La fièvre hémorragique EBOLA continue de faire des ravages en Afrique de l’Ouest. On compte déjà plus de 2000 morts et si certains remettent en cause le pessimisme de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) sur le temps qu’il faudra pour contenir puis éradiquer le fléau, il est établi aujourd’hui que l’épidémie est loin d’être circonscrite.
Face à l’ampleur de cette mortelle maladie, la réponse de la communauté internationale n’a simplement pas été à la hauteur. Certes, l’agenda mondial était dominé par de multiples crises à travers le monde : Ukraine, Irak, Syrie, Palestine. La conséquence en fut qu’une fois encore, un drame se déroulant sur le continent, a été relégué dans les derniers rangs sur l’échelle des priorités internationales. Sur le plan de la mobilisation des ressources, ce fut également la méthode Couet : l’OMS faisant face à la réduction drastique des subventions des pays donateurs suite à la crise financière, n’a pas pu réunir un nombre adéquat d’experts, ni intervenir avec davantage de moyens financiers. Les 480 millions de dollars réclamés peinent à être décaissés ; l’Union européenne faisant enfin un «geste».
Cependant, c’est d’abord et surtout la réponse continentale qui reste sujette à caution. Il est vrai que chaque pays a mis en place des mesures pour empêcher le virus d’arriver sur son territoire et qu’une vraie campagne de sensibilisation avec l’implication de tous les acteurs comme au Togo, est menée. Mais les Africains ont péché par l’absence d’une action unitaire, ne serait-ce que de solidarité. L’Union Africaine vient à peine de se réunir sur la question alors que l’épidémie fait ravage depuis plusieurs mois. Ce fléau offrait l’occasion de démontrer la solidarité africaine tant vantée. Mais nous avons plutôt assisté à la stigmatisation de l’autre, au repli sur soi et à une absence de compassion ou d’aide, quelle qu’en fût la forme. Cette attitude symbolisée par les fermetures des frontières, l’interdiction ou la suspension des vols démontre que l’intégration régionale est loin d’être réalisée.
Les Africains ne peuvent et ne doivent plus continuer à regarder leurs frères mourir, en fermant les yeux. Car la situation risque de devenir intenable pour tout le monde si tous les Etats ne participent pas, dans un élan collectif, au combat contre EBOLA.
La rencontre des ministres de la Santé de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), sous-région la plus touchée, à Accra qui a précédé la réunion de l’Union Africaine, un peu tardive, va dans le bon sens. Il faut veiller à ce que les résolutions ne restent pas qu’au stade de bonnes intentions vite reléguées aux calendes grecques, une fois chacun chez soi. L’idée d’un corridor humanitaire participe du brainstorming pouvant contribuer à gagner la bataille. Car ne nous y trompons : nul ne peut se sentir aujourd’hui à l’abri avec autant de pays touchés, quoique mis en quarantaine, avec nos frontières souvent poreuses et les faciles déplacements de populations, même si des restrictions sont arrêtées.
La seule garantie d’empêcher que le virus ne se propage jusque dans tous les pays, est de l’éradiquer dans un bref délai. C’est une question de santé publique mais également un impératif socio-économique, car l’épidémie commence à avoir un coût économique pour la sous-région, qui sera difficile à payer. Pour tous.
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