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Interview avec Mme le ministre du Développement à la base autour du FNFI
Publié le vendredi 12 septembre 2014  |  Togo News


© Autre presse par DR
Mme Victoire Tomégah-Dogbé, ministre du développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes


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Interview à Madame le Ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes Victoire Sidémého Dzidudu Dogbe Tomegah sur le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) « Le bilan est somme toute positif car les populations à la base ont très bien compris le mécanisme ainsi que le mode opératoire du FNFI et de son premier produit, le produit APSEF».

Il est plus que jamais évident que le développement de tout pays est inhérent à la lutte contre la pauvreté à la base. C’est fort de ce constat que l’Etat togolais a mis en place depuis janvier 2014, le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI). Six mois après son lancement, nous faisons le point avec Madame le ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes Victoire Sidémého Dzidudu Dogbe Tomegah à travers cette interview exclusive accordée à la rédaction de Togoenmarche.com et du togonews.info.



Bonjour madame le ministre. Pouvez-vous nous rappeler brièvement ce que c’est que le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) ?

Madame Victoire Dogbé: Le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) a été lancé le 25 Janvier dernier à Kara par le Président de la République. C’est une institution qui vise la promotion de la finance accessible à tous. Le FNFI vise donc à faciliter l’accès aux sources de financement, surtout des plus pauvres et vulnérables, par l’entremise des banques et des institutions de microfinance.Il est question pour le FNFI de promouvoir dans la durée auprès des prestataires de services financiers, des approches novatrices qui génèrent des produits financiers pertinents et adaptés, destinés aux personnes pauvres ou à revenues intermédiaires.

Certains pensent que ce fonds aurait des visées électoralistes comme NAFI en 2010. Quel est le bien fondé de ce fonds à un an de la présidentielle de 2015 ?

Je voudrais une fois encore préciser que le FNFI n’a aucune visée électoraliste. Le FNFI est une réponse institutionnelle à la question de l’exclusion financière. Ses produits s’adressent à tous sans distinction. Le FNFI n’a pas de couleur politique. C’est même un projet unificateur qui s’adresse à tous les togolais. C’est un projet viable eu égard aux constats suivants :Le FNFI est un projet porteur car il s’inscrit dans la vision du gouvernement et du chef de l’Etat qui met tout en œuvre pour atteindre les résultats projetés par le fonds

Egalement porteur car il s’appuie sur un diagnostique de situation très clair qui est l’exclusion financière d’une grande frange de la population. Le FNFI prend en compte les désirs et les besoins des populations à la base.

Ensuite le projet est très réaliste car il s’appuie sur une identification des besoins réels, chiffrés et exprimés sur le terrain Le FNFI est corrélé avec les chiffres réels de la pauvreté au Togo tels que présenté par les statistiques en la matière.

Enfin le FNFI est réaliste car le nombre de bénéficiaires atteints depuis Juin confirment que les 300.000 personnes projetés pour cette année seront atteintes et même dépassé.
Six mois après le lancement de ce fonds, quel bilan faites vous de sa mise en œuvre sur le terrain ?


Six mois après le lancement du FNFI, je crois que l’on se rend aisément compte qu’il s’agit d’un projet porteur eu égard aux résultats qu’il a déjà atteint en si peu de temps. Le bilan est somme toute positif car les populations à la base ont très bien compris le mécanisme ainsi que le mode opératoire du FNFI et de son premier produit, le produit APSEF. Des groupes solidaires se forment à une vitesse remarquable, suivent des formations en gestion de crédit et obtiennent leurs crédits pour l’exercice de leur AGR. Ceci est une preuve que les populations ont bel et bien adhéré à la politique que cherche à atteindre le FNFI.

Vous aviez parcouru presque tout le pays dans le cadre de la mise en œuvre de ce fonds. Quel était l’objectif de ce périple à travers hameaux, villages et villes du Togo et quel sentiment s’est dégagé à l’issue de cette tournée ?

La tournée que nous avions faite avait pour objectif de s’assurer de l’effectivité des opérations d’octroi de crédit APSEF aux groupes solidaires qui en font la demande. Nous avons également profité de cette occasion pour sensibiliser davantage les populations sur le mode opératoire du FNFI ainsi que du produit APSEF. La tournée a également permis de lever les zones d’ombre qui persistaient encore sur certains aspects relatifs au FNFI.

Plusieurs sentiments se sont dégagés à l’issue de cette tournée. D’abord, il s’agit d’un sentiment très fort eu égard à la mobilisation exceptionnelle des populations, l’enthousiasme populaire, la spontanéité dans les rassemblements et l’écoute studieuse de la délégation que j’ai conduite.

Ensuite, j’ai remarqué une traduction d’une adhésion très forte au FNFI et surtout à ce premier produit qu’est APSEF. Les femmes, les hommes, les jeunes et mêmes les plus âgés ont manifesté un réel engouement pour ce produit.

Enfin, quelque chose qui m’a vraiment marqué, c’est la conviction générale des populations qu’APSEF est un produit de crédit à rembourser comme l’a indiqué le Chef de l’Etat au lancement du FNFI à Kara en janvier 2014.

Le premier produit du FNFI, APSEF a été lancé il y’a trois mois. Parlez nous de ce produit et comment se fait sa mise en œuvre sur le terrain ?

Le produit APSEF est un crédit de masse destiné à toucher un maximum de togolaises et togolais vulnérables partout sur le territoire sans aucune distinction. C’est un crédit qui se prend en groupes solidaires de 4 à 6 personnes. Le groupe solidaire sert de garantie et de caution mutuelle. APSEF est un crédit maximum de 30.000 FCFA. C’est un maximum, on peut prendre moins en fonction de l’activité. Le montant indique clairement la cible, APSEF c’est pour les personnes les plus démunies de notre société, les personnes exclues des systèmes financiers classiques, banques ou même IMF. C’est un crédit pour une durée de 6 mois renouvelable avec un taux d’intérêt particulièrement étudié : 5% l’an soit 750 FCFA sur un crédit de 30.000 FCFA sur la période de 6 mois.

Il faut également noter qu’il a été mis en place une ristourne d’intérêt qui permet une épargne stratégique de 3% soit 450 Fcfa sur le crédit de 30.000 quand il est remboursé à temps. Aussi, une assurance de 150 FCFA sur le crédit de 30.000 FCFA pour couvrir le décès ou l’invalidité permanente d’un membre du groupe solidaire.

Combien de personnes en sont déjà bénéficiaires ?


Le produit APSEF doit toucher 300.000 personnes avant la fin de cette année. Et seulement en quelques mois de mise en œuvre, nous avons pu toucher plus de la moitié de ce quotas. Ceci confirme bien le fait que les populations vulnérables considèrent le FNFI comme une mesure innovante. Je crois que l’équipe dirigeante du FNFI met les bouchées doubles pour atteindre, voire dépasser les 300.000 personnes avant la fin de cette année.

Y a-t-il un système de suivi évaluation pour la bonne mise en œuvre de ce fonds ?

Nous ne pouvons pas mettre en place un instrument tel que le FNFI si nous ne pensons pas à mettre sur pieds un mécanisme de suivi évaluation pour assurer le rôle de chien de garde afin que les objectifs du FNFI soient pleinement atteints. C’est dans cette optique, que la Direction des Etudes et du Suivi du FNFI organise périodiquement des missions de suivi et d’évaluation auprès des 18 institutions de microfinance afin de faire le point de l’évolution de leurs activités d’octroi de crédit mais également pour s’assurer de l’homogénéité des conditions générales d’octroi de crédit au niveau de toutes ces IMF. Ces missions de suivi et d’évaluation nous permettent de relever les difficultés, d’en proposer des pistes de solutions et d’harmoniser les procédures au niveau de toutes les institutions partenaires.

L’une des critiques faites à APSEF est le montant alloué aux bénéficiaires. Pensez-vous madame le ministre que 30.000F cfa sont suffisants pour une activité génératrice de revenus ?

Le produit APSEF comme son nom l’indique est destiné aux plus pauvres. 30.000 F cfa pour un pauvre, un vulnérable est déjà un bon début pour l’exercice d’une activité génératrice de revenus. Les femmes vulnérables de nos villages, cantons et préfectures n’ont généralement besoin que, d’un léger coup de main équivalent à la somme de 5000, 10.000 ou encore 15.000 F cfa pour entamer son petit commerce de vente de beignets d’arachide, de fromage ou de gombo frais dans un quelconque marché de la place. C’est évidemment à ce groupe de personnes que le crédit APSEF est destiné.

Etant un prêt, il faudrait rembourser. Comment se fait le remboursement ? y a-t-il certains qui remboursent déjà ?

La mise en place du crédit et son remboursement sont du ressort des institutions de microfinance partenaire. On peut cependant dire à partir de ce que nous avons observé dans la tournée que c’est aussi en groupe solidaire que les remboursements se font. Généralement les membres du Groupe mettent ensemble leurs remboursements toutes les semaines et à la fin du mois font l’opération de remboursement auprès de l’agent de l’IMF.
Les remboursements ont déjà commencé, par exemple avec COCEC dans le Golfe, avec URCLEC dans la Région Centrale.

Après APSEF, y aura-t-il d’autres produits ou c’est le seul que propose le FNFI ? Si oui à quand les autres?

APSEF n’est que le premier produit du FNFI. La Direction Générale du fonds est en cours de configuration d’un second produit, un produit qui sera essentiellement agricole. Ce produit sera mis en service, une fois sa configuration terminée dans les prochaines semaines.

Interview réalisée par Jean-Claude BAKALI

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