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Chronique de Kodjo Epou : Massina ou Yark, même pipe même tabac!
Publié le lundi 20 octobre 2014  |  icilome




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Togo - Tels de vulgaires dépeceurs, les gendarmes togolais projettent l’image de robots sans âme dressés pour torturer, pour faire peur. Certains parmi eux ne gagnent rien de leur mission quotidienne qui se résume à la chasse aux opposants du régime. Alors que leurs chefs, quant à eux, visent à préserver l’hégémonie du clan qui leur rapporte beaucoup de dividendes. Un gendarme, dans une république, peut-il ne pas prendre en compte la norme qui veut qu’à côté de Loi il y ait la Foi?

Il y a un niveau d’inculture inquiétant chez nos forces de l’ordre. Et pour cause. Lorsqu’au plus haut sommet de l’état, la violence brute est confusément considérée comme la force de l’Etat, les gendarmes et policiers qui reçoivent les ordres, sont incapables d’aller au-delà d’une compréhension au premier degré des missions régaliennes de l’Etat et se retrouvent dans un état d’esprit tel que les citoyens deviennent pour eux des cibles à abattre. Nos gendarmes pêchent quand ils oublient, ou ignorent que l’honneur de leur métier, ce n’est pas seulement LA LOI, c’est aussi LA FOI. De nos jours, un gendarme qui obéit aveuglément ne peut pas être un homme honorable; mais une bête méprisable pour qui torturer sans comprendre est dans l’ordre naturel des choses.

L’on ne dit jamais assez que les criminels nazis n’étaient pas des psychopathes, qu’ils obéissaient à la loi. L’esclavage transatlantique était parfaitement légal. Tous les types d’Etat, même les Etats totalitaires sont des états de « droit » en ceci qu’ils représentent tous un ORDRE JURIDIQUE. Malheureusement !Lorsque Marx Weber définissait l’état comme le seul instrument qui a « le monopole de la violence légitime », cette pensée était profonde, tellement elle exprimait un des aspects les plus descriptifs de la fonction de l’état. Cette fonction suspecte et ingrate de l’état, lorsqu’elle est mal comprise par des autorités dont le niveau de culture est sujet à caution, c’est la voie ouverte à toute sorte d’escalade. L’insuffisance de culture qui existe chez la plupart de nos agents des forces de l’ordre les conduit à une obéissance aveugle aux ordres, ordres que la hiérarchie leur présente comme fondés sur la loi.

Lorsqu’une loi est injuste personne n’est tenu de la respecter. Une loi inique produit toujours des criminels et des martyrs. Au reste, le comportement violent de la police et de la gendarmerie dans notre pays révèle des survivances de pratiques coloniales que le RPT a perpétuées dans le but d’assouvir ses sombres desseins. L’administration en générale est restée « coloniale »sur trop d’ aspects. Il y a lieu d’affranchir la police et la gendarmerie de cette idée « coloniale » qui veut que l’ordre repose essentiellement sur la peur.

« Tant que le citoyen a peur, l’ordre est sauf » pensent nos autorités. L’on oublie que nous sommes supposés être en démocratie, un système qui repose sur la liberté. « En Grande Bretagne, lorsqu’on sonne à votre porte à cinq heure du matin, c’est la laitière et non le policier » affirmait Winston Churchill, illustre homme d’état. Autrement dit, la différence entre l’ordre colonial et l’esprit républicain c’est la forme, la manière. En démocratie, même si les forces de l’ordre ont des griefs à l’encontre d’un citoyen, d’une catégorie ou un groupe de citoyens, elles y mettent la forme pour que « force reste à la loi ». Mais lorsque les autorités, parce qu’elles veulent à tout prix rester là où il y a de l'argent à se faire et du pouvoir à exercer, ne sont pas suffisamment hautes pour agir intelligemment, c’est la porte ouverte à la sauvagerie primaire. Il appartient aux gendarmes, policiers et gardiens de préfecture aux ordres de ces autorités d’apprendre à se rebeller, de faire comprendre à leur chef, suprême soit-il, qu’ils n’ont pas vocation à embastiller la République, à traumatiser ou supprimer des vies humaines, sauf dans les cas de menaces extrêmes sur la population civile et là aussi, l’autorisation très procédurière et clairement définie est requise.

Ici l’idée fondamentale est que la gendarmerie qui vient d’échoir dans les mains du tortionnaire de l’ANR, le Colonel aux mains couvertes de sang d’innocents citoyens, comme pour le récompenser des services rendus, fait partie de la nation. Il serait contradictoire que cette frange agisse contre le peuple qu’elle est sensée défendre et protéger contre des malfaiteurs dangereux. Cela montre à suffisance toute la gravité des événements douloureux que subit notre peuple, simplement parce que Faure Gnassingbé, malgré qu’il ait fréquenté la grande démocratie américaine pendant ses années d’étude, est incapable de comprendre ces petites notions dont la mise en pratique dans son propre pays aurait pu faire de lui un homme d’état. Il préfère la police politique, la république des gendarmes et des juges véreux, celle dans laquelle la résistance du peuple à l’injustice, la volonté des citoyens de choisir librement leurs représentants, sont des crimes de lèse-majesté.

Il n’y a pas plus laids que des gens qui croient pouvoir indéfiniment gouverner par la peur, qui sont donc portés à l’excès en toute chose. Les gouvernants qui pensent que seule l’obéissance est la vertu mère et qu’il faut l’appliquer à sens unique sur les citoyens, ne sont pas dignes d’avoir entre leur main la destinée de tout un peuple et, en aucun cas, ne peuvent travailler pour les intérêts vitaux de celui-ci. Au-dessus des autorités, il y a la loi. Au-dessus de la loi, il y a le peuple. Et, au dessus du peuple, il y a Dieu, l’être suprême. C’est Platon qui pensait justement qu’ « il y a mieux que la loi: c’est l’homme noble, plein de vertu. ». Noblesse et vertu ? Nos gendarmes et policiers, ces agents que le RPT a réussi à instrumentaliser, à abrutir, bref à déshumaniser, sont à des années-lumière de ces qualités cardinales. Encore une des raisons pour qu’au Togo, tous les moyens soient mis en œuvre aux fins de donner des chances à la démocratie de prendre forme et de s’enraciner dans les mœurs.

Pour le moment, nous assistons à ce qu’il convient d’appeler une démocratie de massue, un système militaro-totalitaire qui fait la part belle à l’épouventail militaire dans le débat politique. Il est enfin temps que ces gendarmes apprennent à placer la raison avant l’exécution des ordres iniques qui ruinent, chaque jour davantage, les chances de la réconciliation nationale. Yotrofeï Massina, après son passage désastreux à la tête de l’ANR, va-t-il revoir ses cours d’officier afin de mettre ses hommes au service du peuple et non pas pour les dresser contre celui-ci? A-t-il les facultés de savoir que la colère du peuple qui le poursuit actuellement et dont se fait largement l’écho la presse finira par le rattraper un jour s’il doit continuer, au nom du prince, de torturer à mort certains Togolais à l’instar d’Etienne Yakanou?

Avant de lui souhaiter bonne chance pour son nouveau poste, voici ma leçon de civisme à l’attention de Massina: une LOI n’est pas sans s’accompagner d’une FOI qui la rend humaine. Autrement, une loi sans conscience de l’exécutant est comme une hache entre les mains d’un psychopathe. Dès lors, la balle est dans le camp de la gendarmerie et de son nouveau chef. C’est à eux, à eux seuls, qu’il revient de rebâtir leur image pourrie, de démontrer à la face de l’opinion publique togolaise qu’ils ne sont pas d’intelligence médiocre, c’est-à-dire des hommes sans Foi ni Loi.

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