Les actifs de la finance islamique pourraient représenter 3 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale d'ici 2020 contre 1800 milliards de dollars actuellement, selon des chiffres présentés lors de la 10ème édition du forum mondial sur cette finance alternative tenu fin octobre à Dubaï aux Émirats Arabes Unis.
Placé sous le thème « partenariat innovant pour une croissance économique », ce forum a été marqué par la participation de 2500 personnes, un signe évident de l'intérêt que la finance islamique suscite.
Parmi les participants figuraient notamment des banquiers, des hommes d'affaires, des experts, des chefs d'entreprises, des investisseurs venus de pays musulmans évidemment, mais aussi des quatre coins du monde. Car il s'agit de faire des affaires avec des pays musulmans, mais aussi avec les communautés musulmanes dans le monde, de promouvoir les échanges et les partenariats d'affaires entre musulmans et non-musulmans. Nombre d'investisseurs sont aussi aujourd’hui séduits par les principes de la finance islamique et voient en elle une finance socialement plus responsable et un peu plus équitable que la finance conventionnelle par les principes sur lesquelles elle repose.
La finance islamique s'appuie sur des dispositifs juridiques qui permettent de faire des affaires tout en respectant les règles de l'islam. Elle repose sur cinq piliers. Deux obligations: le partage équitable des pertes comme des profits pour tous les participants, et des investissements qui portent sur l'économie réelle, concrète tangible. Deux obligations donc, et trois interdits : la spéculation, les intérêts, et les affaires dans des secteurs illicites, par exemple l'alcool, le tabac, les paris.
Le produit de la finance islamique le plus répandu est le sukuk. Il s’agit d’un prêt qui doit obligatoirement financer un actif tangible, un immeuble, un projet d'autoroute, de voie ferroviaire, idéal évidemment pour financer des projets d'infrastructures, et permet aussi de diversifier les financements. D’où l'intérêt croissant de certains pays africains. L’Afrique du Sud vient d'émettre un sukuk pour 500 millions de dollars, le Sénégal et la Gambie en ont émis en francs CFA. Les marchés internationaux aussi émettent des obligations sous forme de sukuks, le Royaume-Uni et le Luxembourg notamment. Les sukuks constituent une solution idéale pour diversifier ses investissements, que l'on soit un entrepreneur ou un établissement financier.
Autre facteur qui devrait contribuer à l’essor de la finance halal: les nouvelles normes internationales de régulation bancaire baptisées Bâle 3 ont établi que les banques devaient avoir dans leurs caisses un seuil minimum de liquidité pour faire face à une crise financière éventuelle. Ces normes immobilisent des sommes importantes, d'où les problèmes de liquidité auxquels les Etats sont confrontés aujourd’hui. La finance islamique, par le biais des sukuks, est aujourd’hui une excellente alternative à ces problèmes de liquidités.