Il n’y a pas d’occasion où ceux qui sont au pouvoir ne ressassent que le gouvernement construit des routes. Cependant, si des populations de certains quartiers de la capitale peuvent se targuer de cohabiter avec de nouvelles routes dont la construction a entraîné la réfection de leurs milieux, avec la mise en place des caniveaux et autres bassins de rétention d’eau pour éviter les inondations, d’autres vivent au quotidien de véritable calvaire chez eux. En plus des problèmes liés à l’inondation et à l’absence totale des infrastructures dont elles sont confrontées, ces populations sont exposées aux risques sanitaires.
Malgré le discours que tiennent les gouvernants lors des occasions solennelles, la capitale souffre énormément des problèmes liés à la pollution et au manque d’hygiène. Dans presque tous les quartiers, même ceux traversés par ces nouvelles routes, le constat est édifiant. Dans l’une de nos précédentes parutions, nous évoquions le problème de santé publique que les immondices du grand marché d’Adawlato constituent pour les commerçants et leurs clients. L’intention, c’était d’attirer l’attention des autorités municipales sur le danger et les amener à prendre des dispositions pour que ces tas d’ordures qui cohabitent avec les commerçants soient enlevés afin rendre et de maintenir les lieux propres. Mais depuis, rien n’est fait. Mieux le volume des immondices augmente de plus bel. L’on dira peut-être que les camions benne y font leur tour presque tous les matins. Mais leur travail ressemble à une goutte d’eau dans la mer; ces immondices prennent la forme d’une montagne, sauf qu’ici l’atmosphère est invivable. L’odeur que dégagent les déchets devient de plus en plus insupportable pour les riverains et les commerçants. « Ces immondices n’ont rien à envier aux décharges finales qu’on voit dans certains quartiers. Regardez comment les gens côtoient ces odeurs tous les jours. Ils sont impuissants devant ce spectacle. Seules les autorités municipales peuvent faire quelque chose », peste une commerçante. Tous les matins, les gens continuent toujours par déverser des ordures sur les lieux.
A en croire certains riverains, cet endroit constitue un dépotoir intermédiaire pour permettre aux riverains de ne pas jeter les ordures un peu partout. Il revient alors à la municipalité de les acheminer vers des décharges finales, soit à Agoè ou partout où elles sont créées pour desservir la ville de Lomé et ses environs. Mais le passage des camions benne qui doivent acheminer ces ordures est tellement irrégulier et lent qu’on peut prendre cet endroit du grand marché d’Adawlato pour une décharge finale.
Le grand marché d’Adawlato n’est pas le seul cas qu’on peut citer. Le problème d’insalubrité se pose dans presque tous les marchés de la capitale avec acuité. Un tour dans la gare routière d’Agbalépédo fait découvrir l’amer constat. Là aussi, des odeurs pestilentielles s’y dégagent où des centaines de voyageurs défilent chaque jour. Voyageurs, conducteurs, membres des syndicats des conducteurs et surtout des revendeurs côtoient tous les jours des déchets formant des tas au sol, des odeurs d’urines et d’excréments et autres puanteurs. Malgré l’existence des sanitaires dans cette gare, les usagers semblent ériger en règle de vie le fait d’uriner à l’air libre à la vue de tout le monde. Les responsables de ces sanitaires, eux-mêmes, évoquent l’incapacité de la structure à satisfaire la demande.
Voilà de quoi est fait le quotidien des usagers de cette gare routière qui est devenue célèbre dans notre pays. On se demande ce que font les autorités municipales pour rectifier le tir. Chaque jour que Dieu fait, on ne cesse de rebattre les oreilles des populations que le gouvernement s’est engagé dans une politique des grands travaux et donc l’assainissement de la ville de Lomé constitue un point capital dans ce programme.
Et pourtant, ce ne sont pas des projets qui manquent. Il y a surtout le projet PEUL qui prend en compte l’assainissement de la ville. En début d’année, la Mairie de Lomé a organisé une rencontre avec la presse au cours de laquelle elle a présenté son financement estimé à plusieurs millions de FCFA. On se demande aujourd’hui ce qu’on fait de cet argent au point de laisser ces lieux très fréquentés dans un état aussi piteux.
On a plutôt l’impression qu’à part quelques routes qui poussent dans certains quartiers peu populaires, rien ne change en réalité. Même la qualité de ces nouvelles routes est sujette à polémique. Pendant ce temps, le centre ville est laissé à son triste sort. Une petite goutte de pluie, et la ville de Lomé, surtout là où se déroulent les activités économiques qui rapportent de l’argent aux pays est abandonné. Assigamé, Akodésséwa, Bè et bien d’autres quartiers où se situent des centres commerciaux ou des marchés de renom sont envahis à chaque tombée de pluie.
Le copinage dans les passations des marchés
La politique des grands travaux inclue également l’assainissement de la ville de Lomé. Mais on sait tous l’état dans lequel se trouvent certains marchés et gares routières de la ville. A côté de cela, les entreprises ayant en charge l’exécution des travaux de construction des routes et autres infrastructures déçoivent par la qualité des ouvrages qu’elles laissent aux populations. Aujourd’hui, les usagers de la voie qui part d’Agbalépédo jusqu’au carrefour Bodjona sont à la merci des eaux. A la moindre goutte de pluie, une grande partie de cette route se retrouve sous l’eau rendant difficile la circulation aux usagers, obligés de faire des détours pour vaquer à leurs occupations. Et pourtant, cette route venait d’être construite par l’entreprise dont le responsable est proche des sommités. A Adidogomé, la semaine dernière, c’est un bassin de rétention d’eau qui a débordé, déversant ses eaux dans les berges et provoquant une inondation dans la zone. On parle de milliers de sinistrés qui, jusqu’aujourd’hui, sont dans le désarroi. La même scène s’est produite il y a quelques mois à Adidoadin où le bassin de rétention d’eau dans le quartier a cédé, créant la désolation au sein de la population.
Le bassin de rétention d’eau d’Adidoadin fait partie des 24 bassins prévus par le Plan Directeur d’Assainissement (PDA) mis sur pied en 1986 et réactualisé par le gouvernement en 2004. Ces bassins auront pour volume total de 1,35 millions de mètre cube. Le coût total des travaux est estimé à 150 milliards de F CFA. L’objectif, éviter les inondations, puisque, à en croire les ministères impliqués dans l’assainissement, avec l’exécution des grands travaux de voiries urbaines et d’aménagement de certains bassins de rétention (BR) munis de réseaux gravitaires et de stations de pompage, les apports en débit instantané seront énormes et la capacité de rétention (volume tampon) du système lagunaire serait insuffisante pour contenir ces eaux pluviales.
Tout porte à croire que les responsables des entreprises de BTP en charge d’exécuter les travaux sont plus préoccupés par autre chose que par la qualité des ouvrages. Ils se précipitent pour finir un chantier pour en prendre un autre sans pour autant veiller sur la qualité. On est donc en droit de se demander s’ils font des études d’impact environnemental pour voir la faisabilité de ces travaux, afin d’éviter des désagréments aux populations, comme c’est le cas au niveau du bassin d’Adidoadin. Ces entreprises donnent l’impression de n’avoir de compte à rendre à personne, puisque les responsables sont pour la plupart amis aux sommités du régime. Le gouvernement qui commandite les travaux semble se passer du suivi qui peut lui permettre d’interpeller ces entreprises au cas où le travail est approximatif.
C’est dans ces conditions que l’on prévoit encore la construction de plus de 60 000 mètres linéaires de divers réseaux de drainage dans les quartiers Kanyikopé, Akodésséwa Est (Kponou), Akodésséwa Ouest (Kpota), Baguida, Adamavo, Kagomé et Adakpamé. Déjà, les inquiétudes naissent. On se demande dans quelles conditions ces nouvelles réalisations seront encore exécutées.