« Personne ne peut danser du matin au soir sans jamais se reposer ».
Ces propos sont du Moro Naba, le roi des Mossi au Burkina Faso qui actait ainsi le départ de Blaise Compaoré du pouvoir. Pour le vieux, ce départ s’imposait de fait car la nature elle-même donne des limites à toute chose dans cet univers.
Voilà une leçon de sagesse qui se vit d’elle-même et que les hommes les plus avertis connaissent et appliquent naturellement. L’exercice du pouvoir est un travail qui use et exige de l’homme un déploiement complet de l’ensemble de ses facultés.
Qui dirige vraiment un pays avec un tel niveau d’engagement et de déploiement de soi, s’use et doit par lui-même comprendre que son rendement chute au fur et à mesure qu’il dure dans ce fauteuil.
Alors a-t-on besoin de dire à Faure Gnassingbé et à son équipe de rendre le planché après 38 ans de son père et 10 ans que lui-même est en train de finir à la tête du Togo ?
Combien l’on a honte quand on cite sur RFI et en des termes humiliants, le Togo parmi ces cas atypiques en Afrique où des hommes s’accrochent indéfiniment au pouvoir comme l’on le ferait à une Planche de Salut !
Jean-Baptiste Placca l’avait déjà dit un jour dans sa chronique : Tous ceux qui s’activent pour des troisièmes mandats et plus ne le font pas pour l’intérêt de leur peuple mais malheureusement pour leurs privilèges et la gloire qu’ils tirent lâchement de ce pouvoir.
Et à Zéphirin Diabré chef de file de l’opposition burkinabè d’ajouter que la longévité au pouvoir entraîne la culture de l’impunité et les violations des droits de l’homme.
Voilà des analyses pertinentes qui humilient et même ridiculisent ces Présidents africains qui font finalement la honte de leur peuple. Entendent-ils toutes ces analyses oui ou non ? Que font-ils vraiment de leur dignité ?
Comment des hommes d’Etats peuvent-ils tomber aussi bas au point de vouloir tout vendre jusqu’à leur âme juste pour les privilèges et les avantages matériels ?
L’on espère vivement que le Président du Togo qui a le privilège d’être jeune et d’avoir fait des études dans des pays à démocratie avancée, saura entendre raison et prendre la bonne option, celle du salut pour lui-même et pour l’ensemble des togolais.
Ce serait curieux que le Prince du Togo prenne le risque de ressembler à Yaya Djammeh de la Gambie, le charlatan-marabout qui constitue la seule exception en Afrique de l’Ouest où l’alternance fait encore partie des rêves utopiques.
Faure Gnassingbé est trop raffiné et trop lucide pour verser dans un tel travers qui va malheureusement entacher l’image de toute la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dont l’ensemble des pays membres ont déjà résolu ce problème d’alternance au pouvoir.