Par ces temps qui courent elles sont de plus en plus nombreuses les blessées de guerre, ces jeunes dames qui ayant fait accidentellement un enfant dans l’adolescence, ne se trouvent pas dans un foyer avec un homme.
Ceux que les Loméens appellent affectueusement « blessées de guerre » ont du mal à se taper un nouveau mari.
Alertes et prestes à l’adolescence mais sans éducation sexuelle, certaines filles deviennent vite maman à l’orée de l’adolescence. Un tour dans une formation sanitaire de la capitale donne une proportion de 4/10 des filles de moins de 20 ans qui viennent en consultation prénatales et qui n’ont pas de mari.
Au demeurant, ces filles sont souvent mises grosses par des camarades de classe, des grotos ou des apprentis, bref tout, sauf non par des hommes qui sont prêts ou qui ont envie de fonder un foyer avec elles. Le plus souvent, les jeunes dames restent dans la maison paternelle et donnent naissance à l’enfant. Soit elles reprennent pour certaines les chemins de l’école mais la quasi-totalité de celles-ci se déversent dans le petit commerce ou dans la coiffure, l’esthétique, la couture et autres.
Le temps passe très vite, elles arrivent à un âge relativement avancé et pensent à fonder un foyer avec l’homme de leur vie. C’est là que les problèmes surgissent. Si pour certaines il n’y a pas trop de difficultés, beaucoup de jeunes dames reconnaissent qu’il est difficile par ces temps qui courent de se taper un mari à Lomé avec un enfant sous les bras.
« Je vous assure que les hommes ne font rien de sérieux avec nous qui avons déjà un enfant. Ils abusent de votre intimité et parfois de votre sous et c’est fini après vous les voyez prendre des jeunes filles sans enfants alors que vous avez placé toute votre confiance en eux », a confié Natalie une célibataire avec un enfant de 5 ans rencontrée à la plage de Lomé. Selon cette propriétaire d’un salon de coiffure à Lomé, c’est en classe terminale qu’elle a eu son enfant d’un professeur marié qui n’a pas voulu l’épouser en secondes noces.
Pour Nadège le témoignage est analogue. « Des copains sans vision concrète de la relation. Pas de promesse même hypocrite de mariage dans le futur. Moi, mon ex a eu même le culot de me dire qu’il n’épousera pas une fille qui a déjà un enfant », a confié déprimée Nadège une étudiante en master en sociologie de la communication à l’Université de Lomé. Elle se dit confiante en l’avenir car selon elle, elle sera plus attrayante avec un boulot à la main en plus de l’enfant.
Les raisons évoquées pour la réticence des hommes à épouser une « blessée de guerre » sont multiples. « Quel sera le devenir de l’enfant ? Le moment de partage des étages aussi arrivera, puis vais-je prendre soins et de la maman et de l’enfant ?», s’est interrogé Christophe un conducteur de Taxi moto.
Heureusement il y a des hommes qui ne trouvent pas d’inconvénient à épouser des femmes qui ont déjà un enfant comme Sénan, vendeur de cartes de recharge à l’université de Lomé. Selon lui, il est préférable pour lui d’épouser une blessée de guerre qui a bon caractère qu’une jeune dame à caractère difficile.