Son Excellence Marc Fonbaustier, nouvel Ambassadeur de la France au Togo a accordé à la Rédaction du site « Corps Diplomatic Togo » une interview. Dans cet entretien, le diplomate français qui a présenté ses lettres de créance au Chef de l’Etat togolais le 16 Septembre dernier, fait le zoom sur les grandes sa mission diplomatique au Togo. Les questions économiques et sécuritaires ne sont pas laissées en jachère. Lisez plutôt.
Bonjour Monsieur Marc FONBAUSTIER. D’entrée, nous vous présentons nos félicitations pour votre nomination comme Ambassadeur de France près la République du Togo. Quelles sont les grandes lignes de votre mission diplomatique au Togo ?
Je vous remercie. C’est un honneur d’être Ambassadeur de France au Togo, à une période où le pays évolue et se transforme, dans un environnement régional plein d’opportunités et de défis. J’ai depuis mon arrivée à Lomé de très bonnes sensations. Les grandes lignes de ma mission sont claires. Elles tournent autour d’une diplomatie globale qui se décline suivant quatre axes. Le premier axe, qui est au cœur des relations d’Etats, suit la coopération régalienne et de sécurité au sens large. Cette coopération, de grande qualité et de haute intensité, est un socle de notre projection au Togo. Elle nourrit la confiance mutuelle et structure de nombreux échanges, mutuellement bénéfiques.
Le deuxième axe concerne la diplomatie économique, soit l’ensemble des actions menées en faveur de la présence, de l’expansion ou de l’implantation d’opérateurs économiques Français, tous secteurs confondus. A l’heure où le Togo se transforme, entend se placer sur une orbite nouvelle et devenir une plate-forme régionale ouverte au monde, les occasions d’y commercer, d’y investir, d’y prendre pied ne devraient pas manquer.
Le troisième axe, très important pour ce pays, porte sur la diplomatie du développement. Il concerne l’ensemble des moyens que nous consacrons, sous diverses formes, par divers mécanismes et au – travers des différentes institutions mobilisées, au développement humain. Il est clair à cet égard que les frontières entre les différentes politiques deviennent parfois ténues : la diplomatie économique, en permettant de contribuer à la croissance et à l’emploi de Togolaises et de Togolais, contribue au développement au sens large. En retour, la coopération pour le développement améliore les conditions générales de la vie quotidienne et vient ainsi étayer les activités économiques.
Le quatrième axe s’appuie sur le bloc formé par la diplomatie culturelle, la Francophonie et les coopérations scientifiques et universitaires. Ce faisceau hétérogène, mais crucial dans les relations entre les peuples, les Nations, participe de ce que l’on désigne parfois comme la « diplomatie d’influence ».
Excellence Monsieur l’Ambassadeur, à combien estimez-vous la communauté française au Togo?
Le nombre de Français résidant au Togo oscille entre 3500 et 3700. Il faut y ajouter environ 200 personnes qui ne sont pas inscrites au registre puisque l’immatriculation auprès du Consulat n’est pas obligatoire. L’importance de cette communauté, quantitativement et qualitativement, est le reflet des liens anciens, profonds et vivants entre nos deux pays.
Vous êtes arrivé au Togo il y a quelques semaines certes, mais de loin, quelle analyse faites-vous de la politique étrangère du Togo ces 10 dernières années?
Il serait tout à fait déplacé et très présomptueux de ma part de me prononcer sur la politique étrangère du Togo qui est l’apanage souverain des autorités togolaises. Je ne peux, tout au plus, que partager avec vous quelques perceptions, qui n’ont qu’une valeur de témoignage.
Le Togo est très actif dans les organisations internationales, en particulier en Afrique. Il est particulièrement investi en faveur de la paix et de la sécurité, comme le démontre son engagement précoce avec la France au Mali. Le Togo est également un acteur majeur de la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. Il a beaucoup contribué à tous les grands débats internationaux dans le cadre de son mandat au Conseil de Sécurité de l’ONU, où je sais que sa contribution a été riche et appréciée.
Le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a manifestement une vision pour la diplomatie togolaise, sous l’autorité du Président de la République, pour contribuer à faire du Togo une plate-forme régionale ouverte au monde. A cet égard, j’ai été très frappé par les discours de votre Président et de votre Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, à New-York, mettant en exergue notamment l’implication du Togo dans la lutte contre toutes les formes d’insécurité et la volonté de votre pays d’être un membre actif et responsable de la communauté internationale.
Mais ce ne sont, là encore, que des impressions personnelles après quelques semaines ici. Je n’ai aucune légitimité, vous le comprendrez, pour m’exprimer sur la politique togolaise, y compris sur la politique étrangère.
Quelle appréciation avez-vous de la coopération entre le Togo et votre pays?
Les relations sont entre bonnes et excellentes, suivant les périodes. Nous avons un socle régalien très solide, servi par l’histoire et une amitié forgée par une fraternité d’armes. Nous menons des collaborations confiantes et mutuellement avantageuses.
Presque tous les secteurs d’activités du Togo font l’objet d’une collaboration avec la France au sens large. Je compte beaucoup sur les marchés qui vont s’ouvrir pour que les entreprises françaises accroissent leur présence. Je table également sur la sécurité maritime et terrestre, y compris la sécurité intérieure, comme poutres maitresses des relations entre les deux Etats.
J’espère aussi que l’Institut Français au Togo tiendra toutes ses promesses : nous le devons à nos amis togolais, au public, à tous les amis de la culture française et de la francophonie.
Les relations entre sociétés civiles, avec les Volontaires Français, les ONG, sont une autre dimension importante des liens entre nos deux Nations: elles apportent un supplément d’âme et complètent les projets de développement institutionnels.
Parlons maintenant économie. Combien d’entreprises françaises opèrent au Togo et qui contribuent à la fois au Produit intérieur brut (PIB) togolais et au Produit national brut (PNB) français?
Dans le panorama des entreprises françaises qui opèrent au Togo, il convient d’inclure celles qui sont très actives en France ou qui emploient de nombreux Français sans pour autant être françaises au sens juridique. On en compte environ 25 qui opèrent au Togo dont Accor, Air Liquide et Total qui sont des entreprises du CAC40.
Quelle est la contribution de ces entreprises aux deux agrégats en 2013?
La contribution de ces entreprises aux PIB togolais et français est très difficile à évaluer, dans la mesure où elles ne sont pas tenues de nous communiquer leur comptabilité, nous ne pouvons calculer leurs valeurs ajoutées. Mais c’est une contribution significative à une économie en expansion.
Excellence, quels sont les défis que vous êtes tenu de relever dans le compte de la mission diplomatique qui vous est confiée?
Mon défi est simple: réussir ma mission à Lomé au profit du Togo et de la France. Cela signifie faire vivre le désir de France des Togolais, que je sens bien vivant, et parvenir à décrire aux Français les mutations en cours au Togo.
Votre mot de la fin…
Difficile de finir alors qu’un chapitre s’ouvre. Je dirais seulement que, comme diplomate et plus profondément, comme homme, j’ai la sensation intime d’accomplir ici mon destin. Il est difficile de ne pas en éprouver un sentiment extrêmement positif.
Excellence, merci pour la diligence et bonne suite de mission.
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