Togo - Le 14 0ctobre 2014, Bossou Kodjo, alias Pap Koudjo, Directeur de publication du journal satirique "Pipo Magazine", a été victime des voies de fait de la part d’un gendarme qui s’est déchaîné sur lui. La scène se passe à Déckon. Les faits tels que racontés par la victime.
"Sur le chemin de retour à la maison, j’ai décidé de faire une halte à Deckon où des forces de l’ordre en faction régulent la circulation pour faire passer le convoi du Président. Je me dirige vers la devanture de City Light, non loin de la station d’essence Total pour me mettre à l’abri du soleil, le temps que le convoi présidentiel passe. Une fois sur le trottoir en face de City Light, un gendarme en faction m’interpelle avec une véhémence sans pareille : « Retourne d’où tu viens !".
"Non, monsieur l’agent. S’il vous plaît, je viens m’abriter dans l’ombre de cet immeuble. De l’autre côté, le soleil me dérange", lui ai-je expliqué. Il oppose une fin de non-recevoir et avance vers moi. Je ne bouge pas non plus et dans son élan, il vient me bousculer énergiquement.
Je suis tombé dans les eaux insalubres d’un vulcanisateur.
"C’est fini ?", lui ai-je demandé après m’être relevé tout mouillé. Je décide alors de le prendre en photo. Il s’en rend compte et avance vers moi. D’un ton très menaçant, il me demande de lui donner mon appareil. Je lui ai répondu que "c’est mon instrument de travail". Voilà ici résumé, le film de l’évènement.
Ne pouvant pas resté les bras croisés, Pap Koudjo, dit "adressé une saisine au Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile pour demander une confrontation directe avec ce corps habillé afin d’en savoir sur les motivations de son acharnement sur ma personne".
Visiblement, la demande formulée par le journaliste n’est pas tombée dans les oreilles d’un sourd. Et pour cause. Trois jours après les évènements, c’est le Ministre de la Sécurité en personne, Yark Damehame, en compagnie du Secrétaire Général de son Ministère, le Commissaire Awa, qui a pris les devants des choses en recevant le journaliste Pap Koudjo assisté par Isidore Akolor, Directeur de Publication de l’Hebdomadaire Actu Express et également Chargé à l’Information et à la Communication du Patronat de la Presse Togolaise (PPT).
"En tant que père de famille, quand un de vos enfants commet une faute envers un tiers, vous avez le devoir de prendre les devants et présenter vos excuses à l’offensé. C’est ce que je fais en vous présentant mes excuses et celles de mon département, par rapport aux actes déplacés posés par cet agent des forces de l’ordre à votre endroit… ", a déclaré le ministre Colonel Yark Damehane lors de la rencontre.
Pour M.Yark, "un militaire, un policier ou un gendarme, est un civil habillé. Un civil est un militaire, policier ou gendarme déshabillé… ", a rajouté le Ministre.
Il a aussi rappelé que le jeudi 16 octobre dernier, s’est tenu à Atakpamé, ville située à 180 km au nord de Lomé, un séminaire sur les relations « exécrables » entre les corps habillés et les populations civiles. Sur ce, le Ministre Yark a émis le vœu de "voir dans des quartiers, forces de sécurités et jeunes des quartiers en train de jouer au foot ou une revendeuse en train de sympathiser avec un policier au bord de la route. Cela ne peut que renforcer les liens de complicités entre les forces de sécurité et les populations civiles, pour lesquelles d’ailleurs, les forces de sécurité sont établies. Elles ne doivent pas craindre de les aborder, loin s’en faut… ".
«Avant qu’Isidore et moi ne quittions le Ministère, il m’a été proposé d’être dédommagé, vu que mon habit a été déchiré par ce gendarme. Par pur principe, j’ai répondu que, « du moment où les excuses du Ministre Yark et de son département sont acceptés, il n’était plus question de prendre une quelconque compensation », dit Pap Koudjo à Yark.
"Le mal étant déjà fait, j’estime que par cet acte, salué d’ailleurs par le Ministre, je pense avoir livré un message, de beaucoup d’anonymes victimes des voies de faits de certains corps habillés, afin que ce genre de pratiques cesse dans notre pays", a souligné M.Pap Koudjo.
Quoiqu’on dise, cette démarche du ministre Yark est à saluer. Mais, seulement, ne règle pas l’affaire. Des journalistes avaient subi le même sort que Pap Koudjo et l’éternelle chanson, reste des excuses. Jamais, un corps habillé n’a été sanctionné pour comportement indélicat. Et cet état de chose, sonne comme un quitus ou une caution voilée aux corps habillés qui, à la simple vue d’un homme de média, se prennent comme des ennemis à abattre à tout prix. Trop c’est trop.