Togo - On ne le dira jamais assez. La population d’Adakpamé, un quartier périphérique situé à l’Est de Lomé, vit une situation assez particulière depuis quelques années. Après chaque tombée de pluie, elle est obligée de se déplacer pour se mettre à l’abri des inondations. Cette année encore, en plus des eaux de pluie, la population a reçu la visite du fleuve Zio qui, dans sa crue, a envahi tout le quartier.
Quelques semaines après la décrue du fleuve, les séquelles sont encore là, très visibles et causent de sérieux préjudices à la population qui cherche du secours (voir la photo ci-contre).
Dans le quartier, le sol est encore très humide. A certains endroits, on peut voir l’eau sortir du sol, ce qui crée un autre souci pour les riverains obligés de creuser des canaux de fortune pour évacuer le trop d’eau qui inonde parfois les maisons.
« Rentrez dans la maison, vous ferez vous-mêmes le constat ! », nous lance un monsieur qui a fait un trou dans la clôture de sa maison pour pouvoir évacuer l’eau. Et là, le constat a été vraiment insupportable.
Il n’y a pas d’endroit dans la maison où on peut passer sans mettre les pieds dans l’eau. C’est le sol même qui fait sortir le trop plein d’eau qu’il ne peut plus absorber. Il a creusé un canal dont l’exutoire donne sur la devanture de la maison, à travers le trou dans le mur.
« Nous vivons cet enfer depuis le début du mois, lorsque le fleuve a connu la crue. Nous avons dû envoyer nos enfants chez les membres de notre famille. Je vis actuellement ici avec ma femme. C’est notre propre maison. On ne peut pas l’abandonner. Dans les chambres, c’est l’humidité, il y a des traces sur le ciment. On a l’impression que d’un jour ou l’autre les chambres aussi seront inondées », ajoute le monsieur qui n’a pas voulu qu’on dévoile son identité.
Tout le quartier présente l’image d’un endroit visité par un tsunami. Le hic, c’est que la population craint un risque d’épidémie de choléra. L’année dernière, c’est de ce quartier qu’est partie cette épidémie qui a fait des victimes. En plus du sol humide et boueux, on trouve des ordures et autres déchets qui dégagent une odeur pestilentielle.
Cette odeur embaume tout le quartier et créent une véritable situation de pollution atmosphérique. « Même dans nos chambres, nous ne sommes pas épargnés. Les odeurs nous reviennent avec une certaine intensité. On est souvent obligé d’asperger la chambre avec des déodorants ou des insecticides », indique Koami, électricien-auto.
Ce dernier se voit obligé de fermer son atelier, puisqu’il lui est désormais difficile d’y avoir accès. Il lui faut un temps fou pour dégager les immondices qu’ont laissé les inondations. « Je suis obligé d’aller travailler pour le moment chez un ami à Bè-Kpota », dit-il.
Il faut signaler aussi que les moustiques abondent dans le quartier. « Et c’est normal, puisque tout ce que vous voyez là constitue les nids des moustiques. Il nous revient, nous les riverains, de prendre les précautions pour ne pas en être victimes ».
Devant ce spectacle désolant, certains riverains étalent leur manque de civisme en déféquant dans les eaux et n’importe où dans le quartier. Une situation qui met en colère certains.
Cette situation amène à se demander comment des populations doivent toujours tout attendre de l’Etat. Elles pourraient s’organiser entre elles pour enlever au moins les ordures dans le quartier et rendre les lieux propres. Si on prend par exemple une population de mille habitants, si chacun cotise 1000 FCFA, cela fait 1 000 000 FCFA. Avec cet argent, on peut faire beaucoup de choses dans le quartier.
C’est le lieu aussi d’interpeller ces responsables des Comités de Développement de Quartier (CDQ) qui ne sont là que de nom. Ils n’attendent que les petites cotisations des populations pour se mettre plein les poches. Il n’y a pas de véritable projet ou de politique de développement des quartiers.
Le gouvernement a également sa part dans cette situation qui pénalise nos populations. Son laxisme est un véritable frein pour le développement. On se demande parfois où vont nos taxes et que font les maires.
Il arrive même des situations où parfois c’est l’Etat qui est là pour saboter les initiatives des populations, car voulant tout le temps tout récupérer à des fins politiques, semant ainsi la division entre des gens qui, au départ, ont su développer une bonne synergie pour leur bien commun.