De votre journal ‘’Le rendrez-Vous’’ de ce jeudi 25 Septembre 2014
Une tension entre deux groupes rivaux pèse depuis quelques semaines sur la ville de Sokodé. Pour cause, l’imam Alkamatou Touré de la grande mosquée de la ville est accusé par son supérieur hiérarchique, le chef spirituel Issa Touré (Malwouro) de s’être marié à la femme d’un frère musulman de la ville. Le mariage en question date d’au moins cinq mois. D’un coup de fil à l’autre, le ‘’Malwouro’’ et son fils Nasser ont pu refermer sur l’imam, ce qui ressemble beaucoup plus à une conspiration sous le couvert d’une faute morale. Ceci pour une rivalité entretenue par un fils qui supplante son père dans la gestion des affaires islamiques de la capitale de l’islam au Togo, Sokodé.
Depuis une semaine donc, l’imam Alkamatou Touré est suspendu de son chaire pour trois mois. Victoire d’un clan sur un autre. Mais quelle victoire ? Une victoire qui nourrit une tension sociale à craindre dans une ville où, pour un oui ou pour un non, tout peut arriver. De quoi est-il question en réalité ?
Le 23 mai 2014, une ambiance des grands jours est visible à Sokodé dans le quartier Didawourè. Danse Takayi, course de chevaux, youyou des femmes, chants et danses, un mariage se célèbre. C’est tout un cortège qui a déferlé vers le domicile de l’imam central de la ville.
Né en 1932, l’imam parait plus jeune que son âge, il vient de se ‘’taper’’ une jeune compagne.
‘’Blaisée de guerre’’, pour ne pas dire divorcée, la nouvelle mariée est mère d’une fille et d’un garçon provenant de l’ancienne union. Avant ce nouveau mariage, elle a vécu sous le toit de ses parents six ans durant suite aux problèmes conjugaux.
Au premier rang des cavaliers qui ont donné un éclat à l’union du couple,
se trouvait le sieur Nasser, fils au Malwouro, chef spirituel de la ville. Jusqu’ici, rien d’anormal. Le mariage appartient depuis cinq mois à l’histoire et personne ne s’y est opposé. L’écrasante majorité des populations a plutôt exprimé son entière satisfaction de voir cette jeune dame, jugée vertueuse, rejoindre enfin un foyer après une injustice conjugale. Mieux, le nouveau mari n’est pas n’importe qui, un Alkamatou Touré à Sokodé, le nom vaut son pesant d’or. Le mariage est consommé et la vie reprend son cours. Il se dit même que la jeune mariée
porte déjà.
Il y a un mois, le colonel Ouro-Bang’na, cadre militaire de la ville, organisait une rencontre spirituelle à la mémoire de son parent. Tout le monde y était, chefs traditionnels et religieux, tous devant une grande foule telle que le mobilise souvent l’intendant militaire. La cérémonie commence bien mais se termine par une prise de bec autour du protocole entre Malwouro
et les chefs traditionnels.
Quel intervenant devait clôturer la séance ? Malwourou et le responsable des chefs se tiraillent, le ton monte. Mais l’ordre est rétabli par l’intervention de l’imam Alkamatou qui a reconnu qu’il appartient logiquement au chef de dire le mot de clôture. Toutefois, a poursuivi l’imam, le vrai dernier mot d’un évènement c’est la prière de clôture. Or, elle est faite par l’imam qui se trouve être un sujet au chef spirituel. Il a alors demandé humblement à son supérieur hiérarchique, qui est le chef spirituel, de considérer que c’est lui qui a le dernier mot. La
tension est retombée et le protocole fut ainsi respecté. Mais cette intervention n’a pas été du goût du chef spirituel. Cette audace ne doit pas rester impunie.
Quelques jours après, notre Rédaction reçoit un coup de fil au sujet d’un imam qui retirerait les femmes d’autrui. Au bout du fil, le chef spirituel de Sokodé. L’interlocuteur souhaite nous voir publier l’information sur cet imam. Avant même de savoir de qui Il est question, nous avons suggéré au chef spirituel un règlement à l’amiable de ce problème où l’on nous parle de fornication alors que ni les accusateurs moins encore notre Rédaction n’a pu réunir la
moindre preuve, encore que le dossier touche un haut responsable religieux.
Non, a-t-il répliqué, « il faut que tu publies l’info afin que j’ai le journal pour sanctionner cet imam, ce n’est pas n’importe qui, c’est le grand imam de la ville ». On l’accuse de s’être marié à la femme d’un fidèle alors qu’il fait partie de ceux que ce dernier a envoyé négocier la réconciliation avec la femme qu’il finira par épouser.
Nous avons demandé un temps de réflexion en vue de faire des recoupements. Le chef spirituel rappelle le lendemain. Nous suggérons que la victime introduise le cas au tribunal car un arrêt de justice aussi pouvait valablement donner l’argument à un chef spirituel pour sanctionner son sujet. Non, réplique le vieux, « ce n’est plus une affaire entre la victime et l’imam mais entre l’imam et moi, je l’ai convoqué à ce sujet et il a refusé de répondre ».
Entre temps, avant que nous ne décidions de la suite à donner à l’affaire, les accusateurs, pressés de trainer l’image de l’imam dans la boue, ont porté le sujet sur internet et c’est le fils Nasser au chef spirituel qui nous en a informé. Alors, convoqué pour régler un problème qui est déjà sur internet, l’imam a répondu qu’il « n’a que faire d’un dossier qui se gère déjà par la
toile ».
Tous nos arguments pour esquiver le dossier ont rencontré une résistance. Nous avons alors demandé à avoir le numéro de téléphone de la victime qui s’est plainte dans la cour du chef spirituel aux fins de recoupements.
Contre toute attente, l’on ne nous donne pas le numéro de téléphone de la supposée victime mais nous recevons un appel du fils de Nasser qui nous fait savoir que la victime en question est avec eux et qu’elle veut nous parler. 15 minutes au téléphone mis en libre écoute, et c’est le propriétaire du téléphone qui dictait à la supposée victime les réponses à donner à nos
questions.
Toutefois, il a pu reconnaître qu’il s’est séparé de sa femme depuis six ans et que cette dernière vivait sous le toit de ses parents. Il a aussi reconnu que pour quitter le foyer, ils ne se sont pas attendus sur la garde des deux enfants, et c’est la femme qui a pris le dessus à ce sujet.
Nous avions compris alors qu’au-delà de ce qu’on a voulu considérer comme une faute, il y
avait une réelle volonté d’avoir la tête d’un imam. La Rédaction se réunie et arrive à la conclusion que « personne ne doit utiliser notre bouche pour manger le piment ». Nous avions alors refusé de publier quoi que ce soit.
Non pas parce que nous avions peur de l’imam, mais nous avions senti contre lui
un acharnement. Le mariage a eu lieu par exemple il y a quatre mois, et c’est suite à une altercation qu’on trouve que le marié a retiré la femme à un autre.... suite de l'article sur Autre presse