La cote des métaux rares et précieux est visiblement supplantée au Togo par celle des minerais comme le phosphate, le marbre et le calcaire, qui ont fait et font, apparemment seuls, l’histoire minière du Togo. Et portant, des investisseurs y accourent.
C’est à travers la Société Générale de Mines, une filiale qu’elle détient à 85% que la compagnie Ferrex plc veut exploiter le manganèse au Togo, un gisement de 11 millions de tonnes de ressources totales à une teneur en manganèse de 13% dont 2 millions de tonnes de ressources mesurées à 17% de manganèse. Elle s’attèle depuis quelques années à décrocher le permis minier, qui pourrait lui être délivré avant fin décembre 2014, pour la mise en valeur de ce potentiel long de 2,2 km et large de 500 m avec une hauteur moyenne de 3,3 m situé à Nayega dans l’extrême nord, région la plus pauvre du Togo. Cette compagnie coté à la bourse de Londres, qui ne passe pas inaperçue en Afrique pour sa présence au Gabon et Afrique du Sud, fera une exploitation low-capex à ciel ouvert à Nayega avec une production de 250 000 tonnes de manganèse par an. Mais, Ferrex ira plus loin. Elle projette également la production du ferromanganèse qui pourra porter la durée de vie de mine de 8 à 15 ans sur le gisement de Nayega. Les autorités togolaises, étant à l’école de l’ITIE, qui a déclaré le Togo pays conforme, ont fait appel à un cabinet conseil pour préparer un permis minier raffiné ainsi que des modalités fiscales plus avantageuses pouvant soutenir la relance de l’économie togolaise et dégager plus de marges pour des projets sociaux dans ce pays qui se remet des décennies d’un marasme sans précédent.
L’intérêt continu des compagnies minières aux autres potentiels de minerai au Togo, outre le phosphate, a été véritablement perçu en septembre 2006. Ceci, lorsque l’Exécutif togolais signait avec MM Mining SA une convention d’exploitation, de transformation et de commercialisation de différents minerais, notamment le manganèse, le fer et la chromite. Deux ans plus tard, soit en janvier 2008, le Conseil des ministres adopte un projet de décret portant attribution, à cette société, basée aux Iles Bahamas, d’un « permis à grande échelle » pour l’exploitation de gisement de fer et de métaux connexes dans les unités du massif de l’Atakora, une chaine de montagnes qui traverse le Togo jusqu’au Bénin voisin. Depuis quelques années, MM Mining SA est à l’œuvre sur le gisement de fer de Bandjéli, du minerai à une teneur en fer variant entre 45 et 65%, et fournit une production annuelle qui « avoisine 50 000 tonnes », d’après le ministère des mines.
Mais l’effervescence est de mise sur le potentiel des métaux du Togo. Les compagnies minières continuent à se bousculer aux portes du ministère des mines qui enregistre sans cesse, dit-on, des demandes de recherches et d’exploitation. Panafrican Gold Corporation Togo, Togo-Or et l’Ets Alzema et Fils se rivalisent pour les permis de recherche et d’exploitation sur l’or, minerai qui serait présent « dans toutes les formations géologiques du Togo à l’exception du bassin côtier, sous la forme minéralogique ou géochimique », d’après le site officiel du ministère des mines. Global Merchants penche de son côté pour l’or et l’ilménite, tandis que Goldline Mining Corporation, Besmining Sarl et Godia Afrique ont jeté leur dévolu sur le potentiel de fer et ont introduit des demandes de permis de recherche dans ce sens. Dans cette ruée, la compagnie minière et de négoces multisectoriels Premier African Minerals Ltd aurait gagné gros avec quatre projets : le zinc à Pagala, le nickel à Haïto, l’uranium dans la région de la Kara et l’or à Dapaong. Le projet de Pagala comprend quatre permis d’exploration sur le zinc et minéraux associés dans une zone où BRGM et Anglo American avaient, en 1983, exécuté des forages test qui avaient abouti en 2000 à la définition, par Ambase Exploration Ltd, d’un gisement aux ressources SAMREC de 3,6 Mt à 2,7% de zinc. La compagnie cotée à Londres détient trois permis d’exploration pour le projet de nickel de Haïto, sud-ouest du Togo, avec des ressources inférées de 7,2 Mt à 0,99% dans le prospect du Mont Kpote, alors que son vaste gisement de Kpote a un potentiel de 10 à 15 Mt à une teneur en nickel de 0,8 à 1,05%. Elle détient, pour le projet d’uranium et minéraux associés de la région de la Kara, neuf permis d’exploration contigus. Des anomalies de formation uranifère longue 60 km y sont identifiées.
Apparemment, Premier African Minerals a une plus nette propension pour le projet sur l’or et métaux associés de Dapaong, projet pour lequel elle détient, depuis décembre 2012, deux permis d’exploration couvrant 400 km2 et ayant une période de validité initiale de trois ans. Aucune exploration systématique n’y est pas encore exécutée, cependant le projet est dit « très prometteur » au regard de l’exploitation artisanale dans la région et du fait qu’il se situe sur des roches intrusives volcaniques et birimiennes qui hébergent des projets aurifères d’envergure dans le voisinage notamment au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
Le projet est perçu économiquement robuste et les fortes chances d’une fructueuse mise en valeur en fait un actif de choix pour la compagnie de négoce multisectoriel qui l’a conservé dans son portefeuille d’actifs, pendant qu’elle devait se libérer de certains de ses actifs dont ceux sur le phosphate et l’argile au Togo.