Des politiques plus ambitieuses peuvent imprimer un nouvel élan à l’économie mondiale pour l’aider à dépasser une reprise qui jusqu’à présent a été décevante, a déclaré Christine Lagarde, Directrice générale du FMI.
Dans un discours prononcé à l’Université de Georgetown, à Washington, dans la perspective de l’Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale qui se tiendra la semaine prochaine, Mme Lagarde a déclaré que le FMI avait désormais pour tâche principale d’aider l’économie mondiale à monter en régime pour dépasser une reprise fragile, inégale et menacée de toutes parts.
Intervenant le 2 octobre, à la School of Foreign Service, Mme Lagarde a précisé que l’économie mondiale avait atteint un point d’inflexion : «Certes, la reprise est bien là, mais, comme nous le savons — et nous le sentons tous —, le niveau de croissance et d’emploi est tout simplement insuffisant».
Le monde doit viser plus haut et faire plus, a déclaré Mme Lagarde. Cela signifie «des actions plus ambitieuses pour susciter un nouvel élan afin de dépasser cette nouvelle médiocrité qui assombrit l’avenir».
L’Assemblée annuelle du FMI et du Groupe de la Banque mondiale réunit chaque année près de 10.000 banquiers centraux, ministres des finances, responsables du développement, dirigeants du secteur privé et représentants du monde universitaire pour traiter de questions d’envergure planétaire, dont les perspectives de l’économie mondiale, l’éradication de la pauvreté, le développement économique et l’efficacité de l’aide.
Six ans après le début de la crise financière, force est de constater que l’économie mondiale reste affaiblie et l’on n’entrevoit qu’une modeste accélération pour 2015, a signalé Mme Lagarde. Parmi les pays avancés, le rebond devrait être le plus marqué aux États-Unis, modeste au Japon et le plus faible dans la zone euro.
Emmenés par l’Asie, et la Chine en particulier, les pays émergents devraient rester des moteurs importants de l’activité mondiale. Pour eux aussi, toutefois, la croissance risque d’être moins rapide que par le passé.
Pour les pays en développement à faible revenu, dont ceux d’Afrique subsaharienne, les perspectives économiques s’améliorent. Cependant, étant donné que la dette s’accumule dans certains pays, il faut aussi qu’ils restent vigilants. Au Moyen-Orient, les perspectives sont assombries par des transitions économiques difficiles et des conflits sociaux et politiques intenses.
L’économie mondiale risque de se trouver bloquée pendant un certain temps à un niveau médiocre de croissance, à déclaré Mme Lagarde. Si l’on anticipe une baisse de la croissance potentielle demain, ce sont l’investissement et la consommation qui vont diminuer dès aujourd’hui. Une telle logique pourrait sérieusement freiner la reprise, en particulier dans les pays avancés, qui font également face à des taux de chômage élevés et une faible inflation.
Mme Lagarde a également évoqué les craintes que les excès du secteur financier ne s’accumulent, notamment dans les pays avancés. Les niveaux de valorisation des actifs atteignent des sommets sans précédents, tandis qu’on observe le phénomène inverse pour les écarts de taux et la volatilité.
Il faut aussi s’inquiéter de la migration des nouveaux risques de marché et de liquidité vers la finance «parallèle», ce segment moins réglementé et non bancaire qui se développe rapidement dans certains pays. En outre, les événements en Ukraine, au Moyen-Orient et dans les pays touchés par la flambée d’Ébola constituent des risques géopolitiques.
Selon Mme Lagarde, dans cette conjoncture, l’économie mondiale peut avancer avec une croissance poussive et médiocre, «ou elle peut corriger sa trajectoire et recourir à des politiques audacieuses pour accélérer la croissance, stimuler l’emploi et mobiliser ainsi un nouvel élan».... suite de l'article sur Autre presse