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Gerry Taama à cœur ouvert : "Nous creusons, par nos petites querelles, la tombe de nos échecs à venir"
Publié le jeudi 25 septembre 2014  |  Savoir News


© Autre presse
Gerry Taama, leader du NET


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Ces derniers jours, l’opposition togolaise occupe la une de tous les médias, sur fond de divisions internes et de luttes fratricides. Après la sortie fracassante du parti ADDI (Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral/Opposition) qui accuse l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement /Opposition) de démarche solitaire et de connivence avec UNIR (Union pour la République/ Au pouvoir), ce sont les déboires de la coalition Arc-en-ciel qui font couler beaucoup d’encre.
En effet, d’après les déclarations des uns et des autres, le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) aurait désigné seul les représentants de la coalition à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), chargée d’organiser la présidentielle de 2015.
Nous avons approché Gerry Taama, le président du Nouvel Engagement Togolais (NET), cet ancien officier des forces armées togolaises, réputé pour son parler franc.

Savoir News : Monsieur Gerry Taama, vous êtes-vous bagarré avec l’honorable Jean Kissi ?

Gerry Taama : (Rires). Non, et ceci pour trois raisons. Premièrement parce que j’ai été formé pour neutraliser un adversaire en combat à mains nues, donc il m’est presque interdit de me battre, sauf qu’en cas de légitime défense, de peur de blesser quelqu’un. La seconde, parce qu’il ne me viendrait jamais à l’idée de lever la main sur un honorable député, représentant de la nation togolaise. Et troisième raison, qui est la plus importante, c’est que Jean Kissi est un ami, nous faisons partie de la même bande de copains. Et les amis ne se battent pas. Certes, les discussions ont été houleuses, mais si tu ne sais pas lever le ton, ne fais pas la politique.

Q : Mais alors, dites-nous, et nous espérons que vous serrez franc comme vous avez l’habitude de l’être. Qu’est-ce qui ne va pas à la coalition Arc-en-Ciel.

R : En réalité, rien de nouveau. Ça fait un bon moment que nous sommes sous l’œil du cyclone. Que ce soit pour l’affaire de l’élection d’un candidat unique de la coalition, le retrait du MCD, la sortie médiatique du président Kagbara, ou la cacophonie sur l’interprétation des objectifs du conclave, il y a depuis trois mois un mauvais climat à la coalition arc-en-ciel. Mais jusqu’à ce jour, nous arrivions au moins à nous retrouver et discuter.
Ensuite, et je le dis parce que c’est dans la presse depuis deux jours : il y a eu une rupture de communication depuis la dernière rencontre du conclave, le 26 août je crois, entre le CAR et le reste de la coalition. Comme vous le savez, dès le début du mois de juillet, la coalition Arc-en-ciel avait conditionné sa participation à la CENI aux clarifications sur le statut de l’opposition.
En réalité, cette position n’était pas celle de l’ensemble des partis de la coalition, mais celle du bureau politique du CAR. Mais par solidarité, et pour ne pas justement donner le spectacle que nous donnons actuellement, nous n’avions pas rendu publiques nos divergences.

Q : S’il faut bien vous comprendre, les autres partis sont pour la présence de l’UFC à la CENI comme parti de l’opposition ?

R : Non, mais dans ce genre de situation, il ne s’agit pas d’adopter des positions de principe, sans aucun moyen les appliquer. La coalition Arc-en-ciel ne dispose que de 6 députés à l’Assemblée nationale. Si nous voulons qu’une de nos décisions ait des chances d’aboutir, nous devons être en synergie avec le groupe ANC-ADDI, pour parler au nom de l’opposition. Comme vous le savez, l’ANC-ADDI avait envoyé une liste de cinq noms pour les membres de l’opposition parlementaire à la CENI.
Les autres partis de la coalition ont voulu justement que la coalition envoie des noms à titre conservatoire, ensuite, viendra le temps des négociations, comme cela s’est d’ailleurs passé. A la dernière réunion à laquelle a pris part le CAR avant de claquer la porte, ces partis ont validé l’idée, et décidé de deux noms, en attendant les négociations à l’Assemblée nationale. Nos amis n’ont pas apprécié et, en représailles, ils ont cessé de prendre part à nos activités, et ont donc mené toutes les négociations à l’Assemblée pour la CENI et pour la Cour constitutionnelle sans nous aviser. C’est simple.

Q : Pour la cour constitutionnelle, vous désapprouvez la réaction de l’opposition à l’Assemblée nationale ?

R : Non, bien sûr qu’ils ont bien fait de marquer leur désapprobation, même si nous aurions souhaité que les négociations se fassent dans l’esprit de ce qui s’est passé pour la composition de la CENI. Mais comme on n’a pas demandé notre avis, nous ne pouvons pas en donner maintenant, a fortiori.

Q : Il paraît que l’UDS exige, quant à lui la démission de M Passoki, qui est votre actuel représentant (Arc-en-ciel) parmi les membres de l’opposition parlementaire à la CENI.

R : J’ai fait partie de toutes les discussions, je ne crois pas que l’UDS ait en tant que parti politique, présenté une telle exigence. Autrement, elle l’aurait fait par voie de communiqué de presse ou par une autre voie indiquée. Je crois plutôt qu’il est question ici de se demander, surtout pour les cinq partis qui ont participé à ces élections ensemble (vous savez que le NET a fait cavalier seul pendant les législatives) s’il ne faut pas songer à une redistribution des responsabilités quand une occasion se présente.
Si on part du principe que six députés de la coalition sont à l’Assemblée nationale aujourd’hui du fait de l’action concertée de tous les partis, il peut être compréhensible d’envisager qu’en d’autres circonstances, on songe aux autres partis qui n’ont pas d’autres postes de responsabilité. Par exemple, la synergie des cinq partis à envoyer six députés de deux partis (CAR, PDP) à l’Assemblée nationale.
S’il y a d’autres postes de responsabilité, que les autres partis (CDPA, MCD, UDS) soient sur liste prioritaire. Il se trouve que M Passoki, qui est l’actuel représentant du CAR à la CENI dans l’opposition parlementaire, est un cadre actif du CAR.
S’il faut faire le point, nous sommes donc sept partis à la coalition Arc-en-ciel, il y a trois places qui nous reviennent à la CENI : le CAR en prend 2, (Société civile et opposition parlementaire) et un donné un à la CDPA, tout ceci sans consulter personne. Je crois d’ailleurs que nous ne pouvons pas accabler tous les jours le parti au pouvoir de s’accaparer de toutes les richesses du pays, si nous-mêmes, alors que nous n’avons encore rien, nous ne pouvons pas montrer l’exemple.
C’est en réalité dans cet esprit que cette réflexion a été menée, mais jamais posée comme une exigence. Comme vous le voyez, aucun parti n’a envoyé un courrier au président de l’Assemblée nationale pour en faire mention.

Q : Lundi dernier justement, l’ADDI a saisi le président de l’Assemblée nationale, pour demander la suspension de la transmission des noms des membres de la CENI. Que pensez-vous de ceci ?

R : J’ai beaucoup aimé les déclarations de Mme Isabelle Ameganvi, à la sortie du vote des membres de la CENI à l’Assemblée nationale. C’est une femme engagée et admirable et je suis toujours aussi ravi de l’avoir dans notre camp. Quant à M Gogué, c’est aujourd’hui une sorte de mentor. Je suis sincèrement déçu par la tournure que prend cet incident.
Il y a encore malheureusement trop de tensions enfouies qui resurgissent entre nous à la moindre occasion. Mais je sais que ce pour quoi nous faisons tous ces sacrifices est plus important que ces surchauffes passagères. Et c’est aussi une démonstration de vitalité. L’amitié n’est jamais aussi forte qu’après une saine et franche dispute.

Q : Oui, mais M.Taama, n’avez-vous pas l’impression que vous démobilisez votre électorat par toutes ces querelles stériles, à quelques mois seulement des élections ?

R : Bien sûr. Par exemple, il m’en coûte, de vous parler de nos différends à la coalition arc-en-ciel, si nos amis du CAR n’avaient pas décidé de couper les ponts, ne répondant pas aux appels et autres messages du reste des membres de la coalition.
Je ne pense pas que nos différends auraient été rendus publics, car comme je le dis : cette situation dure depuis le début du mois de septembre, et c’est n’est que le 22 que ça a ébruité, suite peut être aux discussions houleuses que nous avons eues lors de notre réunion. Et pour avoir cette réunion, nous avons dû envoyer un délégué spécial.
L’ADDI aussi se plaint du manque de communication. Je pense que c’est dans ce domaine qu’il nous manque un groupe de sages, capables de ramener à la raison tout le monde sans faire du bruit. Nous creusons, par nos petites querelles, la tombe de nos échecs à venir.

Q : Pour finir, M Gerry Taama : c’est encore quoi votre histoire de +perte de foi+. Le conclave en est à ce point mal parti.

R : Nous nous sommes entendus pour ne pas parler du conclave tant qu’il n’est pas achevé, encore que par les temps qui courent, on se demande si on ne verra jamais sa fin. Donc je ne parlerai pas des discussions du conclave.
Mais ce qui est dramatique, c’est que nous sommes à moins de cinq mois des élections, cela fait deux mois que nous sommes en conclave, et personne ne voit rien venir. Ne me demandez pas si nous allons élire un candidat unique ou pas, chacun a son idée sur la question. Mais le plus important, c’est qu’il faut six mois avant les élections, mettre en place une stratégie gagnante, et suivre une feuille de route.
Candidature unique ou pas, il faut un plan de bataille, des moyens logistiques, des hommes, et un état major pour coordonner tout ça. En attendant, nous n’avons rien de tout ça, et le temps est contre nous.
Donc, oui, je perds ma foi chaque jour un peu plus. Non pas ma foi chrétienne, qui est intacte, mais ma foi en ma capacité à accompagner le mouvement, que nous puissions faire une campagne crédible, responsable, qui parle à tous les Togolais. Une campagne où tous les Togolais, du nord au sud, pourront s’identifier. Pour cela, il faut à mon sens réaliser deux conditions.
La première est que tous les leaders politiques acceptent le principe qu’ils peuvent ne pas être le candidat unique de l’opposition (s’il n’y a pas de réformes, la candidature unique s’impose, et je ne crois plus qu’il y a aura des réformes).
La seconde est que celui qui sera choisi comme candidat unique ne croit pas un seul instant qu’il peut gagner sans les autres, et soit tenté d’obliger les autres s’aligner en file indienne derrière lui, au lieu de présenter un front où les responsabilités sont partagées.
Ces deux conditions s’adressent principalement à ceux qui se sentent la vocation de se présenter aux élections présidentielles de 2015. Comme je ne cesse de le répéter, je ne suis aucunement candidat, mais bien déterminé à accompagner un candidat qui offre au peuple togolais, de sérieuses opportunités de victoire.

Propos recueillis par Junior AUREL

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