Dans une interview qu’il a accordée à nos confrères du site « Africa Express », l’ancien Premier Ministre togolais, Agbéyomé Kodjo s’est prononcé sur l’actualité politique du Togo. Le président de l’organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS) est revenu sur la question de la candidature unique de l’opposition, la nécessité des réformes politiques, la séparation avec le CST et la gestion de Faure Gnassingbé.
Gabriel Agbéyomé Kodjo n’a pas raté la désignation de Jean-Pierre Fabre comme candidat unique d’une partie de l’opposition pour la prochaine élection présidentielle à l’issue du conclave du CST et de la Coalition Arc-en-ciel. Le 18 octobre dernier, sa formation politique avait interpellé les participationnistes au conclave CST/Arc-En-Ciel sur la nécessité d’avoir un programme commun de gouvernement avant de songer à celui qui peut décliner le programme. Mais visiblement, il n’a pas été entendu et Agbéyomé Kodjo pense que le choix de M. Fabre par le Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015) s’apparente au fait de mettre la charrue avant les bœufs.
« Dans le cas particulier du Togo où toutes les ambitions s’expriment et s’arc-boutent fermement sur une pléthore de candidatures au scrutin présidentiel de 2015, je rappelle que le mode de scrutin est à un tour ; les prétendants à la candidature, issus des rangs de l’opposition politique n’ont pas d’autre choix que celui de l’union sacrée de toutes les forces de l’alternance politique qui prendra appui sur un programme commun de gouvernement crédible, chiffré et sérieux et sur un homme. Aucune auto-proclamation ne peut valablement prospérer, à moins que d’aucuns aient fait le choix de délibérément conduire le peuple à la défaite », déclara M. Kodjo.
Sur la question des réformes, l’ancien Président de l’Assemblée nationale avance que les réformes constitutionnelles et institutionnelles actées depuis le 20 août 2006 dans le cadre du processus de réconciliation nationale et qui ont été soumises aux travaux et vote du Parlement par le Gouvernement doivent être reprise.
« La substance de leur ensemble m’a paru porteuse d’une quête de modernité institutionnelle associée à un souci d’équilibre politique. Ce bloc de réformes sied à tout modèle de démocratie en construction », a-t-il dit.
Le président d’OBUTS ne souhaite pas alimenté de polémique sur la question de la CENI. Il pense que l’impartialité et la vérité des urnes, doivent être les seuls objectifs de ces deux institutions, pour la justice, la paix et le progrès de la nation. Toutefois, il dénonce les manœuvres politiciennes qui ont privé OBUTS de pouvoir bénéficier d’une place au sein de la CENI en comparaison au poids politique de certains membres coptés dans cette structure chargée de l’administration électorale.
Obuts va-t-elle soutenir le candidat du pouvoir lors de l’élection présidentielle de 2015 ? Agbéyomé Kodjo précise que cette question ne pourra être tranchée que par la Convention d’investiture de son parti en début Décembre. Et là, si rien de sérieux n’est fait dans l’opposition, « OBUTS se verrait contrainte de trouver en son sein un candidat en capacité d’affronter le suffrage populaire pour briguer la conduite du pays ».
Quant à la gestion de Faure Gnassingbé, M. Kodjo salue des progrès significatifs en matière d’infrastructures, précisément dans le domaine routier, dans le domaine aéroportuaire ainsi que dans le domaine portuaire sans oublier en termes de performances économiques les perspectives de développement et de croissance élevée qui se dessinent pour l’avenir de la nation.
Ainsi, il préconise la mise en place d’un Office des Routes pour l’entretien routier sur toute l’étendue du territoire national et de remédier à tout défaut de maintenance régulière des infrastructures routières.
« Incontestablement, il y a une meilleure visibilité dans la direction de gouvernance du pays. Cependant, [son] talon d’Achille, reste les reformes non engagées et l’asymétrie entre les riches et les pauvres au cours de la dernière décennie. Des efforts restent à faire pour que les plus humbles parmi nous profitent de la croissance économique », conclut le leader d’OBUTS.