Togo - Le 22 mai 2012, Faure Gnassingbé, en présence de tout le gouvernement, inaugurait à Lomé le « West African Cable System » (WACS) qui est une station de câble sous-marin. Pour le Directeur général de Togotélécom à l’époque, Sam Bikassam, le Togo est relié pour la première fois de son histoire à un très haut débit et en direct au réseau internet global.
« La disponibilité d’une bande passante large et rapide influe sur les coûts de l’opérateur et, par conséquent, du client. L’Internet et le téléphone seront plus accessibles pour les Togolais », déclarait le Directeur Général de Togotélécom, Baoubadji Sam Bikassam.
Avec un investissement évalué à 650 millions de dollars, Togo Télécom espère propulser définitivement par ce projet le Togo dans le monde de l’Internet et du multimédia. Mais plus de deux (02) ans après, les Togolais continuent de souffrir de la connexion internet qui devient une denrée rare dans le pays.
Malgré cet investissement, la situation dans les entreprises et sociétés au Togo est plus que déplorable, surtout lorsqu’il s’agit de recourir à cet outil très indispensable dans le développement des affaires aujourd’hui.
Quelques constats faits à Lomé la semaine dernière
Une longue file d’attente de clients face aux guichets, les mines renfrognées dans une banque de la place. Dans cette circonstance, on assiste un concert de jurons ici et là. Même décor dans une structure de microfinance.
Pour un retrait ou un dépôt, l’attente est insupportable. « Je suis venu très tôt pour être servi (09h déjà, NDLR), mais on me dit toujours d’attendre parce que la connexion est très faible. C’est la deuxième fois que je me déplace pour cette opération durant cette semaine », fustige un client de la banque en question.
Et au chef d’agence, obligé de supporter ces jurons et murmures, de revenir auprès des clients chaque 5 minutes pour s’excuser des désagréments. « Nous ne sommes pas responsables de cette situation qui vous fait perdre votre temps. Vous êtes nos clients et privilégiés. Nous avons beaucoup de respect pour vous. C’est la faute à notre fournisseur d’internet. Nous vous présentons nos excuses. Nous sommes à l’œuvre pour régler au plus vite ce problème », a-t-il dit, visiblement impuissant.
Les cybercafés ne sont pas du reste. C’est la même désolation. Et selon un responsable, c’est un manque à gagner. « Depuis le matin, les internautes n’arrivent pas à surfer à cause de la mauvaise qualité de la connexion. Je renvoie d’autres par honnêteté, parce que même si je leur vends les heures sans qu’ils ne soient en mesure de les utiliser, demain ils ne reviendront plus. Ce sont des clients que nous perdons comme ça et cela nous conduit indubitablement vers la faillite », regrette Flavien, gérant d’un cybercafé.
L’internet, toujours une denrée rare au Togo
L’internet aujourd’hui est indispensable pour le développement économique d’un pays. Aucun secteur de développement n’est épargné. Tout pays doit doter à cet effet ses citoyens d’une bonne connexion internet en vue de lui assurer une meilleure production.
C’est un secret de Polichinelle que la situation financière de Togotélécom est plutôt chaotique aujourd’hui. Plus de 6 milliards F CFA de dettes vis-à-vis des impôts, environ 9 milliards auprès des banques, tous les dépôts à terme vidés, des centaines de factures à payer, des employés sans salaires, selon les informations.
Comment cette société d’Etat est arrivée là, avec autant d’ennuis financiers ? Dans ce cas, est-elle encore en mesure de fournir un service de qualité à ses clients ? La défectuosité de la connexion au Togo est-elle liée à ces ennuis financiers ? Autant de questions qui méritent des réponses de la part des distributeurs d’internet.
Certaines informations font état de ce que la société Togotélécom est en proie à un sous-équipement de matériels logistiques adéquats. Qu’est devenu le câble sous-marin qui a nécessité l’investissement des milliards de nos francs ? Aujourd’hui, le projet n’a pas abouti pour des difficultés de déploiement de la fibre, faute de matériels. A qui alors la faute ?
Avec la connexion au ralenti, les banques, les microfinances, les cybercafés, même les opérateurs économiques qui utilisent aujourd’hui l’internet pour «marchander » en ligne sont très touchés. En plus de la cherté de la connexion avec un débit « faible », ils devront se contenter de sa mauvaise qualité.
Il revient aux organisations de défense des droits des consommateurs et bien d’autres de tirer la sonnette d’alarme sur cette situation qui prive les abonnés d’une connexion internet de bonne qualité.
Une obligation de résultat s’impose.
Une facture impayée entraine automatiquement la coupure de votre connexion. De toute façon, les connexions sont dans l’ensemble prépayées. Que vous ayez après ou non d’internet, n’est pas leur problème.
Il est inadmissible de se contenter de service aussi déficient. Pour ce mois de novembre, la connexion de 15 400 FCFA est passée à 23 600 FCFA, avec à la clé la même défectuosité du service.
Une obligation de résultat s’impose désormais avec de tels prix aux fournisseurs d’internet. De son côté, l’association togolaise des consommateurs doit aussi faire son travail afin de permettre aux Togolais de recourir à la justice pour réclamer leurs droits face à ce qui apparaît désormais comme ‘’de la cotisation collective’’ pour rien.