- La renaissance économique qui s’opère, depuis une décennie au Togo, a véritablement mis le pays face au défi de l’énergie. L’heure est, aujourd’hui, à l’urgence d’une sécurité énergétique, après des déboires de quatre mois de délestage en 1998 dû à la forte dépendance du Togo à près de 70% des pays voisins pour son énergie électrique.
L’ouverture, dans les années 1990, de la zone franche économique d’exportation avait donné les premiers signaux de la faiblesse de la capacité électrique du Togo. La croissance démographique et le renouveau économique à partir de 2006, avec une dynamique jamais connue dans le secteur industriel, ont exacerbé ce défi. Cette situation de crise a obligé au renforcement de la capacité de la compagnie nationale, la CEET, vendant plus de 450 millions kWh par an, qui comptait, à fin mars 2010, seulement un total de 165 853 clients dont 165 371 clients de basse tension. Mais, sorti de quatre mois de difficile disponibilité du courant électrique en 1998, le Togo a entrepris de renforcer la capacité de la CEET qui a bénéficié en 2000, sous sa raison sociale de Togo Electricité à l’époque, d’un concours de la BOAD pour réhabiliter la centrale thermique de Lomé-siège de sorte à améliorer la disponibilité du courant en le portant de 30 à 80%.
En 2010, la compagnie américaine Contour Global a saisi l’opportunité d’affaires qui s’offrait pour installer, à la suite d’une convention de concession de 25 ans, une centrale à gaz et au fuel lourd de 100 MW qui a renforcé la capacité énergie électrique du Togo.
Le temps des barrages
La fiabilité des sources d’énergie thermique n’a pas détourné le Togo de ses autres potentiels. Une nouvelle effervescence a été suscitée au tour des projets d’hydroélectricité, même si le barrage hydroélectrique de Kpimé, construit en 1962 sur fonds yougoslaves au temps fort du mouvement des pays du tiers-monde, a échoué dans sa mission. Pour une meilleure rentabilité, le Togo s’est engagé dans la réhabilitation du barrage de Nangbeto de 65 MW, une joint-venture avec le Bénin, construit en 1987 sur le fleuve Mono. Il s’agit, du côté togolais, de relever la capacité de 32,5 MW et les 0,085 TWh par an dont bénéficiait le pays jusqu’en 2000. La démarche a obtenu en 2013 l’appui financier du gouvernement allemand au montant global de 15 milliards de francs Cfa, dont la moitié à chacun des deux pays de la joint-venture. Mettant l’accent sur la mise en valeur du potentiel qu’offre ce fleuve commun, le Togo a relancé le projet de construction du barrage d’Adjarala, un autre ouvrage en joint-venture avec le Bénin, d’une puissance de 147 MW, qui « devrait voir le jour dans les plus brefs délais, au plus tard avant le premier trimestre 2015 », a estimé avril dernier le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, au terme d’une rencontre au sommet avec son homologue béninois Yayi Boni sur la construction de ce barrage sur le fleuve Mono.
D’un projet innovant ambitieux à un autre sur le renouvelable
L’indépendance énergétique du Togo a été également recherchée à travers l’énergie renouvelable. En 2012, une convention de concession de 22 ans pour la construction et l’exploitation du parc éolien a été signée avec Delta Wind-Togo, dans la perspective d’apporter, justifiait le gouvernement, « une solution durable au déficit énergétique du pays ». Selon ce projet, Delta Wind devra construire un parc éolien composé de 24 turbines aérogénérateurs d’une puissance 24 MW au total, sur une surface de 40 km², dans la zone marécageuse le long du fleuve Zio.
En 2011, c’est à la société Greanleaf Global que le Togo a donné l’autorisation pour la production du biodiesel à partir du jatropha, avec près de 70% de la production destinée à l’exportation et 30 % au marché local. La culture du jatropha de 700 ha sur une superficie disponible de 2700 ha, était arrivée à la phase de récolte des graines quand ce projet d’environ 2,8 milliards Cfa, dans lequel plus de 1,5 milliards Cfa étaient déjà investis et des commandes déjà sécurisés, a fermé ses portes. « Le projet est mort-né à cause de problèmes fonciers », a confié à l’agence Ecofin, Laurent Tamegnon, coordonnateur du projet, expliquant que les propriétaires terriens ont subitement décidé de retirer le site de culture. « Le projet est pour le moment abandonné. Nous sommes en stand-by pour la recherche d’un autre site », a-t-il ajouté.
Auparavant, c’est le projet de la société suédoise Nykomb Synergetics pour la production d’éthanol à partir de la canne à sucre, d’un coût global de 249 millions d’euros dans la zone franche, qui s’est arrêté à mi-chemin, faute de financement adéquat. Il avait un objectif de production initiale de 156 000 m3 et devrait produire, exclusivement pour la CEET, de la bioénergie de 62 MW à partir des déchets de la canne à sucre.
La marche du Togo sur l’énergie se poursuit toujours. Et cela avec un autre espoir, celui sur le pétrole offshore dans une sous-région où tous les pays ont obtenu des résultats satisfaisants avec des gisements bien identifiés et des volumes estimés. Au Togo, le rêve sur le pétrole remonte aux années 1960 et tarde à se réaliser, même si des formations géologiques favorables à l’existence des hydrocarbures sont attestées depuis lors.