Togo - Si tout va bien, les autorités togolaises vont probablement réceptionner la nouvelle aérogare avant la fin de cette année. Les travaux, à en croire l’entreprise chinoise en charge de l’exécution, sont presque à terme. Mais ils risquent de connaître quelques difficultés dues à la grève lancée par les ouvriers depuis hier.
Ils sont 150 Togolais recrutés par l’entreprise chinoise. Aujourd’hui, ils montent au créneau pour dénoncer les conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent, avec l’indifférence de leurs employeurs qui semblent n’avoir que faire de leurs préoccupations.
Pas de contrat de travail depuis deux ans que certains employés sont recrutés, pas d’indemnité pour le travail de nuit (alors que les ouvriers travaillent presque toutes les nuits), pas de bulletins de paye. A cela s’ajoute les prélèvements sur salaire pour cause d’absence même en cas de maladie.
Toutes ces injustices ont fini par mettre les ouvriers dans leurs états. Depuis quelques semaines, ils réclament de meilleures conditions de vie et de travail, notamment des indemnités pour le travail de nuit, la déclaration à la Caisse nationale de sécurité sociale, des congés et la restitution des prélèvements sur salaires.
Le 10 octobre 2014, ils ont déposé un préavis de grève sur la table de l’employeur. Mais ce dernier n’a daigné réagir. Exaspérés, ils sont entrés en grève le 20 0ctobre 2014 en cessant les travaux. Situation qui a fait déplacer le ministre des Transports et des Travaux publics, Ninsao Gnofam et le Directeur de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC), le Col. Gnama Latta. Ce dernier est allé trop loin en menaçant les ouvriers d’utiliser la force s’ils ne reprennent pas le travail.
Même l’intervention des syndicats n’a pas suffi à persuader les ouvriers qui étaient restés catégoriques. Plutôt, ils ont fait comprendre à Gnama Latta qu’il envenimerait la situation s’il ordonne aux forces de l’ordre de lancer les grenades lacrymogènes contre eux.
Finalement, les ouvriers étaient sommés de quitter le chantier. Ceux qui ont traîné un peu les pas l’ont appris à leurs dépens. C’est ainsi que trois ouvriers qui déjeunaient chez une revendeuse non loin du site ont été appréhendés. Ils ne sont relâchés qu’en début de soirée, suite à l’intervention des responsables des syndicats.
«On n’a pas compris pourquoi on doit arrêter des gens qui ne font pas de violence…», a indiqué un syndicaliste.
Aujourd’hui, les ouvriers sont revenus sur le site, mais refusent toujours de travailler. Ils demandent la prise en compte de leurs doléances par la direction de l’entreprise qui les emploie. Selon les ouvriers, la grève continue jusqu’à satisfaction.
C’est un chantier gigantesque financé à hauteur de 75 milliards de FCFA par la China Exim Bank, une banque chinoise.
La nouvelle aérogare de Lomé qui dispose de 4 rampes télescopiques donne accès direct aux avions. Elle va acueillir par an, 2 millions de passagers. C’est plus que le double de la capacité actuelle de l’aéroport Gnassingbé Eyadema qui draine 600.000 passagers. Construite sur une surface de 21 000 m², l’aérogare aura une zone de fret pouvant traiter 50.000 tonnes contre 15 000 pour l’ancien.
L’aérogare disposera de nouveaux taxiways pour relier les deux seuils de piste. Un nouveau parking avion moderne pouvant accueillir jusqu’à 15 avions. Le parking existant sera réhabilité. Il est prévu l’agrandissement du parking automobile, des espaces VIP réservés aux compagnies qui utilisent la plateforme et de vastes salles d’embarquement, un hôtel et une galerie commerciale.