Gyslaine Desrosiers, présidente du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone, exprime sa colère dans le quotidien canadien Le Devoir.
«Depuis quelques semaines, les cris d’alarme se succèdent sur la scène internationale pour nous rappeler que plusieurs pays africains sont aux prises avec la pire épidémie d’Ebola jamais survenue », déclare-t-elle.
Elle rappelle que Joanne Liu, présidente de Médecins sans frontières (MSF), prévenait déjà, le 2 septembre à l’ONU, que l’épidémie devenait incontrôlable dans les trois pays gravement touchés : la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.
« Le 6 septembre, les statistiques dénombraient 2097 morts sur 3944 cas connus. Les femmes étant soignantes naturelles sont plus touchées que les hommes. L’OMS estime qu’au moins 20 000 personnes seront atteintes et qu’il faudra encore de six à neuf mois pour juguler l’épidémie. La létalité de cette souche virale s’élève à plus de 50 %. The Economist rapporte qu’une centaine de soignants sont décédés en raison d’un manque de gants et autres mesures protectrices. Dans les circonstances, les professionnels du monde entier (médecins et infirmiers) ne se bousculent pas aux portes pour venir apporter leur aide. Il est notoire que les infrastructures sanitaires sont minimales, voire inexistantes dans ces pays. L’ONG Action contre la faim se désole de manquer d’eau de Javel ! L’OMS réclame des fonds pour les soignants locaux qui souvent ne voient pas la couleur d’un chèque de paie. »
«Les scènes dramatiques d’un patient qui se sauve de l’hôpital ou encore de survivants exclus de leur village mettent un visage humain sur toutes ces statistiques. MSF déclarait que faute de places dans les centres de soins surpeuplés, les malades meurent chez eux et qu’« en Sierra Leone, les cadavres, hautement infectieux, pourrissent dans les rues. On ne voit pas cela dans les médias. Les frontières de ces pays sont fermées, et les vols interrompus. Bref, c’est la quarantaine. (…) Nous voilà revenus au temps de la peste et du choléra dans ces pays. La Sierra Leone imposera le confinement à domicile de toute la population pendant trois jours, du 19 au 21 septembre ! Après cette crise, ces pays seront encore plus pauvres et les orphelins plus nombreux. »