A Ouagadougou, c’est toujours la confusion qui règne, alors que les tractations vont bon train en vu de la formation d’un gouvernement de transition. Mais en dehors de la capitale, le pays semble comme figé. Au fil de son voyage vers Ouagadougou, notre envoyé spécial a été le témoin d’une économie qui tourne au ralenti.
Aucun soldat ni policier n’est armé au poste frontière de Cinkassé. Pas de chicanes non plus, et en guise de barrière, une fragile chaîne et deux bancs de bois renversés. Les voitures filent tout au long des 300 kilomètres d’asphalte qui mènent à Ouagadougou. Pas de check-point, pas même à l’entrée de la capitale.
La période trouble que traverse le pays n’est pas invisible, ni sans conséquence pour autant. Par exemple, pour l’essence, il faut tenter plusieurs fois sa chance. A Tenkodogo, une bourgade plein sud, certaines stations-service sont à sec, et des pompistes mettent en garde : « bientôt Ouagadougou pourrait être affectée. »
Pas encore l'asphyxie
Les frontières terrestres, bien mal gardées, sont fermées depuis vendredi. Pas moins de cinq cents poids lourds sont immobilisés pare-choc contre pare-choc, côté Togo, sur une dizaine de kilomètres, au poste de Cinkassé. Dans les containers, des matériaux de construction, des produits alimentaires, des équipements agricoles.
Il serait bien sûr tout à fait excessif de parler d’asphyxie mais l’économie du Burkina Faso risque néanmoins d’être fragilisée par une possible reconduite de la fermeture des frontières. Or, le Burkina Faso est un pays pauvre et enclavé.