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Armand ADOTEVI: Dilemme stratégique et opposition politique
Publié le mardi 16 septembre 2014  |  togo breaking news




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Tout dirigeant politique, de quelque pays qu’il soit à travers le monde, peut légitimement ambitionner de faire triompher l’offre politique dont est porteuse [sa] formation politique, et d’aspirer à l’accession au pouvoir.

Y aller ou ne pas y aller ? En d’autres termes, être candidat ou ne pas être candidat à une élection présidentielle lorsque l’on est [opposant politique] dans un pays d’Afrique sous démocratisé ou plus prosaïquement, dans un pays d’Afrique autocratique ?

Combien sont-ils au rang du personnel de la classe politique des pays d’Afrique, issu des formations de l’opposition politique parlementaire et extra-parlementaire à se poser ou à s’être déjà posé cette question : Y aller ou ne pas y aller?

Dans l’esprit de nombre d’opposants politiques des pays d’Afrique sous démocratisés, la tentation d’y aller agite en toute vraisemblance les têtes.

Dans cette affaire, il m’apparaît un dilemme constitué d’une équation. Je m’attarderais en la présente réflexion, sur deux branches de cette équation :

*La première branche est relative d’une part, à la compatibilité entre l’ambition politique légitime d’accéder à la magistrature suprême que pourrait faire valoir tout dirigeant politique qui s’y est préparé ; et d’autre part, au principe de discipline porté par un renoncement à cette ambition dans le seul souci de contribuer utilement à la victoire d’un candidat de rassemblement de l’opposition politique parlementaire et extra-parlementaire, doté d’un profil de grande envergure, disposant d’une forte densité politique, et ayant acquis une incontestable expérience dans la gestion des affaires publiques.



*La seconde branche est relative aux moyens politiques à mettre en œuvre et tendant à faire triompher l’agrégation de toutes les forces républicaines de l’opposition politique parlementaire et extra-parlementaire dès lors que dans tous les pays affectés par de lourdes carences démocratiques, en d’autres termes, dans tous les pays d’Afrique à régime autocratique, le meilleur moyen de parvenir à une alternance politique paisible est le [rassemblement] qui dans les cas de l’espèce, constitue le seul instrument politique productif et approprié en termes de perspective sérieuse de conquête du pouvoir suprême.

Face à un tel dilemme, et appréciation faite de l’équation à deux branches ci-avant exposée, l’approche tendance "manque de discernement politique et de clairvoyance stratégique" maintiendrait sa croyance en la persistance d’une forme de clivage feint et/ou de confrontation outrancière entre les formations de l’opposition politique, dont les potentiels alliés politiques se considèreraient réciproquement, à tort, tels des adversaires politiques.

Une approche plus réaliste et sans doute sacrificielle miserait davantage sur l’effet contraignant d’une règle globale de discipline dans les rangs de l’opposition politique parlementaire et extra-parlementaire, où le rassemblement, la courtoisie, la bienséance, l’unité, la coopération et les intérêts partagés visant en bonne intelligence l’avènement de l’alternance politique paisible formeraient un "carcan" normatif auxquels tous les acteurs politiques issus des rangs de l’opposition politique parlementaire et extra-parlementaire devront se plier.

Dans quelques pays d’Afrique dont nul n’ignore les noms, la discipline, les bonnes manières, le rassemblement, l’unité, la coopération, le respect des rythmes, le respect des procédures, le respect des formes et les intérêts partagés en bonne intelligence ont permis l’avènement d’une alternance politique paisible. Ce fut notamment le cas au Sénégal !

Les postures hégémoniques entre partenaires de l’opposition politique parlementaire et extra-parlementaire constituent une dérisoire chimère clivante et incantatoire dans les pays d’Afrique sévèrement sous démocratisés.

Les dirigeants politiques africains relégués au rang perpétuel de l’opposition politique parlementaire ou extra-parlementaire et issus des pays d’Afrique à régime autocratique, ont rendez-vous avec l’histoire, car il leur revient de réévaluer de façon plus "vertueuse", leur stratégie de conquête du pouvoir.

Messieurs les opposants politiques africains, les populations africaines ne vous demandent pas de vous prévaloir et/ou de revendiquer avec fatuité, une supposée ou imaginaire prééminence au sein de l’opposition politique, mais d’élaborer, de préparer et de proposer un projet politique alternatif, sérieux, solide, argumenté, crédible et chiffré duquel émergera un programme de développement et de modernisation de chacun de [vos] pays, de réalisation d’infrastructures d’utilité publique, de construction de logements sociaux, de bitumage de toutes les pistes poussiéreuses dans toutes les contrées des pays d’Afrique, de réfection des principaux axes routiers, d’électrification de toutes les villes des pays d’Afrique, d’alimentation en électricité au moyen de panneaux solaires de tous les villages des pays d’Afrique, de correction des dysfonctionnements au sein des administrations ainsi qu’au sein de l’institution judiciaire, d’implantation de pôles de compétitivité, d’implantation de sites modernes et propres de soins de santé publique, d’implantation de pôles de recherche scientifique, universitaire et de formation professionnelle.

L’on nous rebat les oreilles avec des affirmations sujettes à caution relativement au fait que (sic) « le continent africain affiche la plus forte progression de l’activité dans le monde avec 5,3% en 2014, 5,5% prévus en 2015 et 2016, et plus de 6% dans la zone subsaharienne », dixit (Nicolas Baverez. Normalien, Juriste et Essayiste français).

L’on nous ressasse des affirmations vite énoncées relativement au fait que (sic) « l’Afrique est à l’aube de ses trente glorieuses. Et ses lions s’apprêtent à prendre la suite des tigres asiatiques de la seconde moitié du XXe siècle ».

Monsieur Lionel Zinsou (Président du fonds d’investissement PAI Partners) n’a de cesse au cours de chacune de ses interventions publiques où il est question d’Afrique, de nous étourdir avec des références à un "taux de croissance mirobolant" des pays d’Afrique subsaharienne « qui devrait atteindre 5,4%, soit deux fois supérieur » à celui des États-Unis affirme-t-il !

Allez donc parler de prévision d’un taux de croissance de 5,4% aux plus démunis en Afrique ! Allez donc raconter des histoires de taux de croissance qui oscillerait les 5,4% aux indigents ! Allez donc vous enquérir du bien-être et des conditions de vie quotidienne de la très grande majorité des populations d’Afrique ! Eh bien, ces populations vivent sous le seuil absolu de pauvreté ; ces populations souffrent de malnutrition sévère ; ces populations n’ont pas accès aux soins basiques de santé dans des hôpitaux dûment équipés ; ces populations n’ont pas un accès aisé à l’eau potable, ni à l’électricité, ni à des lieux privés d’aisance ; ces populations sont analphabètes et l’on vient nous conter des vues de l’esprit relativement à des "taux de croissance fabuleux" et autres « trente glorieuses »? !

Comment est-ce donc possible que ces "taux de croissance extraordinaires" n’impactent pas le marché du travail et de l’embauche ? Des chômeurs diplômés en Afrique subsaharienne, qui sont contraints pour survivre, d’avoir comme seul viatique la conduite de mototaxis qui roulent avec de l’essence frelatée et polluent abondamment les villes, il s’en compte par milliers et l’on vient babiller sur des histoires de prévisions de croissance qui seraient aux termes de la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) de 6,6% ?

De combien le PIB par habitant des pays d’Afrique à "forte croissance" est-il multiplié ?

Le très faible niveau, en vérité, les abysses d’un [secteur industriel] inexistant dans la quasi-totalité des pays d’Afrique est révélateur de l’importance qu’il y a à refonder et à repenser le modèle de développement des pays d’Afrique, en ce que à la faveur des matières premières dont regorge l’Afrique, ces matières premières doivent maintenant faire l’objet de transformation manufacturière en Afrique ! Car concentrer le développement des pays d’Afrique exclusivement sur les secteurs des [services] et du [tourisme] procède d’une orientation en termes de développement, à courte vue et sous influence néocoloniale !

Les opposants politiques africains doivent dans leur offre politique mettre l’accent sur le fait que depuis leur accession à la souveraineté internationale, le modèle de développement de la totalité des pays d’Afrique anciennement sous souveraineté française n’a atteint un niveau de maturité ni fiable ni adéquat ni perceptible.

L’on m’objectera que l’activité économique nationale de la plupart des pays d’Afrique a connu une transformation profonde dans leur structure et une grande diversification dans leurs secteurs productifs. J’en conviens !

Cependant, le miroir aux alouettes que constitue un "taux de croissance élevé et constant" en dépit des retombées corsetées de la crise mondiale, n’est pas un argument recevable en termes de développement dès lors que de très vastes pans de la société ne tirent à tous égards strictement nul profit de ces "taux de croissance mirobolants" du point de vue de la redistribution de la richesse nationale ou produite.

La redistribution de la richesse produite, dans la plupart des pays d’Afrique à "taux de croissance mirobolants" procède d’une mauvaise allocation des ressources à l’échelle nationale et de la collusion d’intérêts politiques et d’intérêts économiques privés en ce qu’elle est concentrée entre des mains indélicates et/ou prend la direction des poches et/ou des comptes bancaires offshores des dirigeants politiques africains au pouvoir, peu soucieux ou scrupuleux de l’intérêt général.

S’agissant de l’enjeu sérieux que constitue l’intégration sous régionale ou l’intégration régionale en Afrique, dans les rangs des opposants politiques africains peu voire quasiment aucun d’entre eux n’évoque jamais ce sujet avec conviction et enthousiasme !

Ce concept, pourtant très enthousiasmant se paye de mots en Afrique n’apportant in concreto rien aux populations ! Pour exemple, la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO (Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest) est une vaste plaisanterie ; les populations ressortissantes de l’un quelconque d’un pays membre de la CEDEAO sont soumises précisément dans cet espace, à d’incroyables tracasseries administratives et douanières avant le franchissement d’une frontière d’un autre État membre de la CEDEAO !

Ainsi, la directive dûment actée et formellement adoptée, applicable à la libre circulation des personnes ressortissantes d’un État membre de la CEDEAO dans l’espace CEDEAO est en réalité constitutive d’un mirage en ce que les bénéficiaires de la libre circulation des personnes au sein de l’espace CEDEAO que sont les ressortissants des quinze (15) États membres de la CEDEAO voient au jour le jour, depuis toujours, leur libre circulation régulièrement et précisément entravée et souvent abusivement soumise au paiement d’une prétendue [taxe douanière] d’un montant de 6.000 FCFA au titre de [Laissez-Passer] lorsque vous traversez par exemple la frontière de l’espace CEDEAO (en provenance du Bénin vers le Togo) à bord d’un véhicule !

Or, de ces faits constants de violation d’une directive communautaire, je n’ai jamais entendu un dirigeant politique appartenant à une formation politique issue de la classe politique de l’opposition, dans l’espace CEDEAO, [les] soulever et/ou s’en émouvoir ! Jamais !

À l’instar des manquements précités, de la violation des directives communautaires relevée, et de tous autres obstacles constatés dans l’espace de la CEDEAO (Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest), il en est vraisemblablement ainsi de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire des États de l’Afrique Centrale) ; de la SADC (Communauté de Développement d’Afrique Australe) et de l’UMA (Union du Maghreb Arabe).

Incontestablement, il y a matière à étoffer, à densifier en termes de sérieux et de crédibilité, l’offre politique d’alternance politique au sein des formations des oppositions politiques africaines, par un rehaussement significativement qualitatif, chiffré et documenté du contenu de leur programme d’alternance politique.

Dans les pays d’Afrique sévèrement sous démocratisés, les postures de prééminence, les contenances d’hégémonie ou la quête d’un leadership au sein des oppositions politiques, sont un exercice de style pour les démocraties avancées ; mais, dans les pays d’Afrique à régime autocratique, pour compréhensibles que puissent être politiquement les postures de prééminence, les contenances d’hégémonie ou la quête d’un leadership au sein des oppositions politiques,[elles]ne constituent cependant pas la préoccupation prioritaire des populations qui sont concentrées sur le profond ras-le-bol qu’elles éprouvent à voir se maintenir au pouvoir de gré ou de force, les "Excellences", "Professeurs", "Docteurs", et autres imposteurs pendant vingt, trente, quarante, cinquante ans !

Armand ADOTEVI
Of Counsel
Juriste d’affaires
Cabinet BNZ-AVOCATS
(Paris – France)

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