Au moment où tous les acteurs (Gouvernement, Société Civile, Partenaires, Médias, etc…) se mobilisent pour barrer les frontières à la fièvre hémorragique Ebola qui sévit dans certains pays de la sous-région, le choléra a refait son apparition la semaine dernière à Kpalimé, localité située à environ 120 km au nord de Lomé.
Environ 20 cas sont enregistrés avec 2 décès, a affirmé Florent Essozimna Sondou, Ingénieur Biologiste au Laboratoire Microbiologie du Centre Hospitalier Préfectoral (CHP) de Kpalimé, dans une interview à l’Agence Savoir News. Lisez.
Savoir News : Quelle est aujourd’hui la situation sur le terrain ?
Florent Essozimna Sondou : La situation est préoccupante depuis quelques jours dans la préfecture de Kloto et particulièrement dans la ville de Kpalimé. Une vingtaine de cas sont enregistrés, avec malheureusement deux morts. Dans tous les cas, le laboratoire de microbiologie continue d’apporter sa contribution avec le soutien de l’Institut National d’Hygiène de Lomé dans la confirmation des cas liés à cette épidémie.
Q : Pensez-vous que toutes les conditions sont réunies pour venir à bout de l’épidémie ?
R : C’est justement le problème : la réaction immédiate de l’autorité n’a pas été efficace. Mais aux dernières nouvelles, j’ai la conviction que l’équipe de la Croix-Rouge et la coordination de la lutte contre les maladies diarrhéiques ont investi les lieux et ont contribué un tant soit peu à la désinfection des lieux et habitations, et à la sensibilisation des communautés. Je pense aussi que l’Etat devrait réagir autrement à l’orée de cette rentrée scolaire.
Q : En attendant de revenir sur la rentrée scolaire, que doit faire la population ?
R : Ne pas surtout paniquer devant une diarrhée aqueuse, le choléra a une présentation spectaculaire, mais est facile à guérir si le traitement commence plutôt.
Il faut justement combattre la déshydratation grave dès l’apparition de la diarrhée en donnant immédiatement à boire au patient de grandes quantités d’eau additionnée de Sels de Réhydratation Orale (ORASEL), à raison d’un sachet par litre d’eau.
Ce qui est important aussi, c’est de transporter avec précaution tout malade présentant une diarrhée aqueuse ou vomissure dans une formation sanitaire la plus proche, se laver les mains à l’eau propre courante et de l’eau de javel et au savon après toute manipulation.
Éviter les transferts des malades suspects vers des formations sanitaires éloignées ou encore le transfert d’une formation sanitaire à une autre. Éviter le contact étroit avec les malades présentant une diarrhée aqueuse. Désinfecter systématiquement avec du Javel les vêtements du malade et des garde-malades.
Q : Quelles sont les mesures de prévention ?
R : Comme mesure de prévention, je crois qu’il urge d’adopter et de faire adopter les pratiques recommandées par l’OMS et le Ministère de la santé en la matière.
Boire de l’eau potable (de robinet, minérale) ou rendue potable par ébullition refroidissement, ou par adjonction de chlore ou de Javel (1 cuillère à soupe pour 10 litre d’eau) ; éviter de boire de l’eau vendue en sachet.
Laver les fruits et crudités avec de l’eau propre javellisée avant de les consommer. Éviter la consommation d’aliments froids et en particulier ceux vendus aux abords de route ou des écoles, dans les restaurants, maquis et autres, se laver les mains à l’eau propre courante et au savon avant de manger et après les selles.
Utiliser les latrines protégées pour la défécation et les désinfecter régulièrement avec du Javel. Éviter de mettre à la morgue et/ou de transporter toute personne suspecte de choléra qui décède, mais le faire enterrer rapidement en suivant les indications des personnels de santé comme se fuit le cas pour les deux victimes récentes.
Éviter les autopsies sur les corps de personnes décédées de suite d’une suspicion de choléra. Désinfecter avec du Javel, tout véhicule ayant transporté un malade présentant une diarrhée aqueuse.
Veuillez noter qu’il est toute à fait possible d’être un porteur du vibrio cholerae sans tomber malade ; le respect des règles d’hygiène est donc primordial pour éviter le transfert de cette affection aux autres.
Q : Parlant de la Maladie à Virus Ebola, vous êtes l’un des premières personnalités locales à être formées. Quelles sont vos actions sur le terrain ?
R : Merci de revenir sur cette maladie de portée internationale et d’impact à la fois sécuritaire, humanitaire, économique et social. En toute modestie, juste après la formation des formateurs régionaux de Lomé les 21 et 22 août 2014, j’ai mené beaucoup d’actions en faisant connaître l’historique, les modes de transmissions, les symptômes, les mesures de prévention de la maladie à plus de 1500 personnes en l’espace d’un mois :
Sensibilisation du personnel du laboratoire de l’hôpital de Kpalimé, conférence débat au CMS Solidarité, Colloque au CHP Kpalimé à l’intention de tout le personnel de santé du district de Kloto et de Kpélé.
Sensibilisation directe de plus de 900 personnes dans le quartier Kpéta lors de la campagne de distribution des moustiquaires,
. Sensibilisation du personnel de santé et du comité de gestion de l’USP Marc Blazer de Messiwobe (Agou), Point d’information à la clinique Amitiés quartier Zomayi à l’intention des agents de santé, et le comité de gestion et le comité de suivi composés des président de 8 CDQ de Kpalimé.
Conférence débat sur le thème : Communication pour un impact comportement social dans la stratégie de lutte contre la maladie a virus Ebola à l’INFA de Tové à l’intention des étudiants et enseignants de cet Institut.
Je pense faire d’autres rencontres à cette rentrée scolaire si les moyens logistiques me permettent.
Q : Quel appel avez-vous à l’endroit de la population, surtout que nous sommes à la veille de la rentrée ses classes ?
R : En général, le choléra est une maladie très contagieuse qui se transmet par contact ou par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des matières fécales. Pour Ebola c’est beaucoup plus complexe.
Dans tous les cas, il urge de mettre en branle des stratégies idoines en la matière :
Les parents devraient dans la mesure du possible préparer la nourriture pour leurs enfants pour le petit déjeuner et associer à, l’eau de boisson ;
Si un établissement scolaire est obligé d’accepter les revendeuses de denrées alimentaires, ces revendeuses doivent subir des bilans appropriés et être formées sur les mesure d’hygiène ;
Des séances de sensibilisations doublées de dispositifs de lavages des mains doivent être multipliées dans les écoles.
Apprendre aux élèves et enseignant à limiter les contacts interhumains.
Q : Votre mot de fin ?
R : La vigilance doit être de mise à tous les niveaux. L’on doit faire attention désormais à tout ce qu’on touche, bois, mange, fréquente et laver autant qu’on peut les mains qui risques d’être nos ennemies en matière d’Ebola et Choléra et bien d’autres maladies. FIN
Propos recueillis par Ahmed Maestro