Togo - Revirement et recadrage à l’Alliance de Dahuku Péré. La semaine dernière, David Ourna Gnanta, membre du bureau de ce parti, a évoqué la necessité de reporter le scrutin des législatives 2013 à une date ultérieure. Une semaine plus tard, le conseiller du parti aux affaires extérieures, Moustapha Geraldo relativise : même à l’absence d’un dialogue et compte tenu du contexte, l’ALLIANCE ira aux législatives !
Vous être conseiller aux affaires extérieures du parti Alliance. Votre parti a déclaré la semaine dernière que vous ne déposerez pas de candidature suivant l’appel à candidature de la CENI à cause du non-respect du code électoral. Aujourd’hui que le gouvernement a convoqué le corps électoral, allez-vous vous conformer à la nouvelle donne ?
Vous savez, nous sommes un parti légaliste. Et nous n’avons que demandé la conformité à la légalité. Du moment où le corps électoral n’est pas convoqué, nous ne connaissions pas à l’époque la date des élections, on ne pouvait pas nous demander de déposer des dossiers de candidature. Maintenant, je pense que cela a été réglé et il n’y a pas de problème, nous allons nous apprêter. Nous allons nous apprêter, puisque de toutes les manières, nous avons dit que nous n’allons pas boycotter ces élections. La place d’un parti politique, c’est de répondre aux convocations électorales et de tout faire pour conquérir le pouvoir par tous les moyens légaux.
Mais répondre dans n’importe quelles conditions ?
Pas dans n’importe quelle conditions. C’est pour ça justement que nous avions demandé en son temps la conformité à la légalité constitutionnelle. Mais effectivement aussi, nous demandons encore au gouvernement de faire l’effort de reporter ces élections parce qu’il faut prendre quand même en compte les conditions climatiques au Togo. Le mois de juillet, le mois d’août, c’est connu au Togo, c’est la saison pluvieuse. Il y a des zones qui sont carrément inaccessibles. Comment voulez-vous convoquez des gens dans des zones où ils ne peuvent pas se rendre dans les centres de vote. Cela n’est pas possible. C’est ce que nous avons demandé au gouvernement de faire.
Donc vous maintenez votre appel au gouvernement de reporter les élections parce que le mois de juillet n’est pas propice ?
Nous réitérons cette adresse à l’endroit du gouvernement. Evidement, il est du devoir du gouvernement de prendre ses responsabilités. Le gouvernement, il gouverne et l’opposition s’oppose. Et donc, dans cette optique nous leur demandons de reporter les élections. Et nous espérons qu’ils vont entendre raison pour cela.
Vous aviez à l’époque ou en son temps demandé un dialogue inclusif. Est-ce que cet appel tient toujours ?
Cet appel tient toujours. Parce que nous avons toujours souhaité pour le Togo, pour notre chère patrie, des élections apaisées, des élections libres, transparentes, basées sur des règles que tout le monde connait, des règles transparentes à appliquer par tout le monde. Vous savez, en 2007, le Togo a été apprécié de partout dans le monde par la transparence, par la qualité des élections qui étaient organisées à l’époque. Certes il y a eu des recommandations pour toujours aller de l’avant, dans le sens d’améliorer ce qui a été fait, et aujourd’hui nous ne voulons pas des élections moins bonnes que celles qui se sont déroulées en 2007. C’est pour ça que nous avons demandé un dialogue inclusif pour que tous les acteurs politiques du Togo s’asseyent autour d’une table pour définir les règles selon lesquelles ces élections vont se dérouler.
Mais le gouvernement dit toujours qu’il a appelé plusieurs fois les partis comme le votre à discuter et qu’il n’est plus question de revenir sur la table des négociations. Comment comprenez-vous cela ?
Je disais tantôt que nous voulons aller aux élections. Des élections libres transparentes et apaisées pour le Togo. Nous demandons une nouvelle fois au gouvernement d’organiser une nouvelle fois un dialogue inclusif qui permettra à tous les acteurs politiques de s’asseoir pour définir les règles de jeu. Et je disais aussi que c’est au gouvernement de prendre ses responsabilités .Ils sont là pour gérer les affaires de la République. Si le gouvernement organise ce dialogue, nous y prendrons part. Mais si le gouvernement estime que pour le moment, il n’est plus question de dialoguer, nous irons tout de même aux élections parce qu’on attend beaucoup de cette assemblée nationale qui va naitre. Il faudrait que nous allions le plus rapidement possible à ces élections.
Cela dit, vous ne tenez pas rigueur à votre appel à un dialogue. Est-ce que ce n’est pas de l’incohérence ?
Ah non, pas du tout ! C’est un souhait. Vous savez, l’Alliance n’a jamais été de l’opposition radicale. On ne fait pas de l’opposition pour le plaisir de s’opposer. Quand le gouvernement mène de bonnes actions, nous les saluons, nous encourageons le gouvernement à faire mieux, mais quand aussi ce n’est pas bien, nous le dénonçons. Donc, nous avons souhaité qu’il y ait un dialogue nationale, je dis bien, c’est un souhait. Quitte maintenant au gouvernement de faire de ce souhait ce qu’il veut. Mais de toutes les manières, l’Alliance ne boycottera pas les élections 2013.
Il y a quelque chose que nous ne comprenons pas. Vous ne boycottez pas les élections. Vous voulez des élections transparentes. Même s’il n’y a pas de dialogue, vous irez à ces élections. Est-ce que aujourd’hui, vous pensez que toutes les conditions sont réunies pour que les élections prochaines soient transparentes et libres comme vous le voulez ?
Bon, certes, toutes les conditions ne sont pas réunies, mais je disais aussi que nous avons souhaité depuis 2007 beaucoup de réformes constitutionnelles, institutionnelles, je dirai même administratives, et il faut qu’on mette en place une assemblée nationale légitime pour légiférer sur tous ces aspects de la République. Nous pensons donc qu’il faut aller vraiment aux élections. Bon, les élections, elles sont ce qu’elles sont partout ailleurs. Nous espérons quand même que nous aurons un débat assez franc et honnête, parce que nous jouons beaucoup sur la franchise et sur l’honnêteté de tous les acteurs, pour qu’il y ait au moins un minimum de respect, un minimum de liberté de transparence requis pour ces élections.
Cela dit, vous participez plus à l’éclosion du parti au plan international. Est-ce que aujourd’hui, connaissant l’implantation de votre parti, vous êtes à même de nous dire que vous aurez cinq députés après les prochaines élections législatives ?
Mais pourquoi voulez-vous que nous n’ayons pas cinq députés à l’assemblée nationale ? Puisque déjà en 2007 nous en avions eu au moins huit députés, mais on nous a crédité de zéro siège. Nous en avons pris actes, mais au fuir du temps, les langues se sont déliées ! Et nous avons vraiment compris ce qui s’est passé. Non, je pense que si ces élections sont vraiment crédibles, transparentes et libres, l’Alliance s’en sortirait parce que nous avions quand même une bonne base. Il y a un travail de terrain, un travail de fond formidable qui a été fait. Nous évoluons sans beaucoup de tapage, mais nous évoluons sur le terrain. La vie d’un parti politique, c’est d’abord le terrain. C’est d’abord les militants à la base. Ce n’est pas les médias, c’est les militants à la base. Ce sont les militants qui font le parti politique. Et nous sommes convaincus de ces élections. Nous sommes convaincus que si elles sont réellement libres, l’Alliance s’en sortirait bien.
Vous venez de nous informer, vous avez eu huit sièges, mais ont vous a crédité de zéro, et vous n’avez même pas saisi la cour constitutionnelle.
Mais qui vous fait dire cela ? Nous avons porté des recours, et tout ça, ça a été rejeté. Vous savez comment les choses se passent dans notre pays. Ne me demandez pas plus. Vous êtes Togolais, je suis Togolais. En 2007, nous avons eu au moins huit sièges mais officiellement nous sommes sortis de cela avec zéro siège. Mais nous espérons, et nous pensons, nous sommes certain que en 2013, on verra la force réelle de l’Alliance sur le terrain.