Comme l’a révélé RFI, la police togolaise a effectué au mois d’août 2014 la plus importante saisie d’ivoire de son histoire : 725 kilos trouvés à Lomé chez deux receleurs. Ce qui semble prouver que le Togo est devenu une importante plaque tournante pour le trafic de défense d’éléphants. Un trafic contre lequel les autorités du pays disent lutter avec acharnement.
La saisie du mois d’août 2014 n’est pas la première du genre. Le ministre togolais de la Sécurité et de la protection civile, le colonel Yark Damehame, a ainsi révélé qu’entre août 2013 et janvier 2014, environ 4,5 tonnes d’ivoire avaient été confisquées et 18 personnes arrêtées. Les plus importantes saisies ont été réalisées les 23 et 29 janvier sur le port de Lomé, la capitale : la police a découvert 3,8 tonnes dans des conteneurs en partance pour le Vietnam.
L’ivoire n’est apparemment pas originaire du Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest où ne vivent que 60 éléphants, en principe protégés. Des analyses ADN ont révélé que le stock d’ivoire saisi en 2013 «provient notamment d’éléphants d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Liberia) et d’Afrique centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Centrafrique, RDC). La plupart des éléphants ont été tués et ils étaient très jeunes», selon un responsable policier togolais.
Les autorités locales ont été alertées il y a deux ans par plusieurs pays d’Asie, région du monde, avec le Moyen-Orient, où l’ivoire est très demandé. Les défenses d’éléphant y sont utilisées dans la fabrication d’objets décoratifs et en médecine traditionnelle.
Tête de réseau
Lomé et son port semblent être la tête d’un ou de plusieurs réseaux. «Les autres membres (de ce réseau) sont basés en Afrique australe et en Afrique de l’est», rapporte le site de RFI à la suite de la saisie d’août 2014. «Ils envoient les stocks au Nigeria d’où ils transitent par voie terrestre jusqu’à Lomé. Les ivoires sont ensuite sculptés ou conditionnés, puis dissimulés dans les conteneurs au milieu des bois et convoyés vers l’Asie». Notamment l’Indonésie, le Vietnam, la Chine et Hong Kong.
«Nous sommes face à des réseaux de criminels suffisamment outillés et souvent lourdement armés. Le trafic des espèces menacées ne passera pas par notre pays. Raison pour laquelle nous menons une lutte acharnée, avec la collaboration de certains pays amis dont les Etats-Unis, la France et la Chine», explique le ministre togolais de l’Environnement et des Ressources forestières, André Johnson.
Les autorités du pays ont décidé de pratiquer les tests ADN sur les stocks saisis. Et de renforcer les contrôles dans le port de Lomé par le déploiement d’agents mieux formés. «Les contrôles sont très rigoureux depuis quelque temps. Tous les conteneurs doivent passer au scanner, avant de se retrouver sur le terminal des conteneurs destinés à l’exportation», selon un responsable des douanes. Des policiers effectuent aussi des contrôles inopinés dans certaines boutiques de Lomé.
Une politique qui semble commencer à porter certains fruits : plus de 700 tonnes d’ivoire, dont une grande partie provenait du Tchad, ont ainsi été découverts dans un magasin de la capitale. En juin, un tribunal a condamné à deux ans de prison dont neuf avec sursis le propriétaire de la boutique, Emile N’Bouke, surnommé «le patron» pour son rôle central dans le trafic. Il s’agit de la sentence maximale prévue par la loi togolaise pour ce type d’affaires. Pour autant, estiment certains observateurs, cette peine paraît relativement clémente par rapport aux peines appliquées dans d’autres pays. Au Kenya, notamment, une nouvelle loi entrée en vigueur en décembre 2013 prévoit la prison à vie.
Les éléphants, une espèce menacée
Le commerce international de l’ivoire a été interdit en 1989 par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES). De 10 millions en 1900, la population des éléphants d’Afrique a chuté à 1,2 million en 1990 et ils ne sont plus que quelque 500.000 aujourd’hui, selon des défenseurs de l’environnement.... suite de l'article sur Autre presse