendre des banquiers parler de taux de bancarisation faible. Par quelle magie amène-t-on des gens à ouvrir des comptes dans des institutions qui finalement, ne leur offrent aucun service.
Un constat est clair. En occident, les banquiers se sont adaptés aux besoins et aux réalités des populations. Les produits et les services financiers sont variés et multiples.
En Afrique et particulièrement au Togo, les banquiers ont complètement raté le coche