Togo - Les habitudes ont la peau dure. Le zèle de certains policiers ou de gendarmes sur les journalistes semblent avoir encore de beaux jours devant. Noël Tadégnon de l’agence Reuters, Justin Anani de Légende FM, Atayi Ayi de Forum de la Semaine, Kossi Thémanou de Focus Infos, pour ne citer que ceux-là, en savent quelque chose.
La dernière victime, Bossou Kodjo, alias Pap Koudjo, Directeur de publication du journal satirique « Pipo Magazine », vient de subir les voies de fait d’un gendarme qui s’est déchaîné sur lui. La scène se passe le mardi 14 octobre à Déckon. Les faits tels que racontés par la victime :
« Sur le chemin de retour à la maison, j’ai décidé de faire une halte à Dekon où des forces de l’ordre en faction régulent la circulation pour faire passer le convoi du Président. Je me dirige vers la devanture de City Light, non loin de la station d’essence Total pour me mettre à l’abri du soleil, le temps que le convoi présidentiel passe.
Une fois sur le trottoir en face de City Light, un gendarme en faction m’interpelle avec une véhémence sans pareille : « Retourne d’où tu viens ! ». « Non, monsieur l’agent. S’il vous plaît, je viens m’abriter dans l’ombre de cet immeuble. De l’autre côté, le soleil me dérange », lui ai-je expliqué. Il oppose une fin de non recevoir et avance vers moi. Je ne bouge pas non plus et dans son élan, il vient me bousculer énergiquement.
Je suis tombé dans les eaux insalubres d’un vulcanisateur. « C’est fini ? », lui ai-je demandé après m’être relevé tout mouillé. Je décide alors de le prendre en photo. Il s’en rend compte et avance vers moi. D’un ton très menaçant, il me demande de lui donner mon appareil. Je lui ai répondu que « c’est mon instrument de travail ».
Il se met dans tous ses états et tente de prendre l’appareil de force en me bousculant. Il m’a tenu par le col et déchiré mon habit. Tentatives vaines. Une foule compacte s’est massée autour de nous et plusieurs personnes ont tenté de le raisonner sans succès.
Pendant ce temps, il ne cessait de m’injurier et de me traiter de tous les noms : « Escroc ! Terroriste ! Voleur ! Tu voudrais attaquer le convoi présidentiel ! Tu es un escroc ! Tu es un bandit…».
Quelques jeunes s’avancent vers moi et me confient que le même agent a, quelques minutes auparavant, brutalisé un vieil homme qui était de passage. Sur ce, c’est un conducteur de taxi-moto, compatissant à ma mésaventure qui vient me proposer ses services. Il m’extirpe du brouhaha et m’emmène chez moi… »
Voilà ce qu’a traversé un journaliste qui passe tranquillement son chemin. Ceci, parce que le chef de l’Etat doit passer. Et c’est déplorable pour notre pays qu’ont dit être un Etat de droit. Les citoyens n’ont visiblement plus le droit de circuler librement dans le pays.
Ces genres d’agression sur les journalistes ont été toujours dénoncés par les organisations professionnelles de la presse et par celles de défense des droits de l’Homme. Les autorités en charge de la sécurité, notamment le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, a de tout temps promis que ces actes ne se répéteront plus.
Mais c’est le contraire auquel on a toujours assisté. Les éléments de la Police et de la Gendarmerie continuent d’exercer ces voies de fait sur les journalistes et d’autres citoyens.
Ce que le Patronat de la Presse Togolaise (PTT) dénonce avec la « dernière vigueur » en demandant au ministre de la Sécurité et au Directeur général de la Gendarmerie d’« d’ouvrir une enquête et de sanctionner le gendarme qui a commis ces voies de fait sur le journaliste ».