La situation des jeunes filles par rapport aux grossesses non désirées, surtout en milieu scolaire est très préoccupante au Togo. Selon une étude menée par le gouvernement, en moyenne 17% des jeunes filles d’âge compris entre 15 et 19 ans tombent enceintes de façon précoce en milieu urbain. En milieu rural, ce taux est de 25%.
C’est une situation qui préoccupe autant le gouvernement que les acteurs intervenant dans le domaine de l’éducation de la jeune fille, notamment l’Association Togolaise du Bien-être Familial (ATBEF).
Les jeunes filles reçoivent-elles une éducation sexuelle au Togo ? Qui leur donne cette éducation ? Sont-elles responsables en matière de relations sexuelles ? A ces préoccupations, il importe de dire que la plupart des filles autant en milieu urbain que rural manquent d’éducation sexuelle.
Les jeunes filles ne sont pas préparées par les géniteurs pour affronter leur âge adolescent
L’ATBEF a animé dimanche sur le site de la fête de la bière à la plage, une conférence à l’intention des jeunes filles et jeunes garçons autour du thème : « Condomize et prévention des grossesses non désirées ». Interrogées à l’issue de l’entretien, certaines jeunes filles se prononcent.
« Depuis que j’ai atteint l’âge pubère, ma mère ne m’a jamais parlé de sexualité. Je dirai même que c’est un sujet tabou chez nous à la maison puisque, et mon père et ma mère n’abordent jamais ce sujet. Celles de mes sœurs qui ont fait leur première expérience amoureuse au vu et au su de nos parents, ont été passées à tabac », a déclaré Juliette, 17 ans et en classe de 3ème dans un collège public de Lomé.
Pour Henriette, 16 ans, la seule fois qu’elle et sa mère ont parlé "sexualité", remonte au jour où elle a fait ses premières règles. « J’ai couru rejoindre ma mère à la cuisine et je lui ai dit que le sang coulait sur moi. Elle m’a dit de me taire, m’a amené dans les toilettes et m’a donné quelques bribes de conseils. Tout ce que je sais aujourd’hui, je l’ai appris chez des amies », a-t-elle ajouté.
A la question, que font les filles aujourd’hui malgré l’absence de ce background important pour contourner les risques qu’il y a dans la sexualité, chacune y va de sa réponse.
« Moi, j’exige le condom à tous les coups. Je ne le fais pas sans condom », a indiqué Juliette. Henriette, après avoir reconnu qu’elle s’est laissée allée plusieurs fois au « corps-à-corps », a rappelé que depuis qu’elle suit les enseignements donnés au programme Condomize, elle a changé de cap. "J'ai su que ma vie et mon avenir étaient en danger", a-t-elle expliqué.
Pour l’ATBEF, l’éducation sexuelle est incontournable dans le choix opéré par les filles
L’éducation sexuelle est importante dans la vie d »une jeune fille, a rappelé Dr Gaba Amouzou, présidente de l’ATBEF-Togo.
« Nous avons parlé de l’éducation sexuelle des jeunes filles. Quand la fille sait comment son corps fonctionne, comment elle doit utiliser son corps pour tirer le maximum d’avantage, elle peut s’abstenir. C’est ce qui manque dans l’éducation des jeunes filles. Nous avons lancé un appel à tout le monde de parler aux enfants de l’éducation sexuelle complète et comment faire le choix de l’abstinence jusqu’au mariage. Celles et ceux qui ne peuvent pas faire le choix, on met à leur disposition le condom pour se prémunir des grossesses non désirées, des IST et du Sida », a-t-elle précisé.
L’abstinence est encore possible !
Selon Dr Solange Toussah-Ahossou, directrice exécutive de l’ATBEF, toute jeune fille doit savoir qu’elle est là pour un objectif, qu'elle a une vision pour sa vie et des buts très clairs.
« Elle ne veut pas être enceinte alors qu’elle a 12, 13 ou 15 ans. L’abstinence est la méthode phare. Elles peuvent décider de s’abstenir mais à la longue, peuvent tomber dans certains pièges des garçons ou des hommes tout simplement parce qu’elle n’est pas préparée. Donc, l’abstinence est possible », a-t-elle proféré.
Le programme Condomize, initié par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) vise à sensibiliser les jeunes sur les maladies sexuellement transmissibles, le VIH/Sida et les grossesses indésirées. A terme, environ deux millions de condoms masculins et 200 000 féminins seront distribués.