Le jeune Timonier tropical est dos au mur. La pression devient de plus en plus forte sur lui. Il est maintenant clair pour la planète toute entière que le fils du père n’adhère pas aux principes démocratiques et que son seul souci est de se ménager une présidence à comme son géniteur.
A la suite de sa capture macabre du pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé s’est présenté comme le démocrate le plus affirmé et qu’il n’a aucune trace de dictature dans ses chromosomes. « Lui c’est lui, moi c’est moi », « Leader nouveau », « Esprit nouveau », autant de titres ronflants dont Faure Gnassingbé s’était affublés pour faire croire qu’il est à tout point de vue différent de son géniteur.
Mais quelques mois de gouvernance ont suffi à convaincre les Togolais que Faure Gnassingbé n’est pas ce qu’il prétend être. Aujourd’hui tout le monde découvre le vrai visage du fils du père, visage d’un apprenti dictateur prêt à tout pour conserver ad vitam aeternam le pouvoir mal acquis.
On l’avait vu le soir de la catastrophe « gnassionale roulant des yeux de honte et de peur comme un caméléon, incapable de regarder dans les caméras, fuyant le regard des Togolais et du monde entier. Faure Gnassingbé a véritablement bien changé ! Il s’est opposé aux réformes politiques prescrites depuis 2006 et qui devraient garantir la transparence des consultations électorales et consolider la démocratie, la réconciliation et la paix sociale. On le voit bien, ces réformes sont essentielles aussi bien pour le régime que pour les Togolais. On comprend difficilement la réticence du jeune prince à faire opérer les réformes.
Aujourd’hui, la pression est telle qu’il devrait avoir de l’insomnie. Après les Eglises et l’Union Européenne, c’est au tour du groupe des 5 d’exiger de Faure Gnassingbé le respect de sa parole en mettant en œuvre les réformes constitutionnelles et institutionnelles.
«Les Chefs de missions de l’Union européenne, de la France, de la République fédérale d’Allemagne, des Etats-Unis d’Amérique, ainsi que la Coordinatrice résidente du système des Nations unies accrédités au Togo s’associent à l’appel récent des églises du Togo en faveur d’une issue positive du processus de réformes constitutionnelles », indique le groupe des 5 dans un communiqué. D’après ces représentations diplomatiques, « la poursuite de ce processus repose sur l’engagement de tous à faire avancer la démocratie dans un esprit de compromis ».
La question est de savoir si Faure Gnassingbé va ignorer tous ces appels et faire comme si de rien n’était. S’il a décidé de défier les hommes, va-t-il aussi défier Dieu ? Quoi qu’il en soit, c’est son propre visage qui est le chemin…
Sauvé par Massina Yotroféi !
Parfois, il vaut mieux être bête et fermer la bouche plutôt que de l’ouvrir pour dire des bêtises. Le président de la Cour Constitutionnelle Aboudou Assouma aurait pu s’appliquer cette sagesse. Mais hélas ! Depuis qu’il a ouvert la bouche pour dire des choses assez graves, personne ne veut lui pardonner. Il nous rappelle le non moins sulfureux ancien président de l’Assemblée nationale, Abass Bonfoh- voilà un autre cas social- qui a aussi tenu des propos qui ont fait protester des cadavres dans leurs tombes.
Comme Abass Bonfoh, la sortie ratée d’Aboudou Assouma a déclenché un déchainement de réactions et de condamnations. Le dernier désaveu en date vient du groupe des cinq, l’Union Européenne, l’Allemagne, la France, les Etats-Unis et le PNUD qui exige la relance des réformes politiques. Bien avant, c’est la société civile, notamment la plateforme citoyenne Justice et Vérité qui dit déceler à travers les propos du président de la Cour Constitutionnelle, un verrouillage des institutions au profit du seul pouvoir en place.
Pour cette organisation citoyenne, la page des réformes ne peut pas être fermée, car elles constituent, ces réformes, une recommandation prioritaire de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Au regard de la gravité des propos d’Aboudou Assouma et l’indignation que cela a suscitée au sein de l’opinion, les réactions ne devraient pas cesser de si tôt. Il devrait entendre des choses dans ses oreilles.
Sauf qu’il vient d’être sauvé par le gong ou plutôt, par Massina Yotroféi. Le tortionnaire impénitent devant l’Eternel a été promu par Faure Gnassingbé certainement pour les « bons et loyaux » services -tortures sauvages exercés sur les citoyens, saisie des fonds des commerçants etc.- en se faisant nommer Directeur général de la Gendarmerie nationale. Tous les regards seront désormais tournés vers ce tortionnaire certifié ISO 28000. Aboudou Assouma peut avoir un peu la paix dans l’âme. Ouf !
Ça sent le roussi pour les Togolais
Faure Gnassingbé a vraiment le don de surprendre, et très désagréablement, ses concitoyens ! En nommant le Seigneur de la torture, Alex Yotroféi Massina, à la tête de la Gendarmerie nationale, le jeune président démontre aux Togolais qu’il ne lâchera rien et qu’il ira jusqu’au bout. Ça sent le roussi.
Cette nomination ou plutôt promotion ne présage rien de bon pour les populations. L’ancien patron de la triste célèbre Agence nationale de renseignements (ANR), n’est pas seulement un éminent spécialiste de la torture- ses méthodes de tortures donnent des frissons- il est au cœur de tous les dossiers pourris de la République. Son nom cité dans l’affaire de la falsification du rapport de la CNDH, l’affaire des incendies et plusieurs autres dossiers. Il nous souvient qu’il avait même menacé de liquider physiquement des journalistes critiques à l’égard du pouvoir.
Certains le présentent comme les oreilles et les yeux du pouvoir de Faure Gnassingbé ce qui expliquerait le fait que ce dernier n’arrive pas à se défaire de lui. Pour d’autres le voient comme le vrai président de la République. En tout cas, Massina fait très peur. Et le nommant à la Gendarmerie nationale, c’est un signal « faure » que Faure semble donner aux Togolais dans la perspective de la présidentielle de 2015.
La nomination de Massina Yotroféi comme nouveau patron de la Gendarmerie nationale n’est pas vue sous le même prisme par tout le monde. Chacun analyse et décrypte selon sa grille de lecture. Pour certains, cette promotion est la preuve irréfragable que le braquage intervenu à l’aéroport de Lomé a été un complot ourdi par le pouvoir « pour créer un chaos sécuritaire justifiant le retour des tortionnaires à la tête de l’armée et la mise sur pied d’un plan de bataille pour les présidentielles 2015.
Et le Colonel Massina semble tenir les ficelles dans les labyrinthes du Palais ». Les tenants de cette thèse soutiennent justement que l’ex-patron de l’ANR est le plus grand bénéficiaire du remaniement au sein des FAT, en retrouvant le commandement de la Gendarmerie, son ultime rêve dans la vie.