Le site officiel de la République togolaise nous apprend que le Chef de l’Etat du Togo a fait un voyage éclair mercredi à Oyo, le village natal de Denis Sassou N’Guesso où il se serait entretenu avec ce dernier.
Aux dires de republicoftogo.com, l’entretien entre les deux hommes aurait porté sur les moyens les plus efficaces pour contrer le virus Ebola, ainsi que les relations bilatérales et leur renforcement en plus de la situation en Afrique (Burkina, Centrafrique, Mali, Soudan du Sud etc).
Qui croit à un tel objet de discussions entre deux Présidents qui sont actuellement pourchassés par la Communauté Internationale afin qu’ils limitent les mandats présidentiels dans leurs pays respectifs ?
Il est clair que c’est du baratin.Si le Prince du Togo est autant préoccupé par le virus Ebola pourquoi ne va-t-il pas chez John Mahamad au Ghana pour en discuter étant entendu que ce dernier est le Président en exercice de la CEDEAO dont certains pays sont victimes du virus en question ?
Pourquoi n’approche-t-il pas ses collègues de la sous-région qui sont tous issus des élections libres, transparentes et équitables et c’est au Congo Brazzaville qui se trouve à mille lieues du Togo qu’il va parler d’Ebola ?
Faure Gnassingbé est en train de chercher désespérément une panacée pour son régime qui subit les secousses de l’Harmattan du Sahel qui vient d’emporter son mentor Blaise Compaoré. C’est une évidence.
Nous avions écrit dans notre précédent article intitulé « Complicité de tant de mois en un jour brutalement perdue » que le Président du Togo s’était lié d’amitié et d’affinité avec Fo Blaise pour recevoir de ce dernier, les recettes des dribbles et du cynisme politiques qui ont permis à ce dernier de s’accrocher au pouvoir pendant 27 ans.
A peine nous avons fini de publier cet article que l’on nous apprend que notre Prince Bien-aimé a de nouveau voltigé vers le Congo Brazzaville, chez un autre dinosaure qui fait près de 20 ans pouvoir.
Comment un analyste avisé pourrait se passer de faire lien entre ce voyage de Faure Gnassingbé et les pressions actuelles que son régime subies pour faire des réformes politiques qui devront réparer les torts causés par son défunt père, notamment en ce qui concerne le tripatouillage de la Constitution dont il tente lâchement de profiter pour s’éterniser au pouvoir aujourd’hui ?
Ayant donc brutalement perdu un mentor dans sa sous-région, et se retrouvant devant cet imbroglio de faire ou de résister aux réformes politiques, Faure Gnassingbé a choisi de demander conseils. Mais chez qui ?
Un autre cas atypique qui subit les mêmes critiques dans le même contexte. C’est dire en clair que le Président du Togo est en train de faire fausse route.
Et pourtant, la solution est toute simple et même à portée de main.
Il aurait suffi que Faure Gnassingbé suive les débats et interviews de cette dernière semaine sur des médias comme RFI, BBC, France 24 etc. pour comprendre que « la limitation de mandat présidentiel à deux est désormais une valeur nationale que personne au Burkina Faso ne saurait encore oser remettre en cause ».
Il faut le dire. Tous les Présidents gloutons qui se sont laissés prendre dans la nasse de la boulimie du pouvoir ont chaud, très chaud depuis que Fo Blaise a été humilié puis chassé du pouvoir comme un vulgaire garçon de rue.
Ils ont tellement chaud que Faure Gnassingbé qui est le plus concerné du fait d’une part, de sa proximité géographique avec le Burkina mais aussi de la longévité record du régime qu’il incarne (50 ans), est bien obligé de courir dans tous les sens pour trouver un antidote contre la menace évidente qui plane sur sa tête.
Plutôt que de parler du virus Ebola avec N’Guesso, Faure Gnassingbé se doit de parler de lui-même en tant qu’Ebola aux yeux de l’écrasante majorité du peuple togolais.
C’est d’ailleurs l’un des slogans qui étaient utilisés contre Fo Blaise par les manifestants qui ont fini par le mettre hors d’état de nuire au Burkina.
Alors le Chef de l’Etat du Togo veut-il se confirmer dans ce statut d’Ebola pour les togolais ou veut-il se guérir de ce mal viscéral en se cherchant une porte de sortie honorable ?
C’est à lui et à lui seul de répondre à cette question.
Tout compte fait, tout le peuple togolais a bien compris aujourd’hui qu’à partir de ce qui est arrivé au Burkina Faso, il possède bien une force indéniable qu’il peut exploiter à tout moment contre le fils du père si ce dernier persiste à vouloir étendre indéfiniment sa boulimie du pouvoir.
Il faudrait bien souffrir d’une cécité politique incurable pour ne pas s’en rendre compte. Le vent qui a commencé à souffler depuis le Sahel ne peut jamais s’arrêter en ci-bon chemin.
Jamais de l’histoire de la géographie qui nous a toujours été enseignée, l’Harmattant n’a changé de direction. Il souffle toujours du nord jusqu’au bout du sud.
Que ceux qui ont des oreilles entendent et donnent des conseils avisés à notre cher Prince.
La voie de la gloire et du Salut lui est encore ouverte s’il se donne l’audace et le courage de l’emprunter.
Autrement, s’il tente encore le forcing sous le prétexte fallacieux que la Constitution que son père défunt à lâchement tripatouillé en 2002 lui permet de briguer un quelconque troisième mandat, l’humiliation qui lui sera réservée va légitimement dépasser celle que vient de subir Fo Blaise. Une telle conclusion relève simplement du bon sens et de la raison.