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(RDC, Bénin, Togo, Burkina Faso) : Démocratie et élections, ces «fous de Dieu» qui défient dictateurs et mal élus
Publié le dimanche 2 novembre 2014  |  afrika express


© aLome.com par Parfait
Mgr BARRIGAH: "Vous pouvez tout faire, je ne dirai rien pour l`instant".


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Antoine Ganyè. L’évocation de son seul nom donne de l’insomnie à Yayi Boni. Très vite, l’Archevêque de Cotonou que le Pape tarde à remplacer malgré sa limite d’âge et sa démission, est apparu comme l’ennemi numéro 1 contre la révision constitutionnelle et les dérives autoritaires du président béninois. Au point où, comme dans une blague, le chef de l’Etat confie à l’un de ses ministres proche du prélat, « il ira bientôt à la retraite et je vais enfin me reposer un peu« . Mais le Saint Siège ne s’empresse pas de le remplacer alors que Michaël Blum, Nonce apostolique jusqu’en 2013 avait mis en garde la hiérarchie. « Le président vous a promis de quitter le pouvoir en 2016, mais rien n’est certain dans la politique africaine, Mgr Gnayè peut être une voie (voix ???) de pression…« . Cet échange entre l’ancien Pape, Benoît XVI et son ambassadeur a laissé des traces. Le pape François ne bouscule pas le locataire de la « Curie cotonoise ».

Dans l’affaire Talon, sulfureuse épopée d’empoisonnement présumé qui a opposé l’homme d’affaire Patrice Talon à Yayi Boni et qui a enflammé les débats au Bénin pendant une année, la Conférence épiscopale dont ledit Archevêque est le président a dénoncé un « acharnement » et appelé à la raison et au débat utile. Riposte immédiate du chef de l’Etat dans une violente lettre ouverte adressée aux Évêques, ce qui n’a pas découragé l’épiscopat. Le comble, comme s’il n’y a pas de comble sans ironie, c’est que lors des pèlerinages mariaux annuels de Dassa (Centre du Bénin), en Août 2014, le chef de l’Etat a remis la plus haute décoration de l’ordre du Bénin au prélat dont la réponse n’a pas manqué d’ironie.

« Je pense que cette décoration vient soutenir mon engagement. Cela suppose que ce que je fais est bien. Et si ce que je fais est bien, je continue… » propos malicieusement applaudis par le chef de l’Etat qui clame son envie de quitter le pouvoir à la fin de son mandat, promesse dont doute une grande partie de son peuple, eu égard à ses multiples manœuvres. Mais celui qui aurait marqué tous les esprits par ses prises de position sans ambiguïtés sur son pays, c’est le Cardinal Monsengwo, on l’appellera "le Pape bantou".



Laurent Monsengwo : « Dieu n’aime pas les dictateurs », moi-non-plus

50 ans de sacerdoce, ça se fête. Mais sa messe anniversaire a vite tourné à un meeting politique. Réunis au Sanctuaire du Centre Lindonge de Limete pour fêter avec leur Cardinal, les Congolais n’en croient pas leurs oreilles. « Dieu n’aime pas les dictateurs » s’époumone le prélat. « Nous devons avoir le courage de respecter le mandat prescrit par les autres, car Dieu n’aime pas les dictateurs », a insisté le Cardinal Monsengwo. La foule applaudit, sous le regard ébahi des dizaines d’agents secrets envoyés par le pouvoir de Kinshasa pour le suivre de près.

Cet homme de Dieu de 75 ans a vite émergé comme l’un des principaux opposants au régime dans la foulée avant de s’imposer lors de la présidentielle de 2011 quand il a publiquement dénoncé « des fraudes massives, des achats de voix et de conscience« . Kabila s’emporte et demande à un puissant Pasteur de l’Église du Christ au Congo qu’il fréquente d’intervenir pour obtenir que certains Evêques se désolidarisent du Cardinal. Peine perdue. Le 12 Janvier 2012, la Conférence épiscopale, en marge d’une assemblée plénière de trois jours apporte son soutien « total » au Cardinal et appelle les Congolais « à la vigilance et à la mobilisation…«Appel qualifié de « troublant » par le régime dont les médias s’attaquent ouvertement à un prélat qui n’en démord pas.

«Je n’aurai pas peur d’annoncer l’Évangile. Je n’aurai pas peur de dénoncer, bien qu’en des termes courtois, mais des termes fermes, suffisamment clairs. » avait lancé en novembre 2010 Mgr Monsengwo dont le courage a été couronné sinon soutenu par l’élévation au Cardinalat, quelques jours plus tard par Benoit XVI. Quand il n’en pouvait plus, à la fin de l’année 2011, le président congolais alerte deux de ses amis parmi les Evêques et exprime au Nonce apostolique Mgr Adolfo Tito Yllana ses inquiétudes face "aux dérives du Cardinal". Quelques jours plus tard, quand Benoît XVI le rappelle en décembre pour Rome, plusieurs journaux proches du pouvoir ont annoncé « une sanction et un rappel à l’ordre « . C’est sans connaître le Souverain pontife allemand qui n’évoquera même pas le sujet avec son épiscope qu’il nomme aussitôt au Conseil pontifical de la culture et de la communication.

Une promotion inattendue. Les consignes sont données pour que Radio Vatican, très suivie au Congo et jusque-là « prudente » relaye abondamment les propos du « Pape Bantou ».

Le Cardinal doit ce qu’il est devenu à son parcours exceptionnel. Au début des années 1990, alors simple Evêque de Kisangani et non encore Archevêque, il dirigera la conférence nationale et présidera même le parlement de transition.

C’est en ce moment que commencent ses déboires avec le pouvoir central. Mobutu le trouve» récalcitrant », « il veut faire le job à la place des opposants » avait dénoncé le «Léopard» pendant la conférence nationale et Kabila-Père, qui prendra le pouvoir plus tard, le qualifie de «malveillant Apôtre du Christ ». Et quand, en 2011, il boycottera les manifestations du 10e anniversaire de la mort de Laurent Désiré Kabila, père de l’actuel président de la République, Joseph y voit « une rancune tenace« . «Faux, c’est juste par mesure de sécurité » répond un prêtre de l’Archevêché contacté par Afrika Express. Laurent Désiré Kabila avait confisqué plusieurs fois en un an le passeport de l’Evêque et aurait envisagé quelques semaines avant sa mort de l’assassiner.

Le plus grand engagement de l’Évêque ces temps-ci, est contre la révision de la constitution qui assurerait un troisième mandat à Kabila. Sa lettre, publiée en septembre dernier depuis Rome et par l’intermédiaire de la conférence épiscopale, a semé la panique dans le camp présidentiel qui tient tout de même quelques Évêques notamment de l’Est du pays. Mais la force du Cardinal, ce sont les 28 millions de Catholiques que compte le pays. Une niche électorale importante qui, éduquée par les écoles missionnaires, constitue un réseau important de lobbying et d’influence. Et ça, Kabila ne le perd jamais de vue. Il sait aussi que le Cardinal compte parmi les plus influents du Vatican et est membre du Conseil spécial de huit cardinaux, gouvernement restreint du Pape François qui le dit « intelligent et déterminé pour la cause de l’homme, des hommes« , un soutien à peine voilé que fustige à Kinshasa, le camp présidentiel.

Le Cardinal a mis une partie de sa modeste fortune dans l’élection présidentielle de 2011 et l’Eglise catholique a déployé le plus grand nombre d’observateurs, ce qui a permis aux Évêques d’avoir une lecture juste de la situation. Mgr Monsengwo l’a déjà fait savoir, il «n’acceptera pas la révision constitutionnelle » et tout catholique qui « soutient une initiative contre le peuple de Dieu s’éloigne de sa volonté » avait-il mis en garde l’été dernier à Kinshasa. Son combat constitue un soutien fort et un poids moral immense pour l’opposition congolaise et à ceux qui l’accusent de vouloir être président de la République, sa réponse date de plusieurs années déjà, « mon pouvoir d’Evêque est mille fois supérieur au pouvoir politique». Voilà qui dit tout.

Au Bénin comme au Congo…


Août 2013. Une guerre est ouverte, sinon presque, entre les Evêques du Bénin et le Chef de l’Etat. La Conférence épiscopale ayant, dans un courrier daté du 15 août, à l’occasion de l’Assomption, regretté qu’une affaire « ait pu occuper le débat politique au détriment des urgences républicaines…« . Et réponse du berger à la bergère dès le lendemain, Yayi Boni pond une longue épître. Il rappelle les Évêques à l’ordre et s’enflamme à travers un courrier sobrement cohérent. Il saisit aussitôt la Nonciature apostolique qui ne tarde pas à répondre».

Les Evêques peuvent, en qualité de pasteurs, si les circonstances l’exigent, prendre la parole sur tous les sujets qui concernent les chrétiens et les hommes de bonne volonté, bref, le peuple« . Une douche froide que le président n’a pas supportée mais qui a fini par le refroidir. Quelques jours plus tard, rebelote ! Dans un courrier explicatif, les Evêques détaillent leur démarche et finissent avec une note de fausse humilité, Saint Paul a écrit : « Nous sommes sans pouvoir contre la vérité, nous n’avons de puissance que pour la vérité » (2 Co 13,8). Depuis, la conférence des Evêques ne manque aucune occasion de prendre position, quelques mois plus tard, elle s’opposera ouvertement « à toute révision de la constitution. Ni le moment, ni les raisons évoquées ne justifient un tel acte » ont-ils écrit avant d’en rappeler à la conscience de ceux qui dirigent. Le lendemain, Yayi Boni s’invite dans une église catholique, avec son épouse pour rassurer sur son intention de « quitter le pouvoir en 2016″.
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