"A l’issue de l’Université populaire de Bruxelles tenue le 04 octobre dernier par le Collectif de Résurgence de la Diaspora (CRD-Togo), Sylvestre Apedo son Coordinateur chargé de la Diplomatie, la Vision et la Communication est revenu sur le sens du forum et l’idée d’un référandum d’initiative populaire annoncée par les responsables du CRD-Togo et du Mouvement Kékéli.
Dans cette interview, Sylvestre Apédo insiste sur la nécessité des réformes constitutionnelles et institutionnelles qui devront mettre le Togo sur les rails de la démocratie et surtout que les réformes ont été préconisées par l’Accord Politique Global (APG) et par la Commission Vérité Justice et Réconciliation.
"Pour le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI, les réformes constitutionnelles et institutionnelles sont impératives et constituent des préalables incontournables pour une élection présidentielle juste, équitable, transparente, sans violence avant pendant et après le processus électoral, et dont les résultats pourront être acceptés par tous !", indiqué M. Apédo dans l'interview que reprend Togo Breaking News.
Quel est le sens politique de la RCTB organisée par le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI le 04 octobre 2014 à Bruxelles?
La rencontre citoyenne togolaise de Bruxelles (RCTB) est avant tout une université populaire que nous avons organisée dans la continuité de la rencontre citoyenne togolaise de Bremen (Allemagne) des 16 et 17 novembre 2013. Il s’agit pour nous de mener une réflexion critique sans concession sur la situation sociale et les conditions de vie de la population, car la mission d’une Université est celle d’éveiller les consciences. Toutefois, il est évident que le pan politique ne peut être éludé lors d’une rencontre comme celle-ci. Il n’y a pas de doute que les besoins vitaux de la population : se nourrir, se soigner, se loger, s’instruire sont consubstantiellement liés à une politique audacieuse qui place la sécurité humaine au centre des préoccupations.
Il est fort évident aujourd’hui que la situation de crise sociopolitique permanente que vit le Togo affecte lourdement l’épanouissement de la population dont l’écrasante majorité peine à s’offrir un repas chaud par jour. D’où la nécessité de sortir sans délai de cette situation déshumanisante. Sans conteste, la crise politique togolaise loin d’être managériale (crise de gouvernance) est avant tout éthique et sociale !
Cette première université populaire du CRD-TOGO s’inscrit par ailleurs dans le cadre de la célébration du soulèvement populaire du 05 octobre 1990. Le 05 octobre 2014 marque le 24eme anniversaire et l’an 2 du deuxième cycle de cette révolution populaire qui a lancé le Togo sur le chemin du multipartisme. Lors des échanges, les débats de qualité ont permis de relever des dysfonctionnements de part et d’autre qui ont malheureusement enrayé le rêve des Togolais de voir notre pays se doter d’institutions républicaines vertueuses soucieuses du développement social, du bien-être de la population, de la justice et de la prospérité partagée pour tous. D’où la réflexion sur les alternatives crédibles à même de sortir le Togo de l’impasse sociopolitique actuelle !
A ce titre, l’appel de Bruxelles qui est en somme le document final de notre première université populaire, tout en exhortant le Peuple togolais à la Métamorphose, propose sur le fondement de l’article 4, alinéa 3 de la Constitution togolaise, l’organisation d’un référendum d’initiative populaire (RIP) afin de solder l’épineux problème des réformes constitutionnelles et institutionnelles.
Entre la classe politique togolaise et sa diaspora, on dénote de nombreuses incompréhensions. Comment l'expliquez-vous ?
Il y a plus à parler d’intérêts partisans que d’incompréhensions ! Car comment comprendre qu’on veuille tous arriver à assainir le processus électoral afin de garantir la fiabilité des résultats et en même temps s’entêter d’aller à l’élection présidentielle sans obtenir une réforme d’ensemble de la Constitution et du cadre électoral ? Moult incohérences dans la démarche de la classe politique togolaise révèlent la duplicité de ses acteurs plus préoccupés par le fauteuil présidentiel et les postes politiques que les uns s’obstinent à conserver par tous les moyens tandis que les autres veulent le conquérir à tout prix. La démocratisation effective du Togo ne saurait être réductible à de simples transactions électorales non transparentes.
Cette bataille de chiffonniers, vous en conviendrez, éloigne insidieusement des objectifs principaux de la révolution du 05 octobre 1990 dont les principales visées sont la transparence dans la gestion des affaires d’Etat, la justice, l’équitable répartition des ressources nationales, l’Etat de droit et la prospérité partagée pour tous !
Il est clair pour le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI qu’une autre manière de faire de la politique s’impose. Laquelle exige de construire l’unité d’action sur du sens structuré par l‘éthique, la vision partagée de l’intérêt supérieur de la Nation, la cohérence dans la démarche politique elle même fondée sur le projet fondamental d’une nouvelle gouvernance des peuples (SIKASE).
Quelle est la position du CRD-TOGO et du Mouvement KEKELI sur la tenue de la présidentielle de 2015 ?
Pour le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI, les réformes constitutionnelles et institutionnelles sont impératives et constituent des préalables incontournables pour une élection présidentielle juste, équitable, transparente, sans violence avant pendant et après le processus électoral, et dont les résultats pourront être acceptés par tous ! Au vu du climat sociopolitique actuel, ce n’est ni plus ni moins qu’une mascarade électorale qui est en cours. L’opposition sera comptable au même titre que le pouvoir en place si elle cautionne ce gangstérisme d’Etat !
Au cas où le référendum d'initiative populaire sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles que lancent le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI ne passent pas, qu'envisagez-vous?
Il est clair que le référendum d’initiative populaire (RIP) constitue sans contredit le dernier outil pour faire valoir les profondes aspirations du vaillant Peuple togolais. Si une telle initiative devait connaitre l’insuccès à cause de l’élite politique paresseuse et manifestement très éloignée des préoccupations de la population, le retour du bâton risque d’être désastreux pour la paix sociale et le pouvoir en place.
La situation est plus alarmante que ce que ne pense le pouvoir toujours campé sur ses certitudes d’être en mesure de tout contrôler de près !
Nul ne souhaite une situation hors de contrôle avec l’indigence sociale généralisée sur fond de violence sous toutes les coutures, et des souffrances inutiles pour la population suffisamment meurtrie par des choix politiques hasardeux des uns et des autres !
Pour éviter ces situations chaotiques, le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI pensent que la classe politique devrait faire amende honorable et accueillir favorablement l’appel des religieux appuyé par l’Union européenne !
L’ampleur sans précédent de la crise de la démocratie représentative dans notre pays a conduit le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI à relever l’outil technique contenu dans la loi fondamentale, et qui fort heureusement a échappé au toilettage constitutionnel de décembre 2002 opéré par le RPT sous feu Eyadéma, le père de Faure Gnassingbé.
Les uns et les autres ne peuvent plus débiner face à cette passerelle constitutionnelle qui donne force à la démocratie participative, et donc à l’action citoyenne que nous incarnons avec le reste des mouvements citoyens et de la société civile à l’instar des églises récemment montées au créneau pour un sursaut patriotique !
Si le pouvoir en place pouvait encore - de façon rocambolesque - se cacher derrière le rejet par sa majorité des réformes, il peut difficilement s’extraire de l’obligation constitutionnelle de l’article 4, alinéa 3 de la loi fondamentale, si les 500.000 signatures requises sont obtenues.
Le CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI lancent donc un vibrant appel à toute la classe politique, aux organisations de la société civile, à toutes les filles et à tous les fils du Togo tout entier afin qu’ils s’approprient les dispositions de l’article 4, alinéa 3 de la loi fondamentale pour donner une chance à la préservation de la paix civile au Togo.
LE CRD-TOGO et le Mouvement KEKELI s’engagent résolument à œuvrer aux côtés de toutes les forces du progrès pour faire des réformes constitutionnelles et institutionnelles une réalité afin de doter le Togo d’institutions républicaines vertueuses à même de préserver la sécurité et la paix sociale, afin qu’ensemble et cœur à cœur, nous puissions nous atteler au développement social, économique et spirituel de notre pays resté en veilleuse depuis 1990 au détriment du bien-être du Peuple togolais. Ce n’est rien que de cette manière et seulement que peut émerger véritablement un Togo libre, juste et prospère à la hauteur de la tâche mission originelle de notre pays appelé à être l’ « Or de l’Humanité » !