Le Togo devrait organiser dans le premier semestre de l’année 2015, l’élection présidentielle marquant la fin du mandat actuel de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis une décennie. Le processus électoral a été enclenché alors même que la question des réformes constitutionnelles et institutionnelles n’a pas été soldée. Et au moment où des voix se lèvent de toutes parts pour que ces réformes aient lieu pour remettre le Togo sur la voie démocratique, l’opposition abdique et se compromet dans des conciliabules avec le régime.
Il n’est plus un secret pour personne. Si cela ne tenait qu’au gouvernement togolais et au parti au pouvoir, Union pour la République (UNIR) et son allié l’Union des Forces de Changement (UFC), aucune réforme politique ne sera opérer avant l’élection présidentielle de 2015. Il s’agit ainsi de faire profiter essentiellement au président actuel du pays, le statut quo qui lui accorde un pouvoir à vie, alors même que les réformes sont préconisées soit par des accords politiques, soit par des engagements pris auprès des partenaires techniques et financiers et récemment par la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR).
Ainsi, le pouvoir a tout fait pour convaincre l’opposition de ce qu’il n’est plus possible d’opérer les réformes susceptibles de changer l’avenir le pays et de le remettre sur la voie démocratique. Au niveau du régime, le plus pressant auquel il faut parer désormais est l’organisation de l’élection présidentielle, qui en soit n’est pas tout aussi prioritaire que la question des réformes, même si la présidentielle est supposée se tenir dans un délai constitutionnelle. On en était là quand des voix ont commencé par se lever pour obliger le pouvoir à respecter ses engagements pris à différentes occasions de dialogues politiques et de négociations.
La France, l’Union Européenne, … maintiennent la pression
Jeudi dernier, la délégation de l’Union Européenne (UE) au Togo a eu une session de dialogue avec le gouvernement togolais. Au cours de la session, le Chef de la délégation de l’UE au Togo a clairement indiqué à la délégation du gouvernement togolais que les réformes étaient nécessaires et l’appui de l’UE au processus électoral en cours est conditionné par leur réalisation.
Nicolas Berlanga Martinez pense que les autorités togolaises devraient respecter les engagements concernant les réformes et prendre des mesures pour l’amélioration du processus électoral qui doit se dérouler dans la paix, la transparence et la sécurité nécessaire.
Même avant l’Union Européenne, la France avait déjà fait part de sa déception suite au rejet le 30 juin dernier par les députés du pouvoir, le projet de loi portant modification de certains articles réintroduisant ainsi dans la Constitution toilettée en 2004, la limitation de mandat présidentiel et le mode de scrutin à deux tours. L’Europe demande qu’il soit temps que les jalons de la démocratie soient posés pour le décollage sociopolitique du Togo. Et des sources indiquent qu’au-delà de ce qui se dit ouvertement, la pression est encore plus forte dans le monde diplomatique.
Mêmes les églises du Togo exigent les réformes...
Toujours au cours de cette semaine, les Eglises du Togo à savoir, l’Eglise catholique, l’Eglise Evangélique presbytérienne et l’Eglise Méthodiste ont exigé que le gouvernement et la classe politique reviennent sur la question des réformes. Les responsables de ces confessions religieuses ont exigé que le gouvernement réintroduise le projet de loi qui doit être voté par la majorité de la population ou de ses représentants pour enfoncer finalement le passé dans l’histoire en ennoblissant la vie politique togolaise.
Pour les hommes d’Eglises, il s’agira non seulement du respect des engagements pris lors des dialogues mais ces réformes consacreront la mise en œuvre des recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) pour permettre au Togo de rompre avec la crise socio-politique pour ainsi amorcer le développement économique avec la croissance et les effets multiplicateurs devant aider le Togo à avoir un développement plus inclusif et plus participatif.
Et l’opposition togolaise dans tout ça ?
Si les pressions qui viennent de partout confondent le plan du pouvoir qui ne sait plus à quel saint se vouer, l’opposition togolaise a tout simplement fait profil bas devant les arguments du gouvernement en s’abordant dans des conciliabules et des combines devant permettre à tel ou tel membre de telle ou telle formation politique de faire partie de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
De plus, on assiste à une divergence de points dans les différents regroupements politiques qui compromettent ainsi l’unité d’action tant prôner pour venir à bout d’un régime cinquantenaire qui n’a pas du tout envie de perdre le pouvoir.
Cette attitude de l’opposition fait dire à plus d’un que 2015 est encore un rendez-vous manqué et sera juste une occasion de légitimation de la victoire décrétée du candidat du pouvoir qui ne sera autre que Faure Gnassingbé, qui pourra finalement entamer l’ère de la « Papa Présidence » pour avancer droit ver la réalisation de sa Vision Togo 2030 qui fera du Togo, le Singapour de l’Afrique.
Pendant ce temps, le peuple continuera de végéter dans la misère, la minorité continuera de s’accaparer des richesses du pays, l’opposition continuera se prévaloir de sa turpitude et le pouvoir du peuple restera entre les mains des mêmes personnes ! On n’est tout simplement pas sorti de l’auberge.