Dans la poursuite des efforts qui, entre 1990 et 2012, lui ont permis de faire baisser le nombre de personnes sous-alimentées sur son territoire de 32,4% à 16,8%, le Togo est entré dans la phase de mise en œuvre de son Programme nationale d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire (PINIASA). Véritable plan de bataille contre l’insécurité alimentaire, ce programme vise une croissance agricole annuelle de 6%, à l’horizon 2015. Selon les dirigeants du pays, cette performance est susceptible de lui permettre d’accélérer le processus de réalisation du premier Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD) à savoir l’élimination de l’extrême pauvreté et la faim.
Lancé en 2011, le PNIASA dont le financement total est évalué à un peu plus de 569 milliards de francs Cfa, s’articule autour de cinq sous-programmes à savoir : la promotion des filières végétales, la production animale, la production halieutique, la recherche et conseils agricoles, et la coordination sectorielle et le renforcement institutionnel. Dans la pratique, tout projet développé dans le cadre du PNIASA doit s’inscrire dans la dynamique d’un ou plusieurs de ces sous-programmes. A l’étape actuelle, trois projets sont en cours de réalisation. Il s’agit du Projet D’appui Au Développement De L’agriculture Au Togo (PADAT), du Projet d’Appui au secteur Agricole (PASA) et du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest Projet-Togo (PPAO P-T).
Trois projets ambitieux…
Le PADAT qui s’inscrit dans la réalisation des buts du premier et du dernier sous-programme s’est donné pour objectif principal d’augmenter de 50% le rendement des cultures vivrières dans le pays. Pour réaliser cette ambition, le gouvernement s’est engagé dans diverses actions comme la facilitation de l’accès aux intrants et aux équipements de transformation pour les producteurs, l’aménagement des bas-fonds ou encore la construction d'infrastructures de stockages. La plus marquante de ces initiatives reste encore le projet Quickstart qui a consisté en la distribution de kits d’intrants agricoles à 50 000 producteurs de céréales. Bénéficiaire de cette opération Ouro Akpo Tchatchibara, producteur de maïs a déclaré : «Nous avons reçu des semences et des engrais, puis nous avons été suivi et conseillés. Cela a abouti sur une récolte sans précédent».
Si le PADAT se focalise sur le volet de la production, le PASA quant à lui prend en compte la valorisation de cette production notamment par sa transformation et sa commercialisation. Dans ce cadre, il s’appuie sur une structure originale: les Entreprises de service et d'organisation des producteurs (ESOP). Véritables unités d’encadrement du monde rural, ces organisations sont constituées d’associations d’agriculteurs cultivant un produit donné et d’acteurs du secteur de la transformation de ce produit. Elles permettent à l’agriculteur d’accéder aux intrants, et assurent la transformation et la commercialisation de sa production. De simples bénéficiaires des actions de l’ESOP au début, les producteurs accèdent progressivement à la copropriété de ces structures.
Financé par la banque mondiale, Le PPAO se tourne essentiellement vers le quatrième sous-programme du PNIASA, à savoir, la recherche agricole. Il s’agit pour ce projet de «générer et diffuser des technologies améliorées dans les principales filières agricoles du Togo, notamment le maïs, le riz, les volailles et les petits ruminants (ovins et caprins) et d’améliorer les revenus des petits exploitants agricoles aux moyens limités, en particulier les femmes et les jeunes. » indique le Plan d’Investissement du PNIASA. L’adoption de la réglementation de la communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en matière de semence et de pesticides par le Togo ou encore la diffusion de nouvelles technologies agricoles acquises auprès d’autres pays ouest-africains font partie des grandes réalisations de ce projet.
Une forte mobilisation financière des partenaires au développement
Petit pays, ne disposant pas de tous les moyens nécessaires au financement d’un programme aussi ambitieux que le PNIASA, le Togo s’est tourné vers ses partenaires techniques et financiers pour mobiliser les 112,5 millions de dollars requis pour la réalisation de ces trois premiers projets. En Afrique, son appel a convaincu des institutions régionales comme la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC). Hors du continent, la Banque mondiale, le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), le Programme Mondial pour l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (GAFSP) ou encore le Fonds Mondial de Réponse à la Crise Alimentaire (GFRP) se sont joints à l’initiative. Et à mi-parcours, les résultats globaux du PNIASA s’avèrent satisfaisants du point de vue de la plupart des bailleurs de fonds et autres observateurs indépendants. Cependant, les dirigeants togolais ne comptent pas dormir sur leurs lauriers. «Il s'agit non seulement d’assurer de cette sécurité alimentaire, mais aussi de faire de l'agriculture un médium de génération de revenus décent pour les 2/3 de la population qui dépendent de cette activité.» a déclaré l’ancien premier ministre Gilbert Fossou Houngbo. Un objectif que ce pays, riche d’une superficie arable de 3,4 millions d’hectares dont 45% actuellement exploités, peut et se doit d’atteindre à en croire son président Faure Essozimna Gnassingbé, qui, conscient du rôle névralgique de l’agriculture dans le processus du développement de la nation affirmait déjà en 2010: «Nous ne pouvons pas relancer l'économie togolaise si nous ne relançons pas l'agriculture togolaise.»